Nous ne cessons de recevoir des plaintes d'amateurs de civets qui n'ont pu assister samedi soir à Nabaz'mob, notre opéra pour 100 lapins communicants. Ceux qui ont eu la chance de voir de quoi il retourne nous envoient des témoignages de gratitude et non des moindres... Nous ne pouvons pas encore tout dévoiler, mais je vous livre aujourd'hui une exquise miniature reçue ce matin par la poste. Maguy Siegel, qui fut la monteuse de plusieurs films de Françoise, intitule le tableau que j'expose avec gourmandise dans la salle à manger "Petits ours jaloux des petits lapins". Miam !
Quant à l'écrivaine publique Dominique Giudicelli, "biographe familiale agréée", elle nous envoie un des rares clichés où Antoine et moi apparaissons sur la photo de famille avec toute la marmaille.


Ces délicates attentions soulagent mon fardeau. Ce devait être un billet léger. Hélas, les pensées sombres me rattrapent. Ceux qui se fichent du krach boursier parce qu'ils pensent ne rien avoir à perdre se trompent. Ce sont ceux qui n'ont rien qui vont en pâtir le plus. Les prix vont monter, le chômage s'amplifier, les fins de mois seront plus pénibles. Les autres s'empiffreront ou se serreront un peu la ceinture sur leurs à-valoir. La bourgeoisie joue à fais-moi peur, mais la Bourse n'est qu'une énorme machination des puissants pour piller les petits porteurs et se refaire une santé après avoir tiré sur la corde.
Ce soir, les facéties de nos petites bêtes ne me font pas rire. Peut-être parce que j'ai regardé un film triste, Boy A, de John Crowley, l'histoire d'un jeune Anglais qui essaie de refaire sa vie mais dont le passé le poursuit par l'entremise de la connerie humaine. Jacques Brel disait qu'il n'y a pas de gens méchants, mais seulement des imbéciles. Elsa me demande pourquoi il fut traité de boy-scout ? Je ne savais pas, mais c'est ainsi que les humanistes sont perçus, naïfs hypersensibles et volontaristes...