Tout le temps qu'a duré le happening Ciné-Romand, je suis resté coincé (pas que du dos) à La Bellevilloise et n'ai pu visiter aucun des onze appartements où les Anges emmenaient les visiteurs. J'ai entendu les témoignages des uns et des autres qui revenaient, repartaient, racontaient, s'émouvaient des situations inhabituelles que les idées folles de Françoise Romand avaient provoquées. Il y eut des rires et des larmes, des renversements de rôles, certains traversant le miroir et transgressant les règles comme il se doit, mais aucun accident ne fut à déplorer si ce n'est deux visiteuses ne supportant pas de briser le tabou de l'intimité et l'un des hôtes se rendant compte un peu tard que ce n'était pas vraiment sa tasse de thé. Partout ailleurs, et pour tous, l'expérience semble avoir été marquante si l'on en juge des messages touchants que Françoise reçoit depuis lors. Comme je suis resté à La Bellevilloise pour m'assurer du bon fonctionnement des cinq salles, je découvre ici le reste grâce aux superbes images d'Aldo Sperber (seule la première ci-dessus est de moi) comme j'aurai la surprise du film que Françoise monte avec Igor Juget.


Il faut dire que, si ce n'est l'aide bienveillante de Seb le régisseur de la soirée, l'accueil du lieu a été en dessous de tout, nombreux engagements de leur part n'étant pas respectés et les techniciens se la jouant machos rouleurs de mécaniques pour cacher leur incompétence et le manque d'investissement flagrant des prétendus partenaires. Une honte ! On pourra me reprocher de signaler ce manquement, mais je pense chaque fois à ceux qui passeront derrière nous et à qui l'on se contenterait de dire : "Ah bon, vous ne saviez pas ?!". Françoise réussit son pari invraisemblable, grâce à la sympathie de la vingtaine d'Anges et de tous les camarades venus lui prêter main forte. Pauline, secondée par Julia, dirigeait de main de maître les guides et groupes en partance pour chacun des quatre circuits possibles. La gentillesse et l'investissement des familles accueillant la meute des voyeurs bien intentionnés en bouleversèrent plus d'un(e)... Je rappelle que les consignes aux familles étaient de ne prêter aucune attention aux personnes pénétrant dans leurs appartements, ces visiteurs étant censés rester discrets, s'asseyant pour regarder l'un des films de Françoise, fictions ou documentaires, courts ou longs métrages, projetés ici sur le mur, ailleurs sur un écran d'ordinateur ou une télévision. Découvrir l'ensemble de son œuvre, du moins une grande partie, remet en perspective chacun de ses films dans son parcours singulier d'auteur.


Étienne Carton de Grammont, Igor et Françoise ont filmé des heures de rushes devant être montées d'ici quinze jours pour que le nouveau film soit projeté au Centre Pompidou par Les Cahiers du Cinéma dans le cadre du Festival d'Automne "Cinéma numérique", probablement le samedi 15 novembre dans l'après-midi.




Je ne livre ici qu'une toute petite sélection des photos d'Aldo Sperber (et dans de pâles reproductions au regard des originaux de quelques 50 millions de pixels !) qu'il mettra très bientôt en ligne sur son site ou sur Picturetank et dont Françoise fera une séquence dans le film d'1h40 qui réfléchira son parcours. À suivre...