Je suis aux anges. Geneviève, c'est ma maman, m'a offert l'intégrale DVD de Jacques Demy dont le coffret sortait le jour de mon anniversaire. Une "princesse m'apporte ses vœux" à La Régalade, accompagnés de ceux d'Agnès V. (carte postale en illustration). On reste dans le quartier. Je retrouve des films rares et quelques perles inédites en boni. Je n'ai jamais vu La naissance du jour filmé pour la télé d'après Colette, j'ai oublié Le bel indifférent d'après Cocteau, quasi voisins de paliers ces deux-là. Le Palais Royal était mon jardin d'enfance. Je ne vais tout de même pas rabâcher sur ce coffre aux trésors en rappelant Les Parapluies, Les Demoiselles ou Peau d'âne. J'ai attendu la naissance de ma fille pour les voir et revoir sans passer pour un ringard. Jusque là, je les regardais en douce, je pleurais à l'un, me remontais le moral avec l'autre, rêvais avec le troisième. Cette édition permettra-t-elle de réhabiliter Une chambre en ville, drame musical renversant sur fond de lutte sociale ? Je brûle d'impatience. Tout voir et revoir, oui. Peut-être avons-nous été injustes avec les moins réussis ? Les personnages circulent d'un film à l'autre. Je liste ce que je ne connais pas, les premiers dessins animés, les entretiens, les reportages, les documents sonores du CD qui accompagne ces douze DVD ! Le site Ecran Large donne toutes les détails sur le contenu du coffret (Arte Vidéo).
J'envie la complicité que Françoise entretenait avec le cinéaste d'une humilité confondante. Arrivé en avance pour la projection de Appelez-moi Madame, il pose des questions à Françoise comme si c'est elle la pythie. La projection du film le subjugue. C'étaient les derniers mois de sa vie. Plusieurs entretiens datent de cette époque. Curieux, fin, délicat, elle m'en parle comme s'il était l'un de ses propres personnages, tellement attachant. Comme sa compagne est assise sur le fauteuil basculant avec les jambes repliées, Jacques tire sur sa robe pour la rallonger. Agnès Varda se moque de lui parce qu'il aurait peur que l'on voit sa culotte ! Je deviens midinet en regrettant de n'avoir pas été une petite souris pour assister aux dîners auxquels participaient Delphine Seyrig et Sami Frey. Jacques Demy était un ange discret. Dans tous ses films, il nous fait croire aux fées, puisque l'on est aujourd'hui assez grand pour savoir qu'ils recèlent de terribles secrets de famille, des drames surmontés, des fantasmes d'enfant, transformés en histoires merveilleuses par un des plus grands virtuoses de la baguette magique. Comme tous les contes de fées, les films de Jacques Demy se comprennent différemment au fur et à mesure que l'on grandit.