Il y a peu, j'écoutais Vincent Lindon parler du film Welcome. Il rappelait que les sans-papiers est un terme choisi pour son effet repoussoir. Les sans-papiers sont des immigrants possédant les papiers de leur pays d'origine, mais ils ne sont pas en règle avec le service d'immigration français. En Afghanistan ou aux États-Unis d'Amérique, nous serions tous des sans-papiers, passé le délai de trois mois de notre visa touristique ! Ces étrangers n'ont donc pas le droit de travailler sur notre sol. S'ils le font, ce qui est évidemment indispensable pour pouvoir se loger et se nourrir, ils sont allègrement exploités, souvent par ceux-là même qui leur refusent leur régularisation pour mieux les museler. Ce n'est pas non plus une nouveauté, par exemple l'Arche de la Défense fut en partie bâtie par des "illégaux". Depuis toujours, la France représenta la terre d'accueil pour tous les exilés, cette diversité en constituant sa spécificité, ce que le gouvernement de notre saigneur et mètre soixante s'acharne à détruire. Ne parlons donc plus de sans-papiers, terme négatif et péjoratif qui camoufle celui de réfugié politique ou de rescapé de la misère. Il ne restera plus qu'à nous battre pour les aider à retrouver leur dignité, et par là même, la nôtre.
Dans la série "enfumage" et terme inapproprié, l'égalité des chances est un concept surprenant car les deux termes sont parfaitement antinomiques. Depuis quand une probabilité est-elle compatible avec une équivalence ? Là où la chance entre en jeu, l'égalité est tout sauf envisageable. Voyons-le sous un autre angle : l'égalité des chances, c'est par exemple le loto ; tout le monde a les mêmes chances de se faire plumer. Les gagnants se comptent sur les doigts de la main.

Je comparerais cette (in)égalité au bouclier fiscal qui permet à 14 000 contribuables d'en bénéficier. Ah les pauvres ! Gain moyen : 33 000 euros. Mais Didier Migaud, président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, de préciser que grâce à Nicolas Sarkozy, 834 contribuables les plus riches d'entre eux, détenant un patrimoine de plus de 15,5 millions d’euros, ont touché du fisc un chèque moyen de remboursement de 368 261 euros en 2008, soit « l’équivalent de 30 années de Smic » ! C'est seulement pour une année. Les riches trouvent qu'ils payent toujours trop, mais comprenez bien que les impôts en question sont prélevés sur les revenus et non sur les avoirs. Dans le système capitaliste, la richesse engendrant la richesse, le capital étant voué à l'expansion, on ne devient jamais riche, on en hérite... L'héritage est un des piliers de l'inégalité. Car le mirage est bien entretenu pour permettre aux plus pauvres de rêver qu'ils pourraient un jour avoir accès à l'opulence. Les histoires de princes et princesses ont toujours fait fantasmer les classes les plus défavorisées... La question des impôts est peut-être mal posée. Est-il normal que l'écart soit aussi faramineux entre les hauts et les bas salaires ? Si les salaires et les gains étaient plafonnés, l'impôt n'aurait pas besoin de l'être. On nous dit que les riches quitteraient le navire et préfèreraient aller vivre à l'étranger plutôt que cracher au bassinet. Bel esprit républicain que voilà ! Si certains aspirent à perdre leur nationalité, d'autres accepteraient volontiers d'en bénéficier. On devrait pouvoir s'arranger. Mais si tous les gars du monde, et toutes les filles, voulaient se donner la main et lever le poing avec l'autre, il n'y aurait plus aucun pays pour héberger les voleurs et les exploiteurs, plus aucun paradis fiscal, plus de secret bancaire ni de blanchiment d'argent... Revenons à nos moutons, le terme est bien choisi même si mon camarade Bernard déteste qu'on embrigade les animaux dans cette galère, et réfléchissons à celui de "bouclier" fiscal. Si certains pensent à façonner des boucliers, donnons leur du fil à retordre et confectionnons lances et pics. À force de tant d'arrogance certaines têtes pourraient bien les couronner...

La Liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix a été récupérée maintes fois, en particulier lorsqu'elle servit d'illustration au billet de 100 francs de 1978 à 1995. Mais quelle image plus juste face aux provocations d'une classe de nantis qui se croit intouchable ? Ce sentiment d'impunité a chaque fois coûté cher à ces profiteurs. Voilà pourquoi certains hommes politiques de la droite commencent à critiquer ces excès de zèle en matière d'arrogance. Jusqu'où acceptera-t-on la distribution des bénéfices aux actionnaires, des subventions aux banquiers, des indemnités aux responsables de faillites tandis que leurs entreprises licencient à tours de bras et que le gouvernement saccage des pans entiers de son économie comme les secteurs de l'enseignement, de la recherche, de la santé ou de la culture ? Les élus ont bien raison de se faire du souci.