Comme pour beaucoup d'enfants, la visite du Palais de la Découverte à Paris fut à l'origine de nombreuses de mes vocations. C'est un lieu magique qui plonge l'avenir dans les arcanes du rêve. Je me souviens aussi de la frimousse d'Elsa quand ses cheveux se sont dressés sur sa tête sous l'impulsion de l'électricité électro-statique, on aurait dit la couverture de Crasse-Tignasse. Là encore, la fossoyeuse Albanel tente d'effacer la culture qui s'y rapporte et je viens de signer la pétition pour sauver ce fabuleux "musée". J'ai plus tard participé à des "attractions" ou des expositions à la Cité des Sciences et de l'Industrie Porte de la Villette : le multi-écrans Economia avec Michel Séméniako, le théâtre de marionnettes Elektra avec Raymond Sarti, le film sur les peintures de Jacques Monory pour l'entrée du Planétarium avec Dominique Belloir... C'est dire si passer trois jours au Parc d'Activités ScientifiqueS de Mons en Belgique fut une joie sans mélange. Antoine Schmitt et moi y étions pour présenter notre opéra Nabaz'mob dans le cadre de l'exposition Robotix's sur les robots. À raison de deux représentations par jour, cela nous laissait du temps pour arpenter les diverses expositions du PASS.
J'ai déjà évoqué ici les expositions auxquelles j'avais participé depuis son inauguration en 2000 et ma surprise devant l'intégrité éditoriale du lieu. Le public vient surtout y chercher des réponses. Il y rencontre surtout des questions ! Les recherches scientifiques sont intimement liées à l'écologie de la planète, tant au niveau géographique qu'économique. On peut toujours rêver, mais le verdict est sans appel, n'en déplaise aux industriels qui l'exploitent et la saignent. Au delà de son contenu savant et critique, j'ai beaucoup apprécié l'architecture qui mêle les anciens bâtiments du charbonnage et les créations, entre autres dûes à Jean Nouvel. Depuis le haut du belvédère qui a été conservé des anciennes mines, on peut voir l'entrée dite la Passerelle jusqu'à la structure originale en briques "sur pilotis". À droite les maisons de mineurs n'ont pas bougé. Toute la contrée est remplie de petits villages où chaque habitation est différente sans déroger à l'image d'ensemble. Maisons à un étage avec un petit jardin à l'arrière. Nous avons fait un tour du côté du Grand Hornu, un autre charbonnage recyclé cette fois en Musée d'Art Contemporain, le MAC's. Le lieu m'a cette fois beaucoup plus plu que ce qui y était exposé, Jeux de massacre tendance potache de l'art moderne...


À l'entrée du PASS, l'ancien terril occupe une partie du parc de 28 hectares. J'ai également gravi sa pente pour découvrir le contre-champ. Une flore et une faune originales le recouvrent. En creusant la terre de cet écosystème à seulement dix centimètres, j'ai senti l'extraordinaire chaleur qui s'en dégage. Des fumeroles s'échappaient. Si la température ne dépassait pas 60°, au centre elle peut atteindre 1000°. Les restes de houille sont en combustion lente, réaction d'oxydation de la pyrite de fer (sulfure de fer ou pierre de feu) : "Au contact de l'oxygène apporté par la pluie qui s'infiltre dans le terril, la pyrite dégage de la chaleur ; il s'agit d'une réaction chimique naturelle. À l'air libre, la chaleur se dissipe aisément, mais à l'intérieur de ces montagnes de déblais, elle atteint progressivement un point de combustion qui enflamme les parties charbonneuses. Ce qui donnera des terres rouges quelques décennies plus tard."