Troisième auto-portrait. Après le renversement et la mise en avant, la lévitation. Me prêter au jeu et vouloir vous faire partager mes expériences, qu'elles soient tragiques ou amusantes, m'exposent en première ligne. Devant Antoine Schmitt (qui prend la photo) et Xavier Boissarie hilares, je souffle dans le ballon comme un forcené pour m'élever dans les airs, ou plus exactement soulever la chaise sur laquelle je suis assis. La scène se déroule au PASS à Mons en Belgique dans le cadre de Robotix's où nous avions emmené notre marmaille lagomorphe. Je ne pensais plus à rien, concentré sur mon numéro de respiration continue que j'étais le seul à percevoir, entendu que cela ne produisait aucun son et que mes camarades étaient probablement ignorants de la prouesse que je visais, léviter sans à-coup puisque je soufflais sans reprendre ma respiration.
Dans mes plus jeunes années, j'ai très souvent rêvé que je volais. Je me concentrais et, par une pression du cerveau vers le lobe frontal, tant qu'aujourd'hui j'en porte les stigmates, deux rides au-dessus du nez, je générais une force qui me permettait de m'élever à la verticale comme si j'avais eu des réacteurs accrochés dans le dos. L'impression était si extraordinaire qu'au réveil j'étais presque convaincu d'avoir réussi ce tour de force. Seule la logique me permet encore de penser que mes envols n'étaient que psychiques. D'autant que persuadé que l'impossible était à portée de mains, j'ai tenté de reproduire l'expérience en plein jour et sans aucune substance, sans ne jamais y arrivé.
Mais cet après-midi là, en soufflant comme un malade, la chaise a tout de même bougé de quelques centimètres...