Luc Moullet est drôle. Il prend son temps.
Luc Moullet est drôle. Il filme son temps.
Luc Moullet n'est jamais aussi drôle que lorsqu'il joue dans ses films ou qu'il les présente.
Ses films mettent du temps à sortir au cinéma, 24 ans en moyenne !
Certains atteignent des sommets. D'autres planent on ne sait-z-où ?
''Anatomie d'un rapport'' (1975) et ''Genèse d'un repas'' (1978) (ci-dessus) sont des chefs d'œuvre du docu-fiction. Des films clés de l'histoire du cinéma.
Sérieusement drôles et drôlement sérieux.
Dix courts-métrages spécifiés "très drôles (sauf un)" sont édités par Chalet Pointu, avec Luc Moullet littéralement « en shorts ». De ''Un steak trop cuit'' (1960) à ''Le litre de lait'' (2006), en passant par ''Essai d'ouverture'' (1988) et ''Toujours plus'' (1994), le réalisateur nous explique sa manière de voir le monde, unique, cocasse, critique, là où tout se qui tombe à côté de la plaque est ramassé par de braves gens qui s'en tiennent aux faits. Généreux, Luc Moullet devrait passer en potion quotidienne, autour du Journal de 20 heures, comme jadis Les Shadocks, Desproges ou les Deschiens. Il faut insister pour que le réalisateur y interprète son rôle.
Des deux longs métrages publiés récemment par blaq out, je préfère "Le prestige de la mort" aux "Naufragés de la D17". Moullet est plus à l'aise pour se diriger dans l'absurde qu'avec ses comédiens dont les à-peu-près rappellent ceux des interprètes de Mocky.
Si Moullet sait prendre son temps, c'est qu'il n'est pas pressé de mourir, même pour faire vendre ses films. Il n'est jamais aussi bon que lorsqu'il tente sincèrement de comprendre comment fonctionne un système. Changement d'angle assuré. Et ne manquez surtout pas la présentation de chaque film, court ou long, par leur auteur.


Comme Moullet préfère la gloire anthume, allez voir la rétrospective que lui consacre la cinémathèque du Centre Pompidou jusqu'au 31 mai.