La photo en contreplongée suggèrerait-elle la proximité de l'ascension ? En page 3 du Monde de samedi s'étale un bandeau de publicité Deutsche Grammophon pour le "recueil de poèmes écrits par le pape Jean-Paul II et mis en musique par des compositeurs contemporains dont le fils de Placido Domingo". Et devinez qui dégouline de guimauve écœurante si ce n'est le père évidemment ! Le ténor se répand en louanges sur Karol Woj'tyła, affirmant qu'Amore Infinito est "l’un des enregistrements les plus importants de sa carrière." Voilà qui donne envie d'écouter le reste ! Comme la chose "s'adresse à un vaste public", si vous avez envie de faire un peu d'anti-cléricalisme primaire, je vous suggère d'aller écouter quelques extraits sur le site de la Fnac. Le fossoyeur culturel restitue des extraits de ces puanteurs délétères. Pour celles et ceux qui n'aiment pas la musique et préfèrent savourer la pureté des mots, voici quelques lignes du pape-poète, également auteur des pièces de théâtre La boutique de l'orfèvre et Frère de notre Dieu : "Là aucun vert ne rassasiera ta vue. Il ne sert à rien aux yeux du poète de se forcer à être plus pénétrants: plus je tends le regard, moins je réussis à voir. La tension est toujours vers un seuil qui est atteint seulement par le regard ouvert, émerveillé, intense, capable de toucher le fonds et de mouvoir l'âme de manière inépuisable: rien ne peut la rassasier pleinement." Bon d'accord, traduttore traditore, alors faites-vous votre propre idée en savourant le sirop vomitif, ça vaut son pesant d'osties. À sa mort, Act-Up rappelait que "par ses positions sur le préservatif, sur la contraception en général, sur le droit des femmes à disposer de leur corps et sur l’homosexualité, Jean-Paul II a été le porte-parole d’un catholicisme réactionnaire, vecteur de discrimination, de souffrance et de mort." Il annonçait le saint-pire, Benoît XVI.
Si vous préférez les œuvres critiques, vous découvrirez un inédit (18 minutes) de Un Drame Musical Instantané dans la réédition en cd de notre premier album, Trop d'adrénaline nuit : Sancta Papaverina, qui renvoie évidemment à l'opium du peuple, y détourne allègrement un discours de Paul VI. La trompette enflammée de Bernard Vitet y est autrement plus convaincante que les monotones roucoulades de cul-bénit du ténor espagnol.