Juste quelques mots écrits sous le soleil dominical après une belle soirée à la Maison des Cultures du Monde où l'Orchestre National de Jazz (photo recadrée d'après élément-s) créait son spectacle "Around Robert Wyatt" en deux représentations coup sur coup. Il semble que la première ait servi de tremplin à la seconde comme c'était à prévoir, aussi avais-je préféré tabler sur la séance de 21h30 plutôt que sur la précédente. Au troisième morceau, l'orchestre était sur ses rails, dès que Ève Risser eut décidé de martyriser le piano en lui infligeant de brillants clusters volontaires qui permit à l'ensemble des musiciens de se laisser un peu aller. Le projet qui donne à entendre les chanteurs en play-forward, c'est-à-dire préenregistrés tandis que l'accompagnement se fait en direct, n'est évidemment pas des plus sexys. Le clic du métronome dans une oreille, les arrangements précis de Vincent Artaud et la réduction des choruses au strict minimum ne permettent guère de folies ou de surprises de dernière minute. Heureusement les images d'Éric Vernhes palliaient à l'absence de mise en scène tant le vidéaste qui remplaçait un Carlier parti péter les plombs en Nouvelle Zélande à une semaine de la première sait improviser en triturant le réel par des effets à propos et adaptés à chaque chanson. La critique se vérifiait dès qu'un soliste pouvait tirer la couverture à lui que ce soit l'invité d'honneur Erik Truffaz à la trompette électrique ou Joce Mienniel à la flûte et éructations électroniques diverses. Daniel Yvinec, directeur artistique de l'orchestre, savait bien qu'il était d'abord question de cerner son timbre général, remettant à la prochaine création les excentricités que ses jeunes musiciens ne manqueront pas de développer, à savoir le 26 juin à l'Opéra Comique pour accompagner Carmen, film muet de Jacques Feyder ! Le magnifique duo improvisé entre l'Ève future au piano préparé et Truffaz toutes pédales d'effets activées montrait que le délire est apporté demain dès qu'on laisse le chant libre. Idem pour Sea Song, hélas absent du disque par la cruelle défection d'Alain Bashung, en somptueuse envolée lyrique. Pour le reste, les fantômes de Robert Wyatt, Rokia Traoré, Daniel Darc, Yael Naïm, Arno, Camille et Irene Jacob ne pouvaient nous décevoir si ce n'est dans l'espoir impossible de les voir un jour se matérialiser sur scène. Détail de la distribution, Julien Omé et Jean-Baptiste Réault, respectivement à la guitare et au banjo, et au sax, se tiraient parfaitement de leurs rôles de remplaçants en l'absence de Perchaud et Metzger. Coda : le public était heureux, il faisait chaud, on avait envie de connaître la suite, alors on reviendra.