Pour effectuer les ultimes réglages de Nabaz'mob en vue de son exposition au Musée des Arts Décoratifs à partir du 24 juin, nous avons dû installer le nouveau clapier sur la moquette du salon au premier étage. Comme "Musique en Jouets" sera présenté jusqu'au 8 novembre et que nous devons continuer à nous promener avec le spectacle pendant ce temps, les lapins se sont donc multipliés. Or nous avons tout programmé en 2006 pour une meute de Nabaztag, des v.1, remplacés depuis par Violet par des v.2 dits Nabaztag/tag qui évidemment ne réagissent pas de la même façon. C'eut été trop simple ! Nous avons été obligés de museler l'orchestre des jeunes, beaucoup plus nerveux que les vétérans, pour retrouver la partition originale, et cela ne s'est pas fait sans mal. Antoine s'est donc chargé de toute l'opération, après que Sylvain Huet lui ait donné les clefs de la programmation. Il a dû écrire un nouvel interpréteur de chorégraphies, rajoutant des commandes comme l'attente des oreilles (qui tournent plus vite que celles des v.1) ou le random, intégrant notre système de commande à distance, modifiant l'exportateur de la partition pour qu'elle contienne la durée des fichiers midi (les v.2 n'ayant pas conscience qu'un fichier midi a fini de jouer, ils étaient coupés parfois avant la fin), etc. Par exemple, les moteurs des v.2 tournant quatre fois plus vite que ceux des anciens, les synchros sur les fins de mouvements d'oreille étaient cassés. Antoine a donc ajouté la durée de rotation des v.1 dans la partition pour que les v.2 se calent dessus. De mon côté, j'ai dû repartir des fichiers midi originaux, car l'un d'eux, un seul mais il fallait bien résoudre le casse-tête, ne délivrait que du silence sans que nous n'en ayons jamais compris la raison. Enfin Antoine a mis en place un "process" pour modifier la partition si nécessaire et tester facilement d'éventuelles modifications. Alors voilà, hier on lance tout, et nous nous retrouvons avec un bouchon wi-fi inexplicable, si bien qu'aujourd'hui nous espérons que la science de Khaled Chaar va nous sortir de cet embouteillage. Avec trente lapins cela fonctionne, mais au-delà les bestioles ne renvoient plus les informations aux serveurs. Pendant ce temps, je compare le son des deux orchestres. Celui des petits nouveaux est beaucoup plus métallique, faisant ressortir certaines fréquences aigües et des distorsions qui me plaisent, mais qui changent le son d'ensemble. C'est passionnant. Déjà que Nabaz'mob, par la liberté accordée aux 100 lapins communicants, nous surprenait à chaque représentation, voici que nous nous retrouvons à la tête de deux ensembles interprétant de manière très différente notre opéra. La transposition anthropomorphique des petits robots devient de plus en plus troublante.