Il est encore temps de tailler les arbres, mais la grisaille ne m'incite pas à opérer sous la pluie. Je dois carrément couper les deux derniers conifères au fond du jardin qui sont devenus tout jaunes, comme brûlés. Depuis que je les ai plantés la nature de cette terre ne leur a jamais réussi. Il faudrait que je les remplace par quelque chose de touffu qui accepte de pousser à l'ombre des bambous. Eux se portent à merveille. Comme les yuccas qui prolifèrent côté rue, exposés au sud devant la fenêtre de la cuisine. Trois immenses grappes de fleurs blanches ont fini par éclore. Il arrive maintenant qu'il y ait plusieurs floraisons par an. Même la glycine en est aussi à sa troisième, une hallucination ! Il y a quelques jours les merles sont revenus. Je craignais que le cèdre saccagé par mon voisin les ait fait fuir. Resteront-ils ? Au même moment ceux de Bernard ont réapparu chez lui aussi. À cette saison Scotch hiberne. Il fait la moue depuis que je l'ai mis au régime croquettes diététiques. Lorsque nous nous pesons ensemble, on dirait qu'il faut changer les piles de la balance, mais pas du tout, nous avons réellement maigri. Je retourne au studio pour composer la musique de la spirale du temps qui file, charge à Nicolas de la "pitcher" ou d'empiler les strates en programmant les mouvements interactifs de 2025. Je lui livre une sorte de Lego pour qu'il puisse faire son choix en fonction de l'évolution du module puisque je tire le premier. De plus il va falloir nous attaquer au clip de la CNIL. Il était temps que je rentre, il commence à faire frisquet. Quand je pense que je n'ai toujours pas remplacé le chauffage de la voiture depuis quatre ans, j'en ai des frissons...