Les trois dernières nuits ont été très courtes. Tout a commencé samedi soir chez Elisabeth. Il fallait voir et entendre l'impatience et l'enthousiasme cinéphilique déployés par Elisabeth Lequeret, Marie-Pierre Duhamel et Jonathan Rosenbaum dont les phrases se coupaient, s'enchaînaient et se croisaient.. Dans une allégresse générale nous échangeons nos commentaires, critiques et appréciations sur les films de Berlin, Venise ou ailleurs, sur ceux du temps passé, du présent et de l'avenir. Le grand jeu ! Je note Skidoo d'Otto Preminger tourné après son expérience du LSD, The Manchourian Candidate et les réalisations pour la télévision de John Frankenheimer que j'ignorais. Nous rejoindrons nos pénates vers quatre heures du matin. Depuis, j'ai peu dormi, me levant tous les matins vers six heures alors que les soirs s'étendent dans la nuit verglacée. Pourtant, la semaine semble assez calme. Façon de parler. Les doigts s'agitent toujours autant sur le clavier. Noël Burch organise à la maison une projection de son film en cours, réalisé avec Allan Sekula, pour que ses amis lui donnent leur avis. Nous craquons au bout de trente minutes du dernier Spike Jonze, Max et les Miximonstres. Mieux vaut lire le livre de Maurice Sendak. Tard le soir, je termine la troisième saison de Heroes. Françoise me fait prendre une cure de magnésium que j'interromps pour partir à Londres.
Antoine et moi y sommes finalement arrivés. Notre marathon s'est achevé par plus d'une heure de trajet en métro entre Heathrow et Aldgate East. Nous marchions au radar, mais nous y voilà ! La baie vitrée de la petite suite donne sur le panorama de la City, quelques gratte-ciel surmontées de grues dont l'étonnant Cornichon de Norman Foster. La véritable richesse du quartier n'est pas là, mais sous nos fenêtres. Brick Lane est bengali. Des hustlers font la retape à la porte de tous les restaurants indiens. Cela ne pouvait pas mieux tomber. Dans l'avion de la British Airways, nous nous étions entendus sur le choix du restaurant de ce soir, histoire de nous plonger dans le bain avant de sombrer dans les bras de Morphée. Les épiceries, les magasins de bricolage, les vendeurs de CD et DVD jouent le raga du soir tandis que nous nous éteignons... Au moment de m'endormir, je reçois un SMS d'Antoine qui vient de changer de chambre. En branchant l'adaptateur électrique pour prise anglaise acheté en bas, il a fait sauter les plombs... Que nous réserve l'installation des lapins que nous mettons en œuvre ce matin aux aurores ? Nous devons encore brancher cent cinq transfos sur le secteur et le magnifique entrepôt de l'Old Truman Brewery n'est pas chauffé dans la journée ! Le thermomètre japonais mis en vente par Colette y affiche 9°C.