Les vœux qu'Elsa a écrits sur le sable et photographiés au soleil couchant seront recouverts par la prochaine marée. Le temps passe, les souvenirs s'effacent. Les bonnes résolutions pour l'année qui s'annonce seront réitérées à la suivante. Chacune s'écoule plus vite que la précédente. Le temps s'emballe. Certains paniquent quand on devrait se réjouir de pouvoir devenir une personne meilleure. La mémoire est sélective. Il faudrait une seconde vie pour se souvenir de la sienne. Les traces réécrivent l'histoire au travers des images, des textes ou des sons que nous réussissons à conserver. Il n'y a pas plus révisionniste que notre lecture du passé. Le futur en est le produit. La nostalgie est un boulet qui nous rend sourd au monde construit par les générations que nous avons engendrées. Elle pulvérise la libido quand la curiosité et la fondation devraient nous agir. Pourtant, je ne sais pas si les termes sont appropriés lorsqu'Elsa dessine "Joyeuses fêtes". Peut-on être joyeux quand les Terriens laissent leur planète s'en aller à vau-l'eau et que l'époque est une des plus brutales et cruelles que l'humanité ait connues ? Peut-on encore "nous saoûler de lumière" comme Seurat suggérait "ça console" ? Que célèbrent ces fêtes ? Il ne s'agit pas de jouer les rabat-joie, mais de redéfinir de nouvelles utopies pour que nous ayons quelque chose à fêter. S'il s'agit d'actes de résistance, de paroles consolatrices, de gestes de tendresse ou de solidarité, de mises en œuvres de nos imaginations, alors oui, souhaitons-nous mutuellement de joyeuses fêtes...