L'univers technoïde du binôme de l'entité Servovalve échappe aux effets de mode. La ferveur d'Alia Daval et Gregory Pignot fait plaisir à voir et à entendre. Leurs images évoluent au gré des algorithmes bidouillés sur la machine qu'ils domptent comme on dresse un animal. Jamais à l'abri d'une révolte du code dont les mâchoires peuvent être redoutables, ils chevauchent des serpents de mer microscopiques qu'ils projettent en grand sur les murs de leur maison vide ou devant un public immergé dans leur univers halluciné. Dans le documentaire que Laurent Carlier et Joan Giner leur consacrent, ils semblent tout droit sortis d'un film de Cronenberg. Qui de l'œuf ou de la poule ? Qui de l'homme ou de la machine ? Les sons électroniques accompagnent les mouvements programmés dont l'indétermination est gelée sur le DVD, Time Creatures taxidermisées mais étrangement vivantes dans le CD-Rom. Les deux galettes sont insérées dans la pochette de Temps Fixe dessinée par Kros et publiée par Optical Sound. Si Temps Fixe est bloqué sur 130 minutes, Time Creatures se joue à l'infini quel que soit le module, Skrone, Neon9 ou Public Anemie, chacun se déployant en huit chapitres génératifs dont la logique échappe au commun des mortels, mais dont la succession structure l'espace. Servovalve fait passer notre existenz dans un continuum où le temps n'a plus de prise.