Amusant comme une image peut donner une impression très différente selon le contexte ou l'époque... Sans nous en informer, Ars Electronica utilise une des photos de notre opéra de lapins, prise par mes soins, comme identifiant de leur appel à nomination pour le Prix 2010. Antoine et moi en sommes très flattés, c'est bon pour le buzz, je sens le wasabi monter délicieusement à mes narines, mais l'an passé nous avions plutôt eu l'impression, malgré notre Award of Distinction for Digital Musics, d'être accueillis sur un strapontin. Peu de presse et de communication, peu d'acheteurs conviés à notre prestation dont nous avions dû faire cadeau au festival, ce qui couvrait à peu près le montant du Prix qui nous était octroyé, salle excentrée (malgré sa proximité géographique) avec difficultés extrêmes quant à l'intendance, un seul catalogue pour nous deux, bataille pour que ma compagne réalisatrice ne paye pas son entrée, pratiquement aucun contact avec la direction, une somme de petites contrariétés qui font toute la différence entre les festivals qui vous valorisent et ceux où l'on se sent à peine tolérés... Était-ce notre nationalité sous-représentée au profit des anglo-saxons ? Tous les efforts étaient-ils concentrés sur les Golden Nicas ? Les coutumes autrichiennes nous échappaient-elles malgré notre germanophonie ? Sommes-nous mal tombés ? Tout s'est pourtant bien passé. La petite salle du Musée Lentos était comble lors de l'unique représentation où nous avons dû refuser une foule de spectateurs alors que nous aurions très bien pu interpréter plusieurs fois l'opéra pour contenter tout le monde ou bien jouer sur la scène de la Brucknerhaus plus adaptée à nos cent petits rongeurs. Nous avons même remporté quelques contrats. Les Français sont vraiment des râleurs ! Sérieusement, c'était bien les seuls à critiquer la programmation et l'organisation. On en riait chaque fois que l'on en croisait un. Nous avons donc passé un excellent séjour car rien ne vaut la révolte pour entretenir le moral. Et puis voilà ! Cette année, les lapins se retrouvent virtuellement invités dans les pages du site d'Ars Electronica. Ça leur fait une belle jambe, à eux qui n'ont pas de pattes ! Serait-ce le secret de l'énigme ? C'est la patte qui porte chance, pas les oreilles ! Pour un opéra, c'est cuit...