" Mascarade est une performance audio-visuelle live dans laquelle deux performers sur scène utilisent le flux audio provenant en temps réel des chaînes d'information continue pour construire un drame musical instantané d'environ 30 minutes. Détournant la scénographie des journaux télévisés contemporains, les bustes-troncs des deux newsmen apparaissent en vidéo sur grand écran en fond de scène. Grâce à un logiciel développé spécifiquement pour l'occasion, ces mêmes bustes, que l'on voit retraités et analysés dans leurs formes et leurs mouvements, servent d'instruments de musique, déclenchant boucles, filtres, mémoires de samples, etc. selon des modalités de mashup et de plunderphonics. Avec la concentration des vrais directs, les deux newsmen transforment les flux d'information, leur contenu, leur musicalité, leurs timbres, leurs rythmes, pour leur donner une forme neuve, une nouvelle dramaturgie musicale. Mascarade porte un regard distancié, critique, joyeux et désespéré sur les médias comme instruments de manipulation. "
Voilà, on a tout dit, on n'a rien dit. Lors des tests la musique se précise. Le flux submerge l'auditeur. Sa densité impose des choix, une certaine forme de dialogue entre Antoine Schmitt et moi. Présenter Mascarade à Victoriaville en première partie de Nabaz'mob, notre opéra pour 100 lapins, oblige à une certaine retenue dans les dernières mesures. Nous imaginons trois mouvements dont celui du milieu est le seul en véritable tension. Les radiophonies sont tellement chargées de sens que le cerveau produit d'innombrables connexions qui nous échappent. Le trafic du flux me pousse vers une musique à laquelle je ne m'attendais pas plus que lors de la composition de Nabaz'mob. Le sujet impose sa forme. Je me découvre un autre visage. La mutation m'est apparue lors de l'enregistrement de G10 pour Sun Sun Yip. Si le puzzle et le drone ont toujours été présents dans mes travaux je n'imaginais pas que le temps les révélerait comme une évidence. Je redécouvre par hasard le travail de Charlemagne Palestine qui est également programmé au Festival de Victoriaville où nous créerons l'œuvre. Tout a un temps et il y a un temps pour tout. Si nous avons travaillé ensemble sur différents projets depuis 1995, la collaboration artistique avec Antoine prend tout son sens dans la durée, depuis Machiavel en 1998 jusqu'au futur Mascarade en passant par Nabaz'mob.

Image extraite du reportage de Migu TV.