Françoise et moi faisons lignes à part. Pratiquant de temps en temps l'une et l'autre le téléphone longue durée, nous avons chacun notre propre numéro. Depuis les abonnements tout en un avec forfait illimité nous avons donc loué deux FreeBox. En cas de panne, comme hier matin où la liaison Internet de ma compagne était coupée, nous pouvons nous rabattre sur l'autre connexion, nous évitant de tourner chèvres et de paniquer comme des idiots. Depuis que nos iPhones fonctionnent en Edge ou en 3G nous avons encore une solution de secours pour récupérer ou envoyer des mails. J'ai également conservé mon numéro France Telecom qui me permet d'appeler sur le 09 et de recevoir par le 01, et en cas de rupture Free de continuer à pouvoir travailler. Cinq lignes de téléphone, six ou sept ordinateurs, deux modems, quatre bornes wi-fi, deux lapins communicants, une boîte aux lettres au format homologué pour recevoir les gros paquets, trois bicyclettes, deux cartes Vélib', quatre jambes, une vieille bagnole pourrie, un métro pas loin, deux bouches et des oreilles, des voisins sympas, on ne pourra pas dire que nous sommes coupés du monde. En retour, on s'inquiétera de notre santé mentale.
Sur certains points nous avons néanmoins assaini l'atmosphère domestique, d'autant que nous travaillons tous les deux à la maison. Nous ne répondons ni l'un ni l'autre aux coups de fil qui ne nous sont pas adressés, pas plus que nous ne réveillons les ordinateurs qui ne sont pas les nôtres, sauf occasions exceptionnelles avec l'accord du conjoint ! Nous ne posons non plus aucune question sur les endroits où nous sommes allés et sur nos rendez-vous respectifs, laissant à l'autre le soin de raconter ce qu'il ou elle souhaite. Bavards et prolixes en confessions, avis et interrogations permanentes, nous partageons déjà tant de complicité. Comme l'indépendance économique est le garant de nos choix individuels, l'intimité est le complément indispensable de la fusion. Cela me fait penser à un feuilleton radiophonique de Zappy Max dont je me souviens des intonations quand dans les années 50 toute la famille réunie autour du premier poste à transistors écoutait Ça va bouillir !