Le film d'Elio Petri m'avait marqué à sa sortie en 1970, mais je n'en gardais aucun souvenir si ce n'est la figure de Gian Maria Volontè, un acteur politiquement engagé à une époque où le cinéma italien était particulièrement productif. Le scénario ne réserve aucune surprise puisque tout est posé dès la première scène, un crime gratuit qui vaudrait démonstration à son auteur, chef de la brigade criminelle promis au poste de directeur de la section politique qui considère droits communs et révolutionnaires de la même engeance. Son crime tendrait à prouver que personne n'aura l'audace de le démasquer même après avoir laissé sciemment une multitude d'indices qui l'accusent formellement. Sa fonction sociale serait au-dessus des lois et sa hiérarchie n'aurait aucun intérêt à le voir condamné alors que l'Italie traverse une période troublée par une recrudescence d'attentats. Le pouvoir peut mener à tous les abus comme à la folie. L'Histoire en fit souvent la démonstration. Le sado-masochisme du commissaire serait une soupape de sécurité à son omnipotence si elle ne se bloquait, le pouvoir ne guérissant pas l'impuissance. C'est sur ce terrain que sa maîtresse le blesse, l'acculant à passer à l'acte. Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon révèle la mécanique fascisante de l'État lorsqu'il se croit au-dessus des lois, comme nos "démocraties" avec des chefs d'état dont les décisions et les largesses arrogantes n'ont d'égal que leur sentiment d'impunité.
Carlotta nous gratifie encore d'une édition DVD quasi définitive, copie remasterisée et bonus exceptionnels dont un entretien passionnant avec Ennio Morricone qui raconte dans le détail comment il a composé la musique sans ne voir aucune image, des témoignages de première main et un long documentaire sur le réalisateur.