Ce genre d'histoire n'est pas palpitante, même si elle en dit beaucoup sur la destruction des services par la privatisation, à moins que l'on apprécie les cauchemars kafkaïens. Dans ce cas, on pourra même en rire.
Ayant commandé du petit matériel à MacWay sur Internet, le paquet arrive dans le quartier en 24 heures. Mais à partir d'ici tout tourne en eau de boudin qui, avec le climat, va vite ressembler à de la viande de mammouth. Le salopard de Chronopost ne se donne pas la peine de sonner et laisse un avis de passage sans même indiquer où retirer le paquet, et pour cause, on verra la suite. Je suppute qu'il a envoyé son petit frère à mobylette faire la tournée des gogos. On est le 24 décembre, il est 13h42, c'est vraiment dégueulasse, le jour de Noël ! Heureusement ou malheureusement, ce ne sont pas des cadeaux, mais des accessoires dont j'ai besoin pour continuer à travailler. Chronopost étant fermé ce week-end, j'appelle lundi à la première heure pour que l'on me certifie en début d'après-midi que mon colis est à la poste principale à l'autre bout de Bagnolet. J'enfourche mon destrier, mais la postière m'annonce que c'est resté à Bobigny et que la seule chose qu'il me reste à faire est de rappeler Chronopost pour qu'il représente l'objet. De retour à la maison, une des employées vendue à son patron m'explique stupidement que mon colis est forcément à la poste principale et me donne un numéro qui s'avérera fantaisiste. La société privée Chronopost n'a aucun moyen de vérifier où elle a déposé mon colis de malheur. La Poste dit qu'elle ne l'a pas, Chronopost dit qu'elle l'a, et moi je ne peux rien faire, coincé entre privatisation et (dé)centralisation. Car je ne peux plus joindre le bureau de Bagnolet, un numéro unique centralisant toutes les postes. Là ils cherchent donc où c'est caché, mais ne me rappellent pas. Je suis pris entre une poste injoignable et un arnaqueur patenté qui n'en a plus rien à faire. La Poste ne pourra présenter à nouveau le colis car elle n'est qu'un dépôt, comme mon voisin épicier chez qui c'eut été plus simple... En fin de journée je n'ai aucune information, aucun pouvoir, si ce n'est prévenir MacWay que le colis lui sera probablement retourné d'ici 15 jours, mais hier je rappelle le 3631 de la Poste qui m'assure que j'aurai gain de cause si je retourne chercher mon carton... Ouf, je l'ai, mais après avoir démonté mon MacPro je me rends compte que le matériel conseillé par la VPC téléphonique est incompatible. La réclamation ne peut s'effectuer que par mail. Et c'est reparti pour un tour. Je n'ai plus que 24 heures pour régler le problème.
Il est vraiment temps qu'on s'envole. Ce n'est pas que cela se passe mieux ailleurs, mais au moins les tracas seront ensoleillés et on pourra toujours prétendre qu'ils ne sont pas très bien organisés, que leur culture exige de la patience, qu'après tout on est en vacances, etc. Tandis qu'ici c'est simplement une société qui s'écroule doucement et sûrement, pressurisée par des cadences inhumaines avec compression de personnel ou soigneusement sabotée par des gougnafiers en quête de profit à court terme, et dont les méthodes inspirent toute la hiérarchie jusqu'au pauvre petit mec qui ne livre pas ses paquets... Comment voulez-vous qu'il fasse consciencieusement son travail quand au plus haut sommet de l'État nos dirigeants se comportent en voyous, à l'image des richards qui finiront peut-être une nuit du 4 août ?