Je te tiens, tu me tiens par la barbichette, le premier qui rira aura une tapette. L'animal totem dessiné par Michel Bouvet qui campe Place de l'Archevêché n'est qu'un prétexte à un champ-contrechamp avec la pianiste Ève Risser. Les Rencontres d'Arles de la Photographie et Gares & Connexions organisent un concours photo de quatre zébus paissant dans les gares de Paris Gare de Lyon, Marseille Saint-Charles, Avignon TGV ou Arles. Intervenants des Soirées, nous n'aurions probablement pas le droit d'y participer si l'idée nous en était venue. Ève Risser et la percussionniste Yuko Oshima, autrement connues sous le nom de Donkey Monkey, accompagneront ce soir au Théâtre Antique le Mano a mano entre les agences VII et Tendance Floue, et j'assure la direction musicale des Soirées qui courent jusqu'à samedi. Duel pour duel, tous se plient à l'exercice, comme le son redessine les images projetées sur l'écran de 9 sur 9 mètres tendu sous les étoiles.


Le champ-contrechamp est plus affaire de cinéaste que de photographe. Dialogue, il ne dévoile pas pour autant le hors-champ que seul le son pourra évoquer sans le montrer. Le contrechamp de la photographie est un homme ou une femme qui appuie sur le déclic. On les reconnaît dans les rues d'Arles comme s'il portait leur appareil autour du cou. C'est pourtant à leur regard qu'ils se démasquent. Une lumière les éclaire de l'intérieur, aiguilles pétillantes d'une noblesse de terrain revendiquée. Le vêtement souvent ample et confortable est l'uniforme de cette profession solitaire. Au centre des pupilles les iris s'arborent comme des décorations. Il faut que ça brille.


Déjà directeur musical des Soirées de 2002 à 2005 j'appréciais le graphiste Michel Bouvet, responsable de toutes les affiches des Rencontres, ignorant qu'il était mon cousin. Nos mères sont cousines germaines. La sienne, Maryse, agrégé de français-latin-grec, m'avait pistonné pour rentrer au Lycée Claude Bernard alors que j'habitais Boulogne-Billancourt. Son grand-père, inspecteur général, le frère du mien, avait contrôlé mon propre prof de français lorsque j'étais en 4ème. Jubilation du gamin. Michel, plus jeune que moi de trois ans, se rappelle de mon prénom et connaît mon travail sans n'avoir jamais fait non plus le rapprochement. Je tiens de ma tante Arlette Martin cette révélation et de mon cousin Serge un arbre généalogique où trouver nos marques. Seuls rebelles de notre génération, les parcours de Michel et moi se ressemblent étonnamment. Nous rions de François Hébel, patron des Rencontres (la nôtre est de taille) et autre ancien de Claude B., qui se voit cerner par la famille !