Pour dépanner un ami coincé chez lui qui devait faire parvenir d'urgence de l'argent à son fils je suis allé faire la queue à la Poste. L'astuce consiste à envoyer du liquide instantanément par "mandat urgent cash". Ayant écrit le nom du destinataire et justifié de mon identité j'ai dû m'acquitter d'un taux usuraire de 16% pour faire transiter le liquide d'un département à l'autre ! 92,80 € pour les 80 attendus. Déjà que je ne portais pas La Poste dans mon cœur depuis que son activité principale est devenue bancaire sa commission pour dépanner ses usagers m'a fait bondir au plafond, d'autant que ce sont en général les classes défavorisées qui y ont recours. Le fiston n'eut plus qu'à présenter sa pièce d'identité et le numéro que je lui ai téléphoné pour toucher son oseille. Quel service coûte tant dans cette transaction ? Et moi qui me plaignais des grandes banques !
En ce milieu d'après-midi mères de famille, chômeurs et petits vieux ont failli en venir aux mains à cause d'une personne qui avait grillé la queue. Les préposés sous pression préféraient ne rien entendre. Quel que soit le quartier, aller à la Poste vous fait plonger dans la réalité sociale comme prendre le métro ou se promener à dix heures du soir. J'avoue préférer acheter mes timbres sur Internet, faire du vélo et choisir les coins où une épicerie berbère est ouverte tard. Et puis, surtout, si je ne me mets pas en colère je me force à sourire, quitte à avoir l'air d'un fou. Cela ne coûte rien.