Paris est un sujet inépuisable. Comme Olivier Koechlin avait réuni autour d'un mafé l'équipe des Soirées des Rencontres d'Arles de la Photographie, nous avons constaté que j'étais le seul à y être né. La centralisation attire toujours les jeunes qui rêvent d'un ailleurs, que ce soit au moment des études ou juste après lorsqu'il faut rentrer dans la vie active. Passage obligé pour tout ce qui touche aux arts, aux nouveaux médias et à toutes sortes de professions dont je n'ai pas idée. Je fanfaronne chaque fois en lançant que je suis né impasse des Martyrs, en fait cité Malesherbes dans le 9e, ma mère boulevard de Strasbourg, ma grand-mère rue du Faubourg Saint-Denis. Comme je ne connais pas Berlin, seul New York m'a semblé aussi attirante. Récemment j'ai imaginé déménager à Marseille, cosmopolite, animée, ensoleillée, avec les vagues qui me manquent ici malgré la vue sur la mer au fond du jardin ! Cela m'est venu cet été lorsque j'ai découvert qu'il y avait maintenant des magasins asiatiques en plus des arabes ou des kabyles ! Il y a encore tous les potes partis s'y installer, mais Françoise n'est pas trop tentée de retourner là où elle a passé ses dix-neuf premières années. J'hésite aussi pour la nature, je me verrais bien dans un coin plein de bestioles, oiseaux ou mammifères. En tout cas je dois prévoir une grande maison qui puisse attirer les copains. Pas question de s'isoler. Ni de bouger avant de savoir de quels subsides je vivrai à la retraite, insuffisante pour me reposer. Je suis probablement condamné à faire ce que j'aime jusqu'à la fin de mes jours. Sous quelle forme, je l'ignore. Musique, cinéma, littérature. Je bavarde en culpabilisant de n'avoir encore écrit un mot de mon nouveau roman. Tergiversation en attendant de trouver le rythme. Comment continuer à écrire ici quotidiennement et m'attaquer au grand "œuvre" ? Son sujet se prête à la diffusion en épisodes, mais le style ne peut s'imposer sans avoir commencé à en rédiger plusieurs. Cette fois j'ai rassemblé toutes les images, une par épisode, le témoignage de ma petite sœur puisque je pars d'une histoire vécue, et j'ai trouvé comment m'en échapper en jouant sur ce qui l'a précédée et ce qu'elle a généré. Peut-être devrais-je faire une pause d'un mois, comme lorsque nous partons en vacances dans un pays exotique ? Le blog, le roman, plus tous les textes théoriques, chansons, préfaces, articles que je rédige régulièrement dans le cadre de mon boulot, cela fait beaucoup en plus de la musique et de tout le reste de mes activités. Le temps de rêver est comme celui du sommeil, incompressible. Je flâne beaucoup dans mes moments de ce que j'appelle ironiquement loisirs et je dors peu. Lorsque je manque d'inspiration je regarde par la fenêtre, focalise un peu plus loin, une ouverture sur mon front comme une petite trappe d'où sort une loupe ou une longue vue. De temps à autre je photographie quelque chose qui pourrait générer un billet sur mon blog. Touriste dans ma ville, je reste toujours à l'affût d'une carte postale. Changer d'angle. Monter sur un tabouret. Se mettre à quatre pattes. Regarder derrière soi. Se projeter en avant. Tous les moyens sont bons pour trouver un passage secret vers demain.

Photo sans trucage !