70 juin 2012 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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vendredi 29 juin 2012

L'iPad à l'eau


À l'heure des vacances, le sable et la mer n'empêcheront pas les accros à la pêche de se connecter sans accroc, car l'iPad à l'eau rime avec pédalo. Tandis que le Capitaine augmente les smicards d'un Carambar par jour, l'équivalent de deux baguettes de pain par semaine pour les moins déprimés qui résisteraient au sucre en optant pour une denrée de base, les geeks fondus de la pomme ou fendus de la poire jouiront de leur tablette sans craindre de la perdre. J'en ai résilié mon abonnement papier à mon quotidien matinal, mais n'allez pas croire que j'ai définitivement opté pour le jet d'eau. Pourtant le style tiers-monde est autrement plus sain, plus propre et moins polluant. Je m'égare en pensant à Rossini et son prélude hygiénique du matin. Est-ce à force de regarder le ciel et ses avaries, mais les chauds-froids parisiens nous font délirer sec. Depuis que j'ai reçu un sac en plastique hermétique à 17,99 euros et trois rabats je peux enfin prendre mon bain en suivant l'actualité humide. De quoi sombrer certes et se noyer sous les vagues infos délivrées par les organes aux ordres du pouvoir, celui de l'argent précisément. Plouf. La bouée de sauvetage Mediapart me repêche in extremis...

Et Gioachino Rossini, ô sublime inventeur du tournedos à qui il donna son nom, du Duo des chats et de cent cinquante Péchés de vieillesse, rassemblés en quatorze volumes et probablement composés pour faire plaisir à sa femme alors que la musique lui sortait par les trous de nez, soit Album italien, Album français, Morceaux réservés, Quatre hors d'œuvre et Quatre mendiants (Les radis, Les anchois, Les cornichons, Le beurre, Les figues sèches “Me voilà – bonjour madame”, Les amandes “Minuit sonne – bonsoir madame”, Les raisins “À ma petite perruche”, Les noisettes “À ma chère Nini”), Album pour les enfants adolescents (Valse lugubre, Impromptu anodin, L’innocence italienne / La candeur française, Prélude convulsif, Ouf! Les petits pois, Un sauté, Hachis romantique...), Album pour les enfants dégourdis (Mon prélude hygiénique du matin, Prélude baroque, Memento homo, Assez de memento: dansons, Valse torturée, Une caresse à ma femme, Un petit train de plaisir comico-imitatif, Fausse couche de Polka Mazurka, Étude asthmatique, Un enterrement de carnaval...), Album de chaumière (Gymnastique d’écartement, Prélude inoffensif, Valse boiteuse...), Album de château (Spécimen de l’Ancien Régime, Prélude pétulant-rococo, Prélude prétentieux, Spécimen de mon temps, Valse anti-dansante, Prélude semi-pastorale, Prélude soi-disant dramatique, Spécimen de l’avenir...), Album pour piano, violon, violoncelle, harmonium et cor (Échantillon de blague mélodique sur les noires de la main droite...), Miscellanée pour piano (Prélude blagueur...), Miscellanée de musique vocale (La chanson du Bébé “Maman, le gros Bébé t’appelle” pour mezzosoprano, Amour sans espoir - Tirana a l’Espagnole rossinizée “Faut-il gémir d’amour sans retour” pour soprano, À ma belle mère “Requiem Eternam” pour contralto...), Quelques riens pour album, Musique anodine et Autres péchés de vieillesse, autant de titres rappelant drôlement ceux, plus tard, d'Erik Satie ou Luc Ferrari...

jeudi 28 juin 2012

Et la lumière fut


La lampe des anciens vidéoprojecteurs coûte presque aussi cher qu'un appareil tout neuf aux normes actuelles. J'ai hésité longuement. On attendra encore pour le Full HD, soit 1920×1080 pixels, et la connexion HDMI pour brancher un Blu-Ray. Pas moyen de me résigner à mettre à la poubelle nos Canon Xeed SX50 dont le système LCoS ne laisse apparaître aucun interstice entre les pixels. Nicolas Clauss les avait choisis pour notre installation interactive des Portes, car ils permettaient au spectateur d'être tout prêt de l'écran sans être gêné par la pixellisation. Probablement trop monumentale, l'œuvre n'a pas été rejouée depuis sa création au Festival Nemo en 2006. Elle dort dans un garage en pièces détachées.


Nous vivons au milieu du gâchis. À l'époque de la VHS nous allions faire réparer les lecteurs vidéo Porte de Versailles dans la boutique d'un petit monsieur qui faisait cela pour pas très cher. Maintenant, dès qu'un lecteur CD est en panne on en rachète un. On nous vend des imprimantes à 1 euro, on peut les foutre en l'air quand les cartouches sont vides. Et les composants électroniques de polluer la planète à qui mieux mieux. Les vieux téléphones portables, les ordinateurs et leurs écrans sont envoyés en Inde ou je ne sais où pour aller intoxiquer d'autres populations que celles qui les ont consommés. On ne sait plus recycler. On accumule. On enterre. On creuse sa tombe. J'ai trouvé sur le Net un vendeur de lampes moins cher que les autres, Lampevideoprojecteur, situé à Montreuil. Que la lumière soit...

mercredi 27 juin 2012

Quiproquo


Le blog est un journal extime publié au jour le jour aux yeux de tous. La proximité virtuelle produit des illusions réelles. L'intimité dévoilée peut troubler les rapports entretenus avec les uns ou les autres. On ouvre parfois son cœur à un ami, sans craindre de le perdre. Mes critiques ont parfois blessé au delà de ma pensée. Pire, la peine m'assaille lorsqu'un quiproquo déstabilise celle ou celui que l'on voulait honorer. Trois fois en sept ans, c'est trois de trop. J'ai failli tout arrêter. Passé la journée à faire la vaisselle, arracher les mauvaises herbes, fait le ménage sous mon crâne sans que la tristesse s'évanouisse. Les mots ne nous appartiennent pas, ils rappellent à chacun une vieille histoire, on croit parler de soi, mais l'écho nous trahit, tant l'émetteur que le récepteur. L'impétuosité de l'engagement nécessite de redoubler d'attention. La distance est trompeuse. La vérité ne se lit qu'au fond des yeux. Il faut être là.

mardi 26 juin 2012

Fulgurance d'Elio Petri


J'ai commencé ce marathon en découvrant L'Assassin (L'Assassino) que Carlotta vient de ressortir au cinéma. J'avais déjà chroniqué ici Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, aussi L'assassin m'a-t-il donné envie d'approfondir ma connaissance d'Elio Petri, cinéaste majeur injustement oublié et mésestimé. Provocateur, jusquauboutiste, éminemment politique, communiste ayant quitté le Parti en 1956 après l'écrasement de l'Insurrection de Budapest, Petri ose transposer ses colères en art cinématographique avec une maîtrise de la direction d'acteurs, de l'image, du montage... En un mot, il cinema !

Les Jours comptés (I Giorni contati) sont ceux, hypothétiques, restant à vivre au personnage joué par Salvo Randone qui rappelle le père du réalisateur, ouvrier dont la conscience de classe marquera toute son œuvre. La mort qui hante ce film de 1962 n'a pas la force de l'aliénation qui règne en maître sur le monde des vivants. La révolte est déjà là, annonçant les mouvements de la fin des années 60. C'est néanmoins certainement le plus tendre de toute la filmographie et le plus documentaire. Au travers de multiples rencontres l'ouvrier plombier cherche un sens à sa vie, même s'il retourne finalement à son travail.

La science-fiction de La 10e victime (La Decima vittima) anticipe la télé-réalité avec un humour ravageur. Dans ce genre difficile, le film de 1965 avec Marcello Mastroianni et Ursula Andress n'a pas pris une ride. Étonnamment, contrairement à de nombreux films où le design des années 60 a laissé son empreinte, il n'est ni daté ni ringard. La beauté des cadrages et la virtuosité du montage y sont pour beaucoup.

À chacun son dû (A ciascuno il suo) est un portrait de la Sicile de 1967 sous la forme d'un thriller cynique. Un naïf professeur découvre le crime et la corruption qui tiennent toute la région sous leur coupe. En soignant les détails, Petri laisse entrevoir les mœurs implicites du pays.

Sa liberté d'invention explose dans Un coin tranquille à la campagne (Un Tranquillo posto di campagna), film expérimental de 1969. La paranoïa du peintre est accompagnée par un groupe de musique improvisée dirigé par Ennio Morricone qui collaborera ensuite à tous ses films. Le coach de Franco Nero, alors en couple sur l'écran comme à la ville avec Vanessa Redgrave, n'est autre qu'un jeune peintre du nom de Jim Dine ! C'est le monde de l'art qui est cette fois mis à l'index.

Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon est le seul film véritablement connu de cet auteur dont Tonino Guerra cosigna quelques films majeurs. Premier film italien à mettre en cause la police, il subit les attaques de la Démocratie Chrétienne au pouvoir.

La classe ouvrière va au paradis de 1971, également avec Gian Maria Volontè, mériterait d'être projeté à la télé aujourd'hui, histoire d'y mettre un peu de réalité, maintenant qu'elle ne transmet plus que des illusions. Comme le précédent qui a recueilli un Oscar à Holywood et le Prix spécial du Jury à Cannes, celui-ci reçoit la Palme d'or, mais le film ne plaît évidemment pas aux syndicats dont Petri montre la collusion avec le pouvoir, du moins leur frilosité à revendiquer efficacement la fin de l'aliénation. L'exploitation et la pression subies par les héros de Petri les pousse régulièrement à la folie ou à la mort.

Le suivant est un échec encore plus cuisant. On a du mal aujourd'hui à saisir comment la presse a pu passer à côté, mais le réalisateur dérange. L'Italie semble avoir souhaité effacer son œuvre de l'Histoire du cinéma. La haine de l'argent est remarquablement décrite dans La Propriété, c'est plus le vol (La Proprietà non è più un furto) de 1973. Jamais Elio Petri n'aura été si caustique. Il a l'humour de Mocky, la fantaisie de Fellini, la modernité d'Antonioni, la critique de Pasolini, la colère de Rosi, la folie de Ferreri… Ce mariage de la politique, de la beauté plastique et de l'humour se retrouve peut-être aujourd'hui chez Paolo Sorrentino, un autre cinéaste injustement méconnu.

Un cran encore au-dessus dans le délire, Todo modo, troisième adaptation de Petri d'un roman de Leonardo Sciascia, est une charge terrible contre la Démocratie Chrétienne qui s'entredéchirait en Italie. Aldo Moro en fera les frais l'année suivante, et l'on ne pardonnera pas à Petri de l'avoir annoncée, d'autant qu'aux côtés de Mastroianni le jeu hallucinant de Gian Maria Volontè rappelle explicitement Moro. Buñuelien et prophétique, ce film de 1977 qui tient de L'ange exterminateur et des Dix petits nègres prit le pays à rebrousse-poil et restera totalement incompris. Comme souvent dans ses films, Petri fait rimer le pouvoir avec les rites du sadomasochisme, qui n'est pas sans rappeler ceux du Christianisme !

Deux ans plus tard, son dernier film, Le Buone notizie (Les bonnes nouvelles), est une comédie grotesque dont les personnages jouent la libération sexuelle alors que la société, violente et archimédiatisée, les inhibent jusqu'à les rendre fous. Les mots ne veulent plus rien dire. Seule la mort a raison de l'absurde. La présence d'Angela Molina et les attentats à répétition rappellent irrémédiablement Cet obscur objet du désir, le dernier film... de Luis Buñuel.

Pour terminer ce rapide survol, il existe un documentaire réalisé en 2005 par Federico Bacci, Nicola Guarneri et Stefano Leone qui apporte quelques informations. Si la plupart des films comportent des sous-titres anglais, je n'ai hélas pas trouvé de copie sous-titrée de Il Maestro di Vigevano (Le professeur de Vigevano), ni pu voir d'autres courts métrages que Tre ipotesi sulla morte di Pinelli (Trois hypothèses sur la mort de Pinelli), ni son adaptation pour la télévision des Mains sales de Sartre, titre qui résume très bien la cible qu'a visée toute sa vie Elio Petri, mort à 53 ans d'un cancer, conséquence probable de son désespoir devant la schizophrénie contemporaine évoquée par Jean Antoine Gili, spécialiste du cinéma italien.

lundi 25 juin 2012

François Bon pratique


François Bon est écrivain, éditeur, conférencier, blogueur, twitteur, voyageur. Son principal outil est composé d'un clavier et d'un écran. Ses mains et ses yeux. Il joue aussi de la basse électrique, gardant une oreille pour ses potes musiciens, et sa parole se propage là où passe le TGV. François Bon occupe généreusement le terrain du partage en semant à tout vent ses rêves et ses colères, ses expériences et ses analyses, sans négliger la quantité tant il est déjà affublé de qualités.

On a beau être sous perfusion Internet, il est difficile d'en pratiquer tous les sports. La musique, le cinéma, mon blog quotidien et un besoin inassouvi de nature m'accaparent trop pour que je puisse participer sereinement au marathon qu'impose les nouveaux réseaux. Certains de mes proches se gondoleront en lisant ces lignes, pensant que c’est l’hôpital qui se moque de la charité. D'abord je ne me moque pas, j'admire. Ensuite je me soigne en résistant autant que possible chaque fois que je passe à proximité d'un des nombreux écrans qui m'entourent, enfin j'apprécie le bienveillant altruisme de celles et ceux qui transmettent ce dont ils ont hérité.


Dans la série couteau suisse et manuel de survie, François Bon vient de publier deux longs articles sur son passionnant blog du Tiers Livre. Le premier s'intitule Twitter et comment s’en servir, soit "lire écrire veiller sur twitter – mode d’emploi en 26 notes et remarques, et réflexions personnelles sur quelques usages (et usagers) remarquables", le second liseuse, tablette : acheter quoi pourquoi ?, n'abordant "aucun conseil, chacun libre – juste les ingrédients du choix". Ces deux contributions remarquablement étayées raviront toutes celles et tous ceux qui se posent l'une ou l'autre question.

Les autres, ou les mêmes, se délecteront d'un site riche de fictions et expérimentations, de brèves de web et petites infos, d'une description du plateau de Saclay, de lecture numérique (publie.net, François Bon a fondé la première coopérative d'auteurs pour l'édition et la diffusion numériques de littérature contemporaine), de livres, d'art, de photos ou de musiques. On pourra le suivre jusque tard le soir @fbon sur Twitter (j'y suis moi-même sous @jjbirge, mais peu prolixe) ou l'accueillir à la gare si vous êtes matinal.

Illustrations : Tiers Livre / Monsù Desiderio (Musée des Beaux-Arts d’Orléans) choisi par FB (ce ne sont pas les initiales d'un réseau social, mais celles de l'écrivain).

vendredi 22 juin 2012

La boîte à musique programmable


Avec le temps le plastique s'effrite. Rien qu'à le frôler le cylindre crénelé est parti en morceaux. Panique à bord. Deux mille cinq cents personnes assis dans la nuit sur les gradins du Théâtre Antique et un silence mortel au moment où j'aurais tourné la manivelle ? Ma boîte à musique programmable fait partie de l'instrumentation du Prix Découverte des Rencontres d'Arles le 5 juillet. Antonin-Tri Hoang aurait su rattraper le coup avec son alto ou sa clarinette basse, mais les moustiques camarguais de fondre sur moi, alléchés par mes sueurs froides. L'horreur ! Vingt-cinq ans de bons et loyaux services pour finir par se désagréger à peine on l'effleure. Heureusement Lutèce Créations commercialise l'objet que j'avais acheté dans une boutique du Palais Royal. Miracle d'Internet, de la carte bleue et de la Poste, en arrive une toute neuve. Comme les vis sont au même endroit il n'y a qu'à la fixer sur la boîte à cigares servant de résonateur et le tour est joué. Des p'tits trous, des p'tits trous, toujours des p'tits trous, des trous de première classe percés avec la pince livrée avec, pour composer sa propre musique. Vingt notes seulement ; passer à trente-trois pour bénéficier d'une gamme chromatique est au-dessus de mes moyens. D'autant qu'il en existe de jolies virtuelles chez SonicCouture ou UVI ! Ce n'est pas pareil. Tournez, tournez manège, les petits bruits de la mécanique donnent une poésie inégalée.

jeudi 21 juin 2012

Comble de l'autodidacte


Si j'ai le même plaisir à composer de la musique personnelle ou de la musique appliquée, soit de ma propre initiative ou sur commande, je classerais mes œuvres en deux catégories, respectivement celles qui font directement référence à l'une des Histoires de la musique et les autres où mon inspiration va puiser ses sources dans d'autres médias. Je m'aperçois que j'ai presque toujours évité de monter des orchestres avec une rythmique basse-batterie comme mes camarades du jazz ou du rock. Mais je ne m'en suis jamais privé lorsqu'il s'agissait d'écrire une musique dans l'un de ces genres, ou de concocter un truc techno qui déménage. Pour l'exemple Un Drame Musical Instantané était initialement constitué d'un trompettiste, d'un guitariste et d'un polyinstrumentiste-synthésiste, soit une drôle de formation qui réunissait Bernard Vitet, Francis Gorgé et moi-même.
Ou encore. Ce mois-ci j'ai enregistré douze minutes de musique quasi symphonique pour accompagner la projection des photographies des lauréats du Prix Pictet lors des Rencontres d'Arles le 4 juillet prochain au Théâtre Antique. En découvrant mon travail, le "client" marmonnait au fur et à mesure des mouvements : "Penderecki, Wagner, Dutilleux..." Rien de conscient de ma part, juste le désir de répondre à un besoin, être utile. Car lorsque je compose pour des tiers j'obéis souvent à un système référentiel, comme tous mes confrères et consœurs, histoire de fournir des pistes claires au public. La différence est de taille : lorsque je joue librement, dans mes spectacles et mes projets personnels, les références ne sont presque jamais musicales. Les chercher dans mon quotidien, la vie politique et sociale, l'histoire et la géographie, mes lectures et mes sorties, et surtout le cinéma. Être autodidacte en musique m'octroie cette liberté ou cette contrainte, devoir inventer, faute de savoir. Diplômé de l'Idhec (devenu la Femis), je ne pouvais y prétendre pour les films. Ma cinéphilie faisait obstacle et ma culture générale me poussait vers l'encyclopédisme, tandis que mes incompétences musicales m'ont toujours obligé à imaginer des manières originales de contourner les obstacles.
Confronté à la commande, l'usurpateur se sait obligé d'y arriver malgré tout, et me voilà inventant des stratagèmes pour évoquer poétiquement faute de pouvoir reproduire scolairement. En cela, depuis le début des années 70 les nouvelles lutheries, acoustiques, électroniques et informatiques m'auront beaucoup aidé. Jouer d'un instrument rare ou construit spécialement pour moi me permet également de ne souffrir aucune comparaison tout en défrichant des terres inexplorées. Il n'empêche que, suivant les nécessités que réclament les commandes, je me suis plus d'une fois surpris à composer "à la manière de", faux Vivaldi, Prokofiev, Zappa ou imitant gauchement la musique populaire de notre époque, me jouant de manière perverse des références que je consomme d'habitude avec la curiosité de l'ethnologue. J'en retire la satisfaction du bon élève, mais lorsque cela ne ressemble à rien, me privant de tout espoir de rentabilité à court terme, le plaisir est à son comble.

mercredi 20 juin 2012

Bouquet final


Depuis que j'ai photographié ces fleurs exotiques j'en vois de toutes les couleurs. À commencer par le bilan carbone. Quelle quantité de kérosène a-t-il fallu griller pour rapporter des Antilles cette rouge Heliconia imbricata, ces Heliconia stricta qui ressemblent à des oiseaux de paradis ou même le petit ananas ? Fuyant les nuances de gris de mes congénères dont la dominante reste le noir je me repais des oranges vifs, du jaune citron, du rose fuschia et du vert fluo comme l'oiseau-mouche aspire le nectar nécessaire à sa survie. Ceux qui me jettent la pierre ont souvent la banane aux lèvres quand le thé fume dans leur tasse. Ciel, nous sommes cernés ! Combien de temps reste-t-il avant que nous ne puissions plus jouir de ces merveilles lorsque la note, économique et écologique, sera devenue inabordable ? Le déluge qui me survivra accompagnera-t-il une chape de plomb au-dessus de vos têtes ou le soleil brûlera-t-il jusqu'à vos pupilles en traversant l'azur sans ozone ?

mardi 19 juin 2012

Vinylmania


Il y a un fossé immense entre aimer la musique ou les beaux objets et la collectionnite aiguë, apanage de nombreux mâles célibataires. On a pu le constater avec le livre de Nick Hornby, High Fidelity, et son adaptation cinématographique par Stephen Frears avec John Cusack et Jack Black. Vinylmania de Paolo Campana promu par le Disquaire Day n'en a hélas pas l'étoffe. C'est marrant pour les fétichistes qui partagent la même passion, mais on n'apprend pas grand chose. Aucune étude scientifique sérieuse sur la différence entre analogique et numérique, aucune présentation de belles pochettes et il en existe pourtant d'historiques, plus intéressantes que celle d'Abbey Road, aucune analyse expliquant pourquoi les majors ont "menti" sur les qualités du CD et quelle est la réalité, aucun entretien avec de jeunes musiciens préférant revenir au vinyle, etc. Juste le beau timbre vocal du réalisateur italien arpentant la planète pour rencontrer des collectionneurs qui répertorient le nombre de disques en leur possession. La seconde galette (numérique !) de ce double DVD recèle néanmoins quelques pistes absentes du film. Il faudra donc continuer à creuser son propre sillon pour comprendre ce qui attire aujourd'hui les fondus du vinyle.


Lorsque j'étais petit il y avait encore des 78 tours à la maison. Chaque face ne pouvait restituer que quelques minutes, une ou deux chansons. Trop lourds à déménager, je me suis débarrassé de la majorité d'entre eux le siècle dernier. Mon père, dans sa période "critique", recevait des vinyles pour la jeunesse, 45 tours 17cm et 33 tours 25 et 30cm. Ces évocations "radiophoniques" ont bercé mon enfance et influencé plus tard mes compositions musicales. À 9 ans je gagnai mon premier disque, Les Touistitis de Paris, à un concours de twist à La Baule, organisé par France Inter. Claude François à l'Olympia fut le premier 33 tours que j'achetai avec mon argent de poche, gagné en allant acheter le pain, dix centimes par dix centimes. Bernard, qui tourna avec lui pendant plusieurs années, m'en a raconté de bonnes et de terribles que je relaterai lorsqu'il y aura prescription. Mon voyage à Londres en 1964 amorça l'engouement pour la musique, Rolling Stones et Beatles aidant. Comme cela coûtait assez cher j'enregistrais les collections des copains plus fortunés ou plus gonflés, capables de chaparder pour assouvir leur curiosité et leur soif de culture.
En 1975 je fondai GRRR, mon propre label, et publiai l'album devenu culte, Défense de de Birgé Gorgé Shiroc. Le catalogue comprend toujours les disques d'Un Drame Musical Instantané, Hélène Sage, Michèle Buirette, Bernard Vitet, mais en 1987 nous sommes passés au CD. Comme nous étions les premiers à vouloir jouir des possibilités offertes par ce nouveau support (le silence, la durée), il nous est resté quantité de 33 tours qui se vendent aujourd'hui surtout aux USA et au Japon. Je n'ai pas renouvelé ma collection de vinyles, pop, jazz, chansons, classique, opéra, qui occupe pourtant une place folle sur les étagères. La durée d'une face était idéale (au delà de 20 minutes la pause nécessaire pour changer de face est salutaire pour préserver une écoute fraîche et attentive). Les pochettes offraient aux graphistes une surface généreuse pour inventer. Je préfère goûter les œuvres sur les supports pour lesquels elles ont été créées, mais je suis loin d'être un puriste comme les collectionneurs que Paolo Campana a rencontrés pour son film Vinylmania (distribué par Dissidenz depuis le 5 juin).

À lire : Disque physique contre album virtuel

lundi 18 juin 2012

Attention chat méchant ?


Faux-semblant, en réalité Scotch baille devant les résultats des élections législatives, une mascarade qui relègue la démocratie à un écran de fumée camouflant la crise économique et la catastrophe écologique qui se profile. Il paraît que la BNF organisera une exposition Guy Debord au printemps 2013. La société du spectacle endort pourtant le chat tout autant. Question de style. Il n'est pas si bête. Aucune chanson, aucun tweet n'a de grâce à ses yeux, pas même ceux des oiseaux du jardin qui ont pourtant de drôles de noms. Toute cette agitation n'a aucun sens. Incapable de prendre les mesures qui s'imposent ou peu désireux de s'en prendre aux intérêts de la classe qu'il défend en sous-main, le parti social-traître depuis Blum sera balayé par la réalité. L'austérité a bon dos, la dette aux salopards ne fait que croître, les communautarismes se durcissent, le lait déborde à Fukushima... Les pauvres payent la casse, pas ceux qui la provoquent. La réaction pourrait être terrible. La médiocrité fait le lit du fachisme. N'attendez pas des vieux qu'ils vous sortent de là, c'est aux jeunes de comprendre qu'ils ont l'avenir entre leurs mains. La plupart préfèrent danser sur un volcan. On s'abrutit de jeux du cirque, de volume sonore, de machines célibataires, d'inutiles objets, de bondieuseries, de bonheur simulé, d'informations bidons, d'illusion du changement... Le chat s'en fiche. Il a le clos et le couvert, dîner et massage, il sera mort avant que ça pète. Il ne pense pas aux vacances. Il n'est pas responsable. Sorti faire un tour, le chat baille aux corneilles perchées sur le cèdre torturé du voisin. Au moindre rayon de soleil il calcule l'angle où s'allonger. Il suit sa course en roulant d'un flanc sur l'autre. Il aime la nature, sans trop s'aventurer. Son bilan carbone est excellent. Il nous renvoie l'image de notre vanité.

vendredi 15 juin 2012

L'assassin d'Elio Petri bientôt en salles


1961. On savait faire du cinéma. Entendre que les réalisateurs utilisaient encore les ressources de la lumière, du décor, du montage, autrement que pour rendre fluide la narration, sans la formater dans une pseudo réalité qui va du réalisme le plus plat aux effets spéciaux les plus bluffants. L'élégance des flashbacks contrastent avec les gros sabots employés aujourd'hui dans la majorité des productions. La musique n'appuyait pas forcément les émotions de façon redondante, des fois que l'on ne comprenne pas dans quelle ambiance on se trouve. Il existe encore de vieux dinosaures pour défendre ce cinéma de l'intelligence et quelques jeunots et jeunettes se battent heureusement pour que perdure le septième art laminé par l'industrie du divertissement.

Belle surprise donc avec ce premier long métrage d'Elio Petri que Carlotta ressort en salles le 20 juin dans une copie superbement restaurée. On connaissait Petri pour Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon et La classe ouvrière va au paradis, mais L'assassin donne envie de découvrir les méconnus Les Jours comptés (I Giorni contati), Il Maestro di Vigevano, La Dixième Victime (La Decima vittima), À chacun son dû (A ciascuno il suo), Un coin tranquille à la campagne (Un Tranquillo posto di campagna), La Propriété, c'est plus le vol (La Proprietà non è più un furto), Todo modo, Les mains sales (Le mani sporche), Buone notizie ovvero la personalità della vittima... Avec le temps qu'il fait et malgré la saison on dira tant mieux, encore des biscuits pour l'hiver !


L'assassin est un guet-apens psychologique dans lequel tombe un bel antiquaire cynique, attiré par le luxe et l'argent, à la fois coincé par la bureaucratie kafkaïenne et le pouvoir policier de l'époque, et par son propre sentiment de culpabilité. Le séducteur est accusé du meurtre de sa "vieille" maîtresse, remarquablement interprétés par Marcello Mastroianni et Micheline Presle. Mais c'est l'Italie d'alors qui est sur la sellette. L'humour n'exclue pas le travail documentaire ni la beauté plastique de l'architecture la critique politique. Le film se hisse facilement à la hauteur des chefs d'œuvre d'Antonioni et des meilleurs de la nouvelle vague, avec en plus un sens aigu de la lutte des classes.

jeudi 14 juin 2012

Du piquant dans la vie de Diabolo


Il s'en passe de belles en notre absence. Les dernières nouvelles animalières de La Ciotat avaient été tristes à pleurer. La pie apprivoisée avait été tuée par quelque prédateur après qu'un voisin idiot lui avait rogné les ailes pour ne pas qu'elle se sauve du quartier. Le jardin retrouve son sourire avec la naissance d'une fratrie de quatre hérissons. Comme il avait su faire ami-amie avec Pipie, Diabolo, le jeune Jack Russell partage une petite assiette de lait avec un des nouveaux arrivants qui n'hésite pas à mettre les pieds dans le plat.
La scène me rappelle un plan que je tournai à Sarajevo pendant le siège fin 1993. On y voyait un chat et deux pékinois laper la même assiette. Leur "maîtresse" avait les larmes aux yeux en demandant pourquoi les bêtes y arrivent quand les humains en sont incapables.

P.S. : une spécialiste m'écrit sur Mediapart pour me prévenir que les produits laitiers, ainsi que le pain, sont très dangereux pour les hérissons. Mieux vaut leur donner des croquettes pour chat et de l'eau. Une recherche sur le Net confirme cet avertissement.

Photo © Serge Alonso

mercredi 13 juin 2012

Histoire de l'art


Il y a quelque temps je me suis bêtement énervé contre une jeune étudiante en histoire de l'art que j'aime bien, mais qui répétait le discours du maître sans aucune distance. Ou plus exactement la distance n'existait qu'entre l'œuvre et sa critique, jugement à l'emporte-pièce qui me fit perdre patience et prendre brutalement la défense de tous les artistes qui souffrent ou ont souffert des petites boîtes dans lesquelles les tenants du pouvoir les rangent consciencieusement. L'ordonnancement rassure les universitaires, mais il expulse les indépendants qui tentent de tracer leur chemin à la machette dans la jungle, devenue celle du marché. L'histoire de l'art comme toute histoire officielle est celle des vainqueurs, entendre qu'elle est réécrite comme ça les arrange, en coupes saignantes, dictant leur loi aux praticiens. Maints journalistes et fonctionnaires de la culture répètent la même geste criminelle et le public de croire ces oukases, modelé par le bon goût et le formatage dont la télévision est l'exemple le plus explicite. À force de répétitions, les lieux communs deviennent la doxa. Les collectionneurs, heureusement moins disciplinés, guidés par leur seule passion, s'entichent parfois du hors-pistes, accordant un sursis ou une rémission aux condamnés à la disette.
Dans Le rebelle de King Vidor, il y a une scène extraordinaire, ce n'est pas la seule du film qui aborde l'intégrité de l'artiste et scrute la violence de la passion de façon exemplaire : le critique d'art Elsworth Toohey joué par Robert Douglas demande à l'architecte Howard Roark interprété par Gary Cooper ce qu'il pense de lui. Roark l'envoie promener sans même l'ombre d'un mépris, car il n'en pense rien et ignore royalement celui qui s'est acharné contre son œuvre par vain goût du pouvoir. Lorsqu'il ne s'agit pas de récupération, trop souvent le discours sur l'art fait figure de revanche contre celles et ceux qui ne peuvent faire autrement que créer. Il va de soi que leurs mondes dérangent, mais il y aurait des limites à ne pas dépasser, et ces limites sont fixées par des législateurs à qui l'institution a conféré autorité.
J'aurais certainement dû adopter la posture de Roark plutôt que de m'emporter contre la jeune étudiante passionnée ! Tant d'artistes en ont bavé des ronds de chapeau toute leur vie, certains ont acquis une gloire posthume, mais combien d'inconnus ont rendu l'âme de se retrouver ostraciser par cette société normative imposant ses critères à ce qui devrait échapper à la discipline. Le "discours sur" est bien une discipline. Ce qualificatif devenu substantif sied pourtant bien mal à l'expression artistique.
Cette stérile altercation m'est revenue à l'esprit en traversant l'atelier du plasticien Sun Sun Yip où trônent d'étranges objets en construction et en contemplant les vidéos (ci-dessous) des dernières sculptures d'Éric Vernhes. Son hommage à Walter Benjamin s'intitule En forme d'homme.


Mais ma préférée est son GPS#2 qui se déclenche à l'approche du visiteur.


Pour terminer ce billet rageur, recommandons l'écoute de Lélio ou le retour à la vie, suite de la Symphonie fantastique, où Hector Berlioz ne conte pas seulement ses amours malheureux, mais où il règle ses comptes avec la critique. Remarquable discours de la méthode, Lélio est une des premières œuvres de théâtre musical au sens moderne du terme, Berlioz scénographiant, entre autres, la mise en place de l'orchestre et du récitant...

Photo © Éric Vernhes

mardi 12 juin 2012

Joce Mienniel, Paris Short Stories (saison 1)


Paris Short Stories Saison 1 est loin d'être le premier enregistrement du flûtiste Joce Mienniel, mais c'est le premier album sous sous son nom seul et une réussite. Laissant de côté ses talents de compositeur il a choisi d'arranger des standards de notre époque signés Michel Portal, Sébastien Texier, Joni Mitchell, Frank Zappa, Björk, Jaco Pastorius et Lennie Tristano. Tous sont d'une très grande invention grâce à un alliage de timbres rares et la participation de musiciens de la nouvelle génération des jazzmen français ayant souvent étudié au Conservatoire et s'en étant brillamment affranchis. Pour cette aventure inspirée par les musiques de film les plus originales, entendre ici celles qui se démarquent des conventionnelles violonades hollywoodiennes et des illustrations redondantes, Joce Mienniel a réuni trois trios extrêmement différents. Chaque groupe interprète trois pièces et tous jouent à leur tour une courte version de Box 25/4 Lid de Hugh Hopper et Mike Ratledge qui clôturait le premier disque de Soft Machine. Mienniel sait ainsi magnifiquement marier flûte et flûte basse avec la trompette d'Aymeric Avice et la clarinette de Sylvain Rifflet, avec les claviers de Vincent laffont et d'Antonin Rayon, avec le piano préparé d'Ève Risser et les guitares de Philippe Gordiani. Ici et là les instruments bénéficient de traitements que les nouvelles technologies suscitent. Si l'influence américaine est incontournable, il est temps que les musiciens européens s'affranchissent des standards des débuts du siècle dernier tant notre patrimoine contemporain recèle de joyaux. Le résultat est ici remarquable, surfant sur des mélodies et des rythmes au potentiel populaire tout en en proposant une lecture personnelle et inventive. L'écriture rigoureuse met en valeur la qualité des interprètes et la richesse de l'orchestration déploie un éventail de scènes évocatrices où la musique n'est pas seulement le vecteur de la narration, elle en constitue le récit, enchevêtrant les histoires à la manière d'un film choral (Drugstore Malone).

lundi 11 juin 2012

La cage


Depuis la création au Centre Pompidou il y a six ans, c'était la première fois que nos 100 lapins jouaient dans une cage. L'opéra Nabaz'mob était à La Gaîté Lyrique à Paris ce week-end pour le Festival Parizone@Dream. Le public était invité à pénétrer dans la cage.
En tapant le titre j'ai immédiatement pensé au maître de l'indétermination en musique, John Cage. D'autant que hier matin j'ai reçu la visite de Lê Quan Ninh, percussionniste qui avait participé au grand orchestre du Drame il y a 25 ans et devenu un grand spécialiste de la musique du compositeur américain. Son centenaire (et le vingtième de sa mort) donne à Ninh l'occasion de tourner avec Cinq Ryoanji programmé à la Cité de la Musique le 15 décembre prochain. Il me parle aussi du spectacle Manivelles dont toute l'électricité est produite sur le plateau par les protagonistes sans avoir recours à EDF, astucieux système de dynamos et d'énergie musculaire ! Enfin, la pièce atonale de Charles Ives de 1906 intitulée The Cage me revient à l'esprit. La percussion joue le rôle du fauve qui tourne en rond. A leopard went around his cage from one side back to the other side. He stopped only when the keeper came around with meat. A boy who had been there three hours began to wonder, "Is life anything like that?".
En 2008 59 000 personnes s'étaient déplacées à Bercy Village lors de la Nuit Blanche, mais la capacité du lieu qui accueillait notre opéra était bien en dessous de la demande malgré la multiplication impromptue des représentations. La foule qui faisait la queue jusqu'à la Seine s'énervait en scandant "Libérez les lapins !".

vendredi 8 juin 2012

Nabaz'mob à La Gaîté Lyrique samedi et dimanche


Comme nous installons notre clapier ce soir tard à La Gaîté Lyrique je n'ai cette fois à proposer que des photos de la répétition. Pour en voir de belles, c'est ! Après trois ans d'absence à Paris, Nabaz'mob, notre opéra pour 100 lapins, est de retour dans le cadre de Parizone@Dream, festival de la créativité numérique. Nos bestioles seront exposées en installation non-stop de 14h à 20h demain samedi, et de 14h à 18h dimanche, dans une cage (à lapins) du Centre de ressources au 1er étage.
Également au programme Donald Abad, Charlotte Charbonnel, Collectif Anonyme, Catherine Nieky, Judith Darmont, Hugo Verlinde, Emilie Fouilloux, Djeff Regottaz, Scénocosme, sans compter les projections, conférences et concerts (Turzi & Hypnolove, Murcof & Vanessa Wagner)... L'entrée est gratuite : 3bis rue Papin 75003 Paris - Métro Arts et Métiers ou Réaumur Sébastopol.


Antoine Schmitt et moi-même serons présents le samedi de 17h à 18h, le dimanche de 16h à 18h...

jeudi 7 juin 2012

Revue de presse ce soir avec Jacques Rebotier


Cinquième et dernier épisode. Après Louis Sclavis, Élise Caron, Guillaume Roy et Joëlle Léandre, c'est à mon tour de rejoindre Jacques Rebotier pour la dernière Revue de presse de la saison... Je compte brancher Internet en direct sur la Mascarade Machine, jouer du Tenori-on, ressortir mon V-Synth et emporter divers instruments acoustiques tandis que Jacques Rebotier tombera enfin le masque ou relèvera le gant : allez savoir s'il lit entre les lignes ou si ses monologues imprécatoires et les litanies qu'il nous adresse sont les éclaboussures du quotidien... C'est également ma dernière intervention au Triton (Les Lilas) avant l'été.
Pendant ces cinq mois j'ai également dirigé les séances d'enregistrement de la musique des films que Corinne Dardé a réalisés autour du projet. Il s'agissait de poser La Question du moment à des enfants, de jeunes adultes, ou des retraités comme cette fois, de les faire illustrer par d'autres gamins et de proposer à deux élèves du Conservatoire des Lilas d'improviser la musique de la vidéo montée. Les films sont ensuite projetés pendant la Revue de presse ainsi qu'un petit condensé de l'épisode précédent... J'imagine que ce dernier épisode post-présidentielles et pré-législatives bénéficiera d'une approche très différente des quatre autres...


Tarif réduit sur présentation du flyer ci-dessus !

mercredi 6 juin 2012

Brain storming


Voilà une éternité que Nicolas Clauss et moi n'avons collaboré sur un projet personnel. Il était parti arpenter ses Terres arbitraires. J'accumule les premières en concert et les enregistrements numériques sur le site. Nous participons tous deux à la suite de 2025, mais nous sommes cadrés par la commande. Après les modules interactifs de Flying Puppet et l'installation des Portes, la version live de nos Somnambules avait été notre dernière apparition en public.
Un appel à projet pour iPad nous donne l'occasion de faire bouillir nos ciboulots. Rejoints par Sonia Cruchon qui chapeaute l'affaire nous travaillons à vitesse V. L'écriture collective donne des ailes, délie les langues et génère une tempête sous les crânes. Il suffit que l'un des protagonistes propose une idée pour les autres embrayent aussitôt. C'est fou le temps de gagné et l'efficacité de la méthode lorsque le seul enjeu est le plaisir d'inventer. J'élucubre à tort et à travers, Nicolas coupe les cheveux en quatre à raison, Sonia pose les questions embarrassantes. Il ne nous reste plus alors qu'à vérifier la faisabilité technique auprès de Nicolas Buquet.
Ces derniers temps la ruche bagnoletaise m'empêche de bloguer sur d'autres sujets que l'effervescence qui règne à tous les étages. Pas le temps de bouquiner, ni de regarder des films, ni courir les expos. Je bûche. Les stères s'entassent dans le jardin. Les lapins continuent leur manège au premier. La musique envahit le studio. Les affaires reprennent. L'iPad, de plus en plus répandu, suscite de nouvelles commandes. Gwen Catalá peaufine la maquette de mon second roman qui sortira sur publie.net avec une soixantaine de photographies, 30 minutes de vidéo, 75 de musique et une navigation interactive innovante. J'attends Sacha Gattino pour terminer la partition sonore des petits fantômes pour les Éditions Volumiques. 2025 ex natura adoptera le même support. Il me reste la nuit pour rêver, ou plus exactement l'exquise minute où je me réveille, les yeux engourdis, sans autre choix que de transformer l'inquiétude en (ré)solution. C'est incroyable comme être actif de 6 à 10 heures est productif. J'ai terminé la composition de Dark Power, une pièce symphonique pour Arles début juillet, réalisé quelques illustrations musicales pour d'autres montages photos, et je dois maintenant préparer les interventions live au Théâtre Antique.
Lorsque le soleil daigne montrer ses rayons, travailler en plein air joint l'utile à l'agréable. Les moineaux piaillent autant qu'ils peuvent. Les corbeaux ponctuent la scène de croassements fuzz et wah-wah. Les clochettes japonaises tintent. Mais pour écrire l'ombre est plus propice.

mardi 5 juin 2012

Performance improvisée - 4e mouvement


Dernier des quatre extraits, "Ce que l'on souhaite" affirme le rôle de chacun ce soir-là. À hurler dans le Zube Tube j'en perdrai la voix. Claudia Triozzi poursuit son rôle dramatique tandis que Sandrine Maisonneuve joue de tous les muscles de son corps avec humour et légèreté. Vincent Segal passe du coq à l'âne avec un esprit d'à propos époustouflant. Les trois lieux où mes instruments sont placés m'obligent à des traversées de l'espace scénique que j'effectue chaque fois avec un instrument portable, cloche tubulaire, Kaossilator sur haut-parleurs miniatures, flûte transparente, réverbération acoustique à ressort, etc. Une heure plus tard, nous avons l'impression qu'à peine dix minutes se sont écoulées.


Voir également les 1er, 2e et 3e mouvements.

L'after se déroulera jusque tard dans la nuit avec les cent lapins de Nabaz'mob en répétition chez nous au premier étage (ils seront samedi et dimanche à la Gaîté Lyrique) et une foule d'amis et de gens que nous ne connaissions pas dans le jardin sous une douce température estivale. J'ai demandé à Françoise Romand d'affiner le montage que j'ai préparé du film qu'elle a tourné, histoire de partager notre euphorie avec les absents. Quatre petits tours et puis s'en vont.

lundi 4 juin 2012

Performance improvisée - 3e mouvement


Sandrine Maisonneuve et Claudia Triozzi font mine de se synchroniser. Mes gestes contrôlent la Mascarade Machine sans la toucher. Vincent Segal qui a enfilé les talons aiguilles de Sandrine danse en s'accompagnant de kass-kass. "Inspiration" aboutit à une sorte de comédie musicale déjantée où le quatuor s'en donne à cœur joie. Certainement le mouvement le plus inattendu.


Voir également 1er mouvement et 2e mouvement.

vendredi 1 juin 2012

Performance improvisée - 2e mouvement


"Quand la vie donne des ailes"... Claudia Triozzi est passée de l'italien au français pour le deuxième mouvement. Le matin même Éric Vernhes avait soudé un jack à la crackle box qu'il venait de me construire. C'est la première fois que j'en joue. Cette soirée fut une longue addition de premières fois. Nous étions peut-être encore plus étonnés que le public par nos facéties, les seuls à savoir que rien, mais rien du tout, n'avait été prévu ni programmé. Rencontre impromptue sans autre filet que nos expériences individuelles.


Voir le 1er mouvement avec également Sandrine Maisonneuve et Vincent Segal.