Requête récurrente, nombreux amis et surtout amies me réclament une comédie lorsque vient l'heure de s'affaler devant le film de la soirée. Pourquoi faut-il que je craigne une grosse pochade quand il s'agit de ce genre de cinéma ? Est-ce la culpabilité de se laisser aller à la rigolade ou à la sentimentalité, ou bien la crainte de la vulgarité et de la facilité ? Pourtant l'exercice est souvent plus difficile que d'écrire un drame psychologique, de coller à la réalité et de se morfondre devant la cruauté du monde. Comme dans les polars qui laissent filtrer une forte critique politique ou sociale les comédies n'en sont pas dénuées, loin de là. J'en veux pour preuve l'astucieux et caustique Ça ne peut pas continuer comme ça ! de Dominique Cabrera dont nous ne manquerons pas de parler lors de sa diffusion à la télévision pendant la semaine du théâtre. Depuis ma dernière sélection et après avoir épuisé mes récentes acquisitions avec le rafraîchissant Et si on vivait tous ensemble ? de Stéphane Robelin, le farfelu Holiday de Guillaume Nicloux, le tatiesque La fée de Dominique Abel, Fiona Gordon, Bruno Romy et, en remontant dans le temps, les derniers Chatiliez qui m'avait échappé, La garçonnière, certains films d'Elio Petri, j'ai tenté le coup avec deux films français récents, Les infidèles et Mon pire cauchemar.

Les infidèles est un film à sketches français réalisé par Emmanuelle Bercot, Fred Cavayé, Alexandre Courtes, Michel Hazanavicius, Éric Lartigau, Gilles Lellouche et Jean Dujardin, ces deux derniers en interprétant chaque fois avec brio les rôles principaux. Loin d'être une apologie du machisme comme auraient pu le laisser supposer les deux affiches à scandale retirées des lieux publics, le film montre au contraire des personnages pitoyables aux prises avec une culture qui les étouffe (TF1). Quant à Mon pire cauchemar de Anne Fontaine avec Isabelle Huppert dans le rôle de la bourgeoise coincée et Benoît Poelvoorde dans celui du prolo rigolo, ses dialogues font mouche, pulvérisant au passage quelques préjugés tenaces sur les rapports de classes (Pathé). Les deux films dégagent même une finesse sur le sujet du sexe que l'on aimerait voir plus souvent dans les drames pesants dont le cinéma français a le secret bien gardé. Saluons encore l'excellence des comédiens, et donc de la direction d'acteurs, qui nous font croire à l'impossible au milieu des éclats de rire.