Une femme se plaint que l'électricité de l'appartement où elle vit est complètement à refaire. Son budget ampoules est colossal. Elle doit les changer tous les quinze jours. Comme nous pestons contre les ampoules soit-disant économiques dont la lumière blafarde donne une allure morbide à ce qu'elles éclairent, encore une belle arnaque, et que nous complimentons l'ambre clair de son lustre, elle nous révèle qu'elle achète ses ampoules à filament en Angleterre, car même en Allemagne elle a du mal à en trouver. Françoise s'étonne que cela fonctionne car les Anglais sont toujours en 110 V. La femme nous assure que cela n'a pas d'importance, mais que la mauvaise qualité de l'installation les fait claquer sans arrêt. Sceptique, je me renseigne. Il m'est confirmé que le moindre court-jus ferait disjoncter tout l'appartement ou du moins sauter l'un des fusibles. Je suis étonné que son bricolage tienne quinze jours, le 220 V grillant les bulbes british comme qui rigole.

J'ai attendu six mois pour annoncer Court-circuit, le dernier album enregistré au Studio GRRR, un duo improvisé avec Ravi Shardja (écoute et téléchargement gratuits). Avant chaque publication je demande évidemment le feu vert des musiciens avec qui je travaille. Cela prend parfois du temps. Ravi avait apporté sa mandoline électrique et un mélodica. La musique du groupe Gol, dont il fait partie, me ramène aux premières années d'Un Drame Musical Instantané, bricolage inventif un peu destroy. En enregistrant je pense au jeu du roman de Cocteau, Les enfants terribles, dont Jean-Pierre Melville tourna l'adaptation. À la fois tendre et cruel. La photo de la pochette prise au garage me soufflera le titre des cinq morceaux : Monocycle, Deux roues, Sur trois pattes, Déviation, Ex Aequo. La progression est évidente. Si ce 20 avril 2012 est électrique j'ai l'impression d'entendre deux écureuils galopant imperturbablement chacun dans sa roue motrice. Et ça roule !