70 juillet 2013 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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vendredi 19 juillet 2013

Pause annuelle


Toujours compliqué de s'éloigner longtemps de Paris, mais nous trouvons chaque fois de bonnes âmes pour prendre soin de la maison, d'autant que l'on peut espérer que l'été les laissera profiter du jardin. Ainsi Jonathan est enfin arrivé de New York pour prendre le relais...
Après Saint-Étienne, Arles, La Ciotat, Montpellier, nous grimpons dans les hauteurs pyrénéennes sans savoir exactement ce qui nous y attend. Cet hiver nous nous sommes enfoncés dans la neige jusqu'à la taille. Cette fois ce sont les inondations qui ont emporté la route qui monte vers Superbagnères. On nous a d'abord dit qu'une voie de dépannage serait construite sur une centaine de mètres d'ici notre arrivée à Luchon, car depuis la crue il fallait un bon 4x4 pour emprunter sur 30 km le chemin forestier permettant de rejoindre tout de même Lespone, beaucoup trop glissant pour notre Kangoo Pépite. La Pique a définitivement emporté l'auberge qui avait déjà subi une ablation provoquée par une terrible avalanche cet hiver. Plus bas le Lys a retrouvé son lit initial de 1925. Je crois que cette fois il y restera ! Les dernières informations indiquent que l'on peut passer entre midi et 14h, ou après 18h, pendant que les terrassiers ne travaillent pas...
Nous redescendrons dans un mois pour remonter vers la Corrèze où Elsa participe au spectacle Chroniques de résistance composé par Tony Hymas dans le cadre du festival Kind of Belou le 18 août à Treignac. Après on ne sait pas. J'aurai un peu travaillé là-haut, mon studio mobile aidant, et surtout nous nous serons affranchis de la perfusion Internet puisqu'il n'y a aucun réseau sur le flanc sud. Rendez-vous donc, sauf exceptions, dans un mois...

jeudi 18 juillet 2013

Passage en Catalogne


Quelques notes d'un voyage intime. Aller-retour éclair en Catalogne pour faire une petite visite à mon amie Brigitte qui, toujours aussi courageuse et volontariste, se bat bien contre la maladie. Bri avait monté les films L'avenir du futur et Le bruit du sel dont j'avais composé musique et partition sonore. Nous avons été plus tard longuement voisins à la Butte aux cailles. Installée depuis plus de trente ans en Empordà, elle et Pere nous ont reçus comme des rois pendant des années. Il n'empêche, le 17 janvier 1641 fut proclamée pour la première fois la république catalane, plus d'un siècle et demi avant la nôtre ! En 1982 le festival d'Ordis dont nos amis s'occupaient accueillit Hélène et moi pour une création autour de La Tramontane. Pierre-Étienne habite la maison d'à côté. De leurs terrasses on aperçoit Sant Pere Pescador. Les hirondelles viennent boire l'eau de la piscine sans interrompre leur vol. Chats et chien préfèrent l'ombre. En revenant je suis arrêté par la douane française qui me demande où je vais et d'où je viens. J'ai répondu quelque chose.

mercredi 17 juillet 2013

Saine lecture


Les toilettes sont une salle d'attente comme les autres. Ne rien y proposer à lire tient du non-sens ou de l'urinoir. C'est aussi une autre manière d'illustrer notre passage à Montpellier avec des amis chez qui nous sommes comme coq en pâte. Plutôt qu'une pile de revues ils proposent à notre concentration quelques aphorismes choisis collés au milieu d'icônes et de dentelles chinoises en papier rouge. Ainsi les papiers découpés murmurent :
- Pour la France d'en haut des couilles en or. Pour la France d'en bas des nouilles encore.
- Un crédit à long terme, ça veut dire que moins tu peux payer plus tu payes. (Coluche)
- Je pose mon argent à la banque qui le perd en bourse. J'en donne à l'État qui rembourse ma banque. C'est bien fait le capitalisme !
- Drôle de monde où l'on "gère" les enfants et où l'on "rassure" les marchés !
- Si nous avons chacun un objet et que nous les échangeons nous aurons chacun un objet. Si nous avons chacun une idée et que nous les échangeons, nous aurons chacun deux idées. (proverbe chinois)
- Il n'existe que deux choses infinies : l'univers et la bêtise humaine... Mais pour l'univers, je n'ai pas de certitude absolue. (A. Einstein)
- Les gens qui ne rient jamais ne sont pas des gens sérieux. (A. Allais)
- Si vous voulez que vos rêves se réalisent, ne dormez pas. (proverbe juif)
- Nous ne résoudrons pas les problèmes avec les modes de pensée qui les ont engendrés. (A. Einstein)
- Si tu ne choisis pas ta vie, le choix se fera sans toi par un chemin taillé à même ta chair. (J. Bousquet)
- Il vaut mieux pomper même s'il ne se passe rien que de risquer qu'il se passe quelque chose de pire en ne pompant pas. (principe de précaution shadok)
Etc.

mardi 16 juillet 2013

Philippe Gordiani, conducteur d'électricité


Si le rock est un enfant du jazz, les jazzmen semblent aujourd'hui de plus en plus s'inspirer du rock.
Après les douceurs de Charlie Christian, la guitare électrique acquit ses lettres de noblesse dans les délires psychédéliques des années 60. Les rockers s'en étaient saisis, mais il aura fallu un Jimi Hendrix pour lui faire véritablement rendre son jus. Il connaissait l'histoire pour l'avoir récitée dès ses premières années dans des groupes de rhythm & blues. Les doigts dans la prise, continu ou alternatif, le courant ne s'est plus jamais tari, électrocutant la planète qui recracha sa rage de vivre à la figure du vieux monde. Plus tard l'électronique tentera de le renverser, mais le geste instrumental lui fera toujours défaut. C'est par l'improvisation que le joint se fera entre ces faux frères ennemis. Les grands guitaristes du rock savent ce qu'ils doivent au jazz, une liberté qui fait éclater le format chanson pour privilégier les instrumentaux flamboyants. Le va-et-vient éclaire tous les espoirs. C'est un peu vite résumé, mais on n'a pas que cela à faire. L'été rallume les feux. Le conteur s'emballe. Les fusibles sautent comme des pois mexicains. La pochette du nouveau Lynch est explicite.
21 est le nouvel album de Philippe Gordiani à paraître en septembre sur le label collectif Coax. S'il vient du rock le plus inventif, celui de Frank Zappa, Hendrix, Soft Machine ou King Crimson, le guitariste a trouvé plus souvent des compères dans le milieu du jazz. C'est pratiquement le lot de tous les musiciens qui veulent s'affranchir des raideurs structurelles pour retrouver la liberté de la conversation. S'il apprit à dialoguer à bâtons rompus il est aussi fortement influencé par la scène new-yorkaise et par les minimalistes. Nombreux jeunes musiciens se prennent actuellement d'affection pour les répétitions de dervishes tourneurs de Terry Riley ou Steve Reich, et la nouvelle génération américaine, à l'instar de l'ensemble Bang on a Can, a su intégrer les guitares électriques à leurs compositions. Accompagné par un second excellent guitariste, Julien Desprez, et par le batteur Emmanuel Scarpa, Gordiani marie les distorsions de base à l'acidité d'autres cordes, toutes soutenues par un martèlement qui les pousse de temps en temps à certaines euphories paroxystiques. 21 pour 2 guitares et 1 batterie, 21 comme une ancienne majorité visée par les éternels adolescents que seront toujours les musiciens de rock, 21 comme ce siècle qui marche à reculons, 21 c'est renverser "1, 2..." pour commencer une nouvelle vie par la fin. Les parasites des pédales d'effets viennent s'ajouter à la rigueur des morceaux, du 220 volts à la découpe, un power trio sans les basses, mais avec les références tordues que l'instrument et la musique exigent...

lundi 15 juillet 2013

L'invitation au voyage de Bernard Vitet par Jean Rochard


Tant écrit sur le départ de mon ami Bernard, ma chandelle est morte, je n'ai plus de feu. J'emprunte sa plume à Jean Rochard pour écrire un mot. Sur son Glob Jean écrit :

Henri Duparc souffrait lorsqu'il écrivit ses mélodies, il cherchait une façon d'unir les mots et les notes pour qu'ils ne fassent qu'un et puissent ensemble sauver le monde. On n'a sans doute pas assez entendu leur extrême grâce. L'invitation au voyage, mélodie pensée par Henri Duparc sur les mots de Charles Baudelaire, fut composée lors du siège de Paris, durant l'hiver 1870/71, pendant l'absurde guerre (euphémisme) avec la Prusse. L'invitation au voyage est de toute beauté. C'était l'une des chansons favorites de Bernard Vitet. Lors de ses obsèques hier au Père Lachaise, Hélène Sage et Francis Gorgé l'ont jouée et chantée, avant Nuages de Django Reinhardt, prélude à une improvisation libre avec Hélène Bass, Jean-Jacques Birgé, Dominique Meens, Itaru Oki, Elisa Trocmé, Gérard Siracusa (Jac Berrocal et François Tusques les rejoindront plus tard). Instant délié au temps parcouru, le franc et ultime voyage de Bernard Vitet, en belle compagnie, s'est paré de la plus belle traduction de l'expression d'un cœur vaste, une quête dictée par le rêve. Pour toujours.

Et Jean de citer Baudelaire...

"Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde."

Beaucoup d'autres amis étaient venus, la crainte d'en oublier un seul m'empêche d'en citer aucun/e. Des musiciens, des musiciennes, avec ou sans instrument, car la musique était partout présente, sur les tombes ensoleillées, dans l'ombre du studio de musique de la rue Pelleport, dans nos cœurs chavirés... Merci aussi à toutes et tous pour vos messages de sympathie que j'ai fait suivre...

vendredi 12 juillet 2013

Blog en deuil


Les obsèques de Bernard Vitet ont lieu cet après-midi vendredi à 15h30 au Père Lachaise. Le rendez-vous est au Mur des Fédérés, ce qui aurait évidemment plu à Bernard. Il rejoindra ses parents, son épouse et l'un de ses fils dans le caveau de famille, près des sépultures d'Édith Piaf et Henri Salvador. Vous trouverez ci-dessous une sélection de textes publiés à l'occasion de sa disparition...

Bernard Vitet ne souffle plus par Jean-Jacques Birgé

Bernard Vitet est mort par Francis Gorgé / (éclairs) par Dominique Meens

Mort de Bernard Vitet, compositeur, trompettiste et multi-instrumentsite par Francis Marmande (Le Monde)

Bernard Vitet : Surprise Partie par Jean Rochard

Sa voix me manque par JJB

Hélène Sage a publié une photo de Bernard à Yport, pèlerinage récurrent sur sa Normandie ancestrale !

For music lovers who do not speak English, Benoît Delbecq wrote: The great Bernard Vitet passed away at the age of 79. Parisian Bernard Vitet - his nickname was Babar - has been a major actor of improvised music in Europe since the early sixties, a pioneer in many ways, a marvelous trumpet player, composer, arranger and a marvelous person as well. I was honoured to know him and record with him and Drame Musical Instantané, just once, quite some years ago, an unforgettable session. So long, Bernard. RIP.
and Wikipedia in English

Vous pouvez également écouter des centaines de pièces composées et interprétées, entre autres, par Bernard sur drame.org, le site des disques GRRR et d'Un Drame Musical Instantané...

La photo de Bernard, Francis et moi, prise dans la cave du 7 rue de l'Espérance à Paris, est due à Horace © 1979.

jeudi 11 juillet 2013

Ça mord quand ça veut


Si nous n'avions plongé en pleine mer la sortie en pointu eut été décevante. Pas la moindre pitée. Les lignes suivent le sillage sans broncher. Les gabians se lamentent avec les pêcheurs qui reviendront bredouille. Nous remontons sur le bateau en posant le pied sur l'hélice. Jean-Claude et Maurice se rattraperont demain aux rusquiers avec un succulent bouquet d'oblades.


Je lis dans la presse que de gros squales squattent l'océan du côté des Glénans, au large de l'Ile Tudy, ces requins-pélerins pouvant atteindre douze mètres de long. Si leurs mâchoires ont de toutes petites dents qui ne risquent pas d'entamer les jambons estivaux, la vision de leur nageoire dorsale pourrait provoquer quelques arrêts cardiaques que l'on attribuera évidemment à l'andouille ou au Kouing amann. À La Ciotat, évidemment à la hauteur de sa réputation marseillaise, elle dépasse l'imagination.

mercredi 10 juillet 2013

Comment j'ai cessé d'être juif


Entre deux trains anodins, Vincent Segal m'appelle d'une gare comme il le fait souvent, globe-trotter infatigable, son violoncelle sur l'épaule et sa faconde concurrençant son sourire. Il me conseille vivement la lecture du dernier livre de l'historien israélien Shlomo Sand dont l'épais Comment le peuple juif fut inventé m'avait passionné. Comme je lui dis qu'il prêche un convaincu, mon ami insiste sur la clarté de l'ouvrage, précisant que c'est un petit fascicule qui se lit d'une traite.
Shlomo Sand explique d'emblée qu'il n'écrit pas pour les antisémites qu'il considère incultes ou atteints d'un mal incurable. Quant aux racistes plus érudits, il sait ne pouvoir les convaincre. Il écrit donc pour tous ceux qui s'interrogent sur les origines et les métamorphoses de l'identité juive, sur les formes modernes de sa présence et sur les répercussions politiques induites par ses diverses définitions.
Je retrouve toutes les questions qui animèrent mon enfance et mon adolescence. Comme l'énonçait Jean-Paul Sartre c'est l'antisémite qui crée le juif laïc. Je n'échappai pas à la paranoïa dès lors que ce qui était arrivé à mon grand-père, envoyé à Drancy et Auschwitz, gazé à Buchenwald, était susceptible de se reproduire à l'égard du gamin de cinq ans qui tentait de comprendre pourquoi lui… Cette attitude me quitta doucement avec l'apparition d'autres formes d'assimilations identitaires liées à ma prise de conscience de la lutte des classes ou aux mouvements de la paix. Ainsi dès 1967 je fus choqué par la politique d'Israël et dus rappeler mes origines pour pouvoir critiquer cet état colonial antidémocratique sans que quiconque puisse me traiter d'antisémite.
Heinrich Heine ne pouvait avoir la nationalité allemande ou le père de Sand être polonais, parce qu'ils étaient juifs. Quid du palestinien qui doit porter "arabe" sur sa carte d'identité ? Comment le vivrions-nous en France si l'on nous imposait ces caractéristiques identitaires antirépublicaines ? J'ai déjà beaucoup écrit sur le colonialisme que les mensonges ont camouflé toute mon enfance. S'appuyant sur la mauvaise conscience de l'occident, la caution que la diaspora apporte à la politique israélienne est dangereuse et criminelle.
Shlomo Sand reprend la genèse de l'histoire des juifs pour comprendre l'incroyable storytelling qui a créé une identité fictive de toutes pièces à travers les siècles. Il ne confond pas race hypothétique et religion, encore moins cette suicidaire collusion avec l'État. Il analyse clairement les processus qui nous ont amenés là et dont le christianisme paulinien est souvent à l'origine, branche concurrente du judaïsme rabbinique. Il rappelle aussi que les musulmans appelaient les juifs "gens du Livre" dans le Coran quand les chrétiens manifestaient leur impossibilité à accepter un autre monothéisme…
Si Shlomo Sand critique La liste Schindler de Steven Spielberg ou certains aspects de Nuit et brouillard d'Alain Resnais, il attaque violemment le film Shoah de Claude Lanzmann, directement soutenu par le gouvernement israélien, qui montre les paysans polonais, incultes et miséreux, semblant aussi coupables que les nazis allemands cultivés, alors qu'il y eut deux millions et demi de juifs polonais, mais autant de catholiques polonais déportés dans les camps d'extermination. Il n'y est évoqué que les six millions de juifs, mais pas le total de onze millions de victimes de cette industrie de la mort : tziganes, résistants et opposants, communistes et socialistes, témoins de Jéhovah, intellectuels polonais, commissaires et officiers soviétiques, homosexuels… Et neuf heures de film sans que ne soit mentionné un seul train provenant de France, la mémoire de l'Europe des Lumières s'en tire bien et l'exclusivité du génocide est bien défendue !
Mon compte-rendu est maladroit. Je voudrais citer les 138 pages de ce petit livre, admirable démonstration de ce professeur d'histoire contemporaine à l'Université de Tel Aviv qui fait écho aux films d'Eyal Sivan ou de Simone Bitton, des Israéliens qui ne veulent pas renoncer face à l'injustice et à l'absurde.
La judéité est une religion. Israël est un état. Le juif laïc se réfère à une tradition qui n'existe plus, à des réflexes qui n'ont plus lieu d'être. L'israélien Shlomo Sand assume ainsi courageusement : supportant mal que les lois israéliennes m'imposent l'appartenance à une ethnie fictive, supportant encore plus mal d'apparaître auprès du reste du monde comme membre d'un club d'élus, je souhaite démissionner et cesser de me considérer comme juif. Indispensable. (Ed. Flammarion, Café Voltaire)

mardi 9 juillet 2013

Sa voix me manque


J'adorais son timbre de baryton Martin. Une voix chaude et veloutée, attentive et répondante. Même après avoir travaillé ensemble toute la journée, nous pouvions passer plus de trois heures le soir au téléphone à réfléchir à ce que nous avions enregistré ou à refaire le monde. L'un et l'autre étaient indissociables. Nous appelions nos échanges "philosophie de bistro". Les forfaits téléphoniques n'existaient pas, les portables non plus. Au bout du fil Bernard Vitet pouvait corriger mes textes à leur simple écoute. Lui qui n'écrivait jamais enregistrait tout dans sa tête et sa précision critique est restée jusqu'au bout redoutable. Son jeu de trompette ressemblait à sa manière "pausée" de parler, son grave du bugle, de préférence devant un SM58 pour éviter toute brillance. Il ne s'interdisait pas pour autant les éclats, pour défendre un animal, pour nous surprendre par un éclair zébré et métallique, pour rire. Chaque mot que je frappe me rappelle une situation. Nous en avons tant vécues depuis ce jour de 1976 où, à l'autre bout de la scène sur laquelle nous avions joint Opération Rhino pour soutenir la clinique antipsychiatrique de La Borde, il jouait de la percussion avec des bouteilles de bière vides jusqu'à les faire exploser. Les autres musiciens s'écartaient anxieusement du verre brisé qui l'entourait, comme un cercle de feu qui le protégeait d'un désespoir amoureux. Il avait été séduit par les sons inouïs de mon ARP 2600. Pendant trois jours nous avons parlé, parlé. Nous ne nous sommes plus quittés. Trente-six ans d'amitié.


Sa voix était du miel (ci-dessus la maquette inédite d'une chanson composée ensemble écoutable avec FireFox ; iPadistes, utilisez l'appli Puffin pour lire du Flash!). Son sens du paradoxe l'incitait à penser que le miel traversait le verre puisque les pots étaient toujours poisseux. Sa voix traversait toutes les matières, mais aucune n'était poisseuse. Nous avons accumulé les succès, succès de fabrique, succès de camaraderie, succès d'estime aussi comme il appelait cela en opposition au succès populaire. Lorsque Francis Gorgé a quitté Un Drame Musical Instantané en 1992, nous avons imaginé prendre une année sabbatique pour faire seulement ce qui nous plaisait, et de ce jour nous n'avons jamais tant travaillé, parce que tous deux avions choisi alors de faire des chansons. Après des années à improviser, à composer pour des orchestres, du nôtre au symphonique, à monter des spectacles gigantesques, nous avions besoin de retrouver nos voix, celles de notre enfance, espérant naïvement renouveler la chanson française. Nous avons tant rêvé ensemble.

Francis a mis en ligne L'invitation au voyage par Charles Panzera pour célébrer sa cruelle disparition. On ne pouvait trouver mieux. Cette mélodie de Duparc sur le texte de Baudelaire l'accompagna toute sa vie. Il l'a chantée la première fois avec Francis à la guitare pour accompagner La chute de la Maison Usher de Jean Epstein en 1980. Nous l'avons enregistrée plus tard dans le cadre du grand orchestre du Drame. Il en fit une nouvelle version avec Hélène Sage au piano. Son texte dessine la triste actualité dont il est le héros. Dominique Meens a écrit un beau texte à la suite de celui de Francis. Comme Jean Rochard sur son Glob, Francis Marmande dans Le Monde, et les dizaines de témoignages reçus par mail, téléphone, FaceBook, etc.

La photo est l'une des dernières où il allait encore bien, peut-être sa dernière sortie vraiment libre. Scotch se laisse câliner par notre ami, l'ami des bêtes. Nous avions organisé un dîner avec Benoît Delbecq. Bernard avait enfourché sa Harley, mais elle lui était devenue lourde. Les trois années qui suivirent furent pénibles, entrecoupées de séjour fréquents à l'hôpital pour des problèmes respiratoires qui ne l'empêchaient pas de continuer à cloper. Nous avons appris que deux jours avant de rendre son dernier souffle il fumait un pétard en cachette dans le jardin de l'hosto, comme un gamin. Nous reconnaissions l'état de sa santé au timbre de sa voix. Dans les mauvais moments elle devenait blanche, aphone. Un vrai thermomètre. Lorsqu'il retrouvait son grave nous savions qu'il était tiré d'affaire. Momentanément. C'est elle que j'entends dans mon sommeil, qui me réveille au milieu de la nuit et qui me pousse à écrire ce matin tandis que le jour se lève.
Je vais remonter à Paris. Ses obsèques auront probablement lieu vendredi après-midi au Père Lachaise... Je ne manquerai pas de donner ici les précisions dès que la cérémonie sera fixée.

(bas), tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

lundi 8 juillet 2013

Arles est derrière nous


Les expositions durent jusqu'au 22 septembre, mais nous avons repris la route, nourris grassement par cette semaine arlésienne où la profusion de photographies laisse à chacun/chacune le choix de faire son petit marché des plaisirs pour mirettes. Les dernières Soirées des Rencontres de la Photographie au Théâtre antique se sont terminées dans la joie et l'allégresse, scènes de comédie où il fut délicieux de rire, parfois à gorge déployée, en particulier avec la prestation d'Erik Kessels. Le Hollandais présenta son travail de publicitaire, ses photos trouvées, collection de ratés ouvrant sur tant de spéculations scénaristiques que son humour éclairait d'un regard caustique et bienveillant.
Deux jours plus tôt la Tramontane faillit nous faire annuler le spectacle. C'eut été une première depuis douze ans où nous bravons la canicule et la tempête. Tandis que le vent risquait de faire exploser l'écran géant, le petit film sur Gilbert Garcin fut une bouffée d'air frais. Le retraité octogénaire expliqua son parcours et ses méthodes originales pour réaliser ses fables morales surréalistes où son personnage en papier découpé erre sur des aires désertes à la recherche de questions sans réponse.


Sacha Gattino accompagna en direct les projections des lauréats du Prix Découverte avec la précision et la fantaisie qui dessinent sa marque de fabrique. Il interpréta ses compositions au clavier/échantillonneur, à la cithare jouée aux baguettes et à la guimbarde.
De mon côté j'avais choisi le Kronos Quartet et Homayun Sakhi pour illustrer les cinq saisons afghanes de Simon Norfolk pour le Prix Pictet. En Afghanistan la cinquième est celle de la catastrophe !
Vendredi douze autocars conduisirent les festivaliers jusqu'à Salin de Giraud pour une nuit étoilée exceptionnelle. Quatorze écrans éparpillés dans le village déversèrent le flot d'images choisies par les agences. Encore une agréable surprise, surtout que les moustiques n'avaient pas reçu leur accréditation. Reste à espérer que l'argent n'aura pas le dessus sur l'intelligence et que les Rencontres de la Photographie se perpétueront dans les années à venir, malgré les travaux urbanistiques et les intrigues qui risqueraient de faire disparaître le plus grand festival mondial du genre si les pouvoirs publics n'y prenaient garde.

N.B.: on peut voir les enregistrements de ces Soirées sur le site des Rencontres.
Shadows de Hiroshi Sugimoto accompagnée par la harpiste Hélène Breschand
Transition, paysages d'une société, douze photographes en Afrique du Sud, accompagné par le batteur Edward Perraud
Lauréats du Prix Découverte accompagnés par le claviériste Sacha Gattino
Simon Norfolk
In Almost Every Picture d'Erik Kessels… Et même la prestation de l'an passé d'Elliott Erwitt avec la vibraphoniste Linda Edsjö rejointe par le saxophoniste Antonin-Tri Hoang and myself (1 2)...

vendredi 5 juillet 2013

Musique pour autocars


J'ai réalisé une création musicale pour le voyage d'Arles vers Salin-de-Giraud plutôt excitante. S'y tient pour la première fois ce soir la Nuit de l'Année, une quinzaine d'écrans disséminés dans le village situé à quarante kilomètres du centre d'Arles. J'ai donc enregistré un programme de cinquante-deux minutes composé de pièces originales et d'ambiances provençales, soit un bestiaire figurant, entre autres, flamands roses, manade de taureaux et chevaux, grillons, oiseaux de nuit et le terrible moustique arlésien qui attaque au crépuscule pour peu que l'on ait oublié de s'enduire d'un produit monstrueusement toxique (Insect Écran pour zones infestées est l'un des rares efficaces) ! La musique se devait d'être sobre : marimba, Array mbira, Cristal Baschet, Glassarmonica, cloches de verre jouées à l'archet, piano préparé, sans oublier les guitares en clin d'œil aux gitans de Camargue. Ayant composé ce dynamique nocturne en imaginant que les sons du CD se mêleront au moteur du car et aux conversations des passagers, j'ai favorisé les animaux dans le mixage, moins faciles à identifier que la musique au milieu du bruit ambiant. Quelques surprises sont venues s'y glisser, mais je ne les dévoilerai évidemment pas avant ce soir ! L'ensemble constitue une création radiophonique qui rappellera à beaucoup dans son concept la Music for Airports de Brian Eno en 1978, mais qui fait également référence à mon projet Création par les sons d'espaces imaginaires créé la même année et sous-titré "une métamorphose critique d'un espace livré à l'illusion"... Les douze cars feront la navette jusque tard dans la nuit, mais la partition ne sera jouée qu'à l'aller.

N.B.: comme chaque année l'identité graphique des Rencontres est dûe à Michel Bouvet, cette fois un cygne blanc pour le thème Arles in Black. Coïncidence amusante, Michel et moi avons découvert il y a seulement deux ans que nous étions cousins, nos grands-pères maternels, Gérald et Roland, étant frères ! Nous nous sommes trouvés ensuite plus d'un point commun, d'autant qu'il n'y eut pas tant d'artistes dans la famille... Merci à Tata Arlette, plasticienne toujours en activité à 88 ans, d'avoir fait le joint !

jeudi 4 juillet 2013

Bernard Vitet ne souffle plus


Bernard Vitet était mon père, pendant 32 ans j'avais été sa mère. Cette double métaphore illustre les liens qui nous unissaient. Nous avions 23 ans Francis Gorgé et moi lorsque nous avons rencontré Bernard et fondé Un Drame Musical Instantané en 1976. Comme à tant de musiciens avant nous et après nous il nous apprit les ficelles du métier. Je ne dis pas ficelle pour éviter le mot corde car il n'était pas superstitieux, mais les siennes, énormes, dénouaient les mauvaises habitudes en cherchant systématiquement la contradiction. Il n'avait qu'une chance sur deux de se tromper en inventant des évidences que personne n'eut pu imaginer. Soufflant dans sa trompette comme il parlait, en soignant le silences aussi bien que les notes : un velours mat glissait dans l'estomac comme son café-calva et remontait telle une flèche décochée depuis le diaphragme. Non, ça venait de la nuque, "comme si on recrachait un brin de tabac collé sur les lèvres". Le vin rouge, le tabac brun et les pétards l'auront tout de même conservé jusqu'à l'âge de 79 ans, un record si l'on songe à sa vie, réglée comme du papier à musique, mais quelle drôle de composition ! Elle pouvait souvent sembler avancer en dépit du bon sens. Cela ne le gênait pas. Il adorait les paradoxes, les contrepèteries et les équations expérimentales. De ce côté il n'avait pas son pareil, excité par toute nouvelle expérience tout en cultivant une nostalgie empreinte d'une culture générale qui nous surprenait toujours. Sa présence à un repas faisait monter d'un cran le niveau intellectuel de toute la tablée. Fin latiniste, amateur de littérature, compositeur féru de Bach, Schönberg, Monk et Guillaume de Machaut, on sait l'importance que Miles Davis exerça sur ses jeunes années. Son incroyable biographie en dit long sur son éclectisme qui n'eut d'égal que son intégrité musicale. À partir de notre rencontre il consacra ses activités essentiellement à notre collaboration au sein d'Un Drame Musical Instantané pour lequel nous avons cosigné plusieurs centaines d'œuvres ! Avec dix-huit ans d'écart, j'écris qu'il était mon père au su de tout ce qu'il m'apporta, sur la composition, l'improvisation, la philosophie, l'art de ne jamais prendre pour argent comptant les us et coutumes. Son sens de l'organisation légendaire, c'est un euphémisme, m'obligeait à emporter en double ses partitions, à lui rappeler quatre fois le moindre rendez-vous sans n'être jamais certain qu'il l'avait enregistré. Je l'ai materné toutes ces années, car il se souciait peu de l'intendance ! Par contre il prenait extrêmement soin de son apparence, vestimentaire ou pelliculaire. Les derniers jours il était devenu un beau vieillard, hélas trop amaigri pour lutter contre son insuffisance respiratoire et les médicaments qui l'affaiblissaient d'autre part. Je n'ai pas fini de l'évoquer dans cette colonne. Sa perte est immense, pour moi, mais surtout pour le monde de la musique pour lequel il n'avait d'ailleurs qu'un intérêt mitigé. Seule la musique, les arts, la politique et l'amitié avaient grâce à ses yeux. Ils se sont fermés. Il ne soufflera plus. Heureusement les traces sont audibles et il continuera à vivre dans nos oreilles et dans nos cœurs.

Come Back, South Africa


Pas facile d'écrire mon article sur la seconde soirée des Rencontres d'Arles le jour de la mort de mon camarade Bernard Vitet. Il avait accompagné une soirée mémorable de non-remise des prix l'année de la grande grève des intermittents, nous avions joué trois heures et demie avec le violoncelliste Didier Petit et le percussionniste Éric Échampard. En 1995 nous avions fait une tournée en Afrique du Sud pour commémorer le centenaire du cinématographe avec l'accordéoniste Michèle Buirette et Les vampires de Louis Feuillade. Nous ne pouvions le détacher des manchots du Cap qu'il n'eut de cesse d'approcher avec la patience qui le caractérisait. Deux ans plus tôt j'avais filmé Idir-Johnny Clegg a capella au moment de l'assassinat de Chris Hani et commencé à comprendre que mes préjugés sur ce pays étaient systématiquement contrariés par la réalité quotidienne. Je n'avais jusque là comme référence que l'incontournable film de Lionel Rogosin, Come Back Africa, dont je possède toujours une copie 16mm. Fiction tournée clandestinement dans les townships, c'est un témoignage unique sur l'apartheid.


La seconde partie de la Soirée des Rencontres au Théâtre antique me renvoie à ces voyages sur l'hémisphère sud. Elle présentait le regard le plus récent de douze photographes, six Français et six Sud-Africains, sur le paysage social de ce pays où en définitive peu de choses ont changé depuis la fin de l'apartheid. Les noirs sont toujours les pauvres, même si une moyenne bourgeoisie a fait une timide apparition, et le pays est toujours dirigé par l'argent des blancs. Le passionnant témoignage de la photographe Zanale Muholi (photo en haut d'article) montrait que la ségrégation est restée vivace, entre noirs et blancs (couleur du thème de cette année !) comme entre hommes et femmes, alors que dire des genres ? Ses images n'ont rien de pittoresque, les traditions sont ancrées dans le paysage. Pour cette Transition, titre du projet auquel ont participé Pieter Hugo, Santu Mofokeng, Zanele Muholi, Cedric Nunn, Jo Ractliffe, Thabiso Sekgala, et du côté français, Philippe Chancel, Thibaut Cuisset, Raphaël Dallaporta, Patrick Tourneboeuf, Alain Willaume ainsi que le belge Harry Gruyaert, partagés entre le souvenir et l'oubli, nous avons traversé les mines et les guerres, la violence et la beauté, l'amertume et l'espoir. Cette passionnante plongée, sorte de survol à ras de terre sud-africaine projetant la diversité des regards et la dureté d'une société qui paye lourd son passé, était accompagnée par les baguettes du batteur Edward Perraud qui fit des prouesses de brodeur pour renvoyer la balle aux douze orateurs. Encore une fois la musique transforma l'exposé en spectacle en réponse aux projections de l'équipe de Coïncidence composée des réalisateurs Olivier Koechlin, François Girard dit Gila et Valéry Faidherbe. Edward s'appuyait sur le débit des voix, transformait ses sons électroniquement pour faire vibrer le sous-sol, jonglait pour rythmer les vues d'un pays dont la tradition musicale est essentiellement vocale. Cette fantastique épopée était précédée d'une excellente cuvée des lauréats du Prix Leica Oskar Barnack accompagnée entre autres par des enregistrements de Laurent Rochelle choisis par François Tisseyre.

mercredi 3 juillet 2013

Le théâtre d'ombres d'Hiroshi Sugimoto


Arles in Black. C'est bien le jour et la nuit au Théâtre antique lorsque des musiciens accompagnent les projections en direct ou si les montages photographiques ressemblent à des films de banc-titre. La musique vivante transforme la cérémonie en spectacle. Engager des improvisateurs capables de réagir au moindre mouvement des orateurs fait léviter l'amphithéâtre de pierre. Nous créons la surprise, indispensable au spectacle vivant. Tout le monde y gagne, sur tous les tableaux…


Hier soir la complicité entre le photographe Hiroshi Sugimoto et la harpiste Hélène Breschand permit au public de se plonger dans une œuvre originale où l'art conceptuel devenait tangible. La contemporanéité de la musicienne pinçant, frappant, frottant, électrisant son instrument était parfaitement en harmonie avec les halos de bougie, les ombres grises, les à-plat de couleur des polaroïds du maître japonais qui, loin d'être compassé maria l'humour et l'humilité à l'évocation de son parcours artistique. L'adéquation commentée, chacun, chacune à sa manière, sortait l'œuvre de sa vénération pour lui offrir l'évidence de l'immédiateté. La photographie, quel que soit le temps de pause, est un art de l'instantané.

mardi 2 juillet 2013

Ouverture des Rencontres de la Photographie, Arles


Que pouvons-nous espérer de la photographie ? En attend-on une vision nouvelle ou la reconnaissance de ce que nous pressentions déjà ? Devons-nous immanquablement faire le grand écart entre nous rassurer d'un "ah c'est bien lui !" ou nous exclamer "c'est incroyable !" ? Quel rôle entend jouer le photographe par sa présence sur les lieux du crime ? Là où l'afro-américain Gordon Parks reprenait le pouvoir volé à son peuple en affirmant magistralement son identité, le chilien Alfredo Jaar joue sur les deux tableaux, dénonçant la responsabilité de sa profession tout en insistant sur le pathos que ses clichés produisent. Le collectionneur Erik Kessels s'interroge sur les millions d'images produites par le passé et sur leur exponentielle prolifération ; les imperfections qu'il traque sur les marchés aux puces sont le lot des amateurs, étymologiquement ceux qui aiment, et sa psychanalyse de l'absence, de l'effacement, des taches ou du flou en dit plus long que toutes les légendes justificatrices. Les autoportraits de Gilbert Garcin forment un recueil de fables surréalistes dont la morale est laissée au spectateur et Guy Bourdin savait que la mode réfléchit les facéties de son temps tandis que le regard de Sergio Larrain aiguise notre troisième œil pour saisir les causes sociales de ce que nous pensons connaître. Partout dans Arles l'accrochage est particulièrement réussi cette année, les labyrinthes révèlent des trésors cachés et nous n'en sommes qu'au premier jour.


Si les revendications politiques, très présentes dans cette nouvelle édition des Rencontres de la Photographie, ont la pertinence de l'urgence, les vues de Mars bouleversent notre rapport à l'univers, bien au delà de la mort. Ici comme ailleurs les visions à long terme laissent poindre l'espoir. La délicate partition de Dominique Besson nous met en condition pour admirer les invraisemblables images de la planète rouge, ici photographiée en noir et blanc, Arles in Black oblige, et rassemblées par Xavier Barral. Du cristal du vent et des crépitements de l'eau émerge finalement un éclair métallique. Est-ce la sonde de la Nasa passant à 300 km au-dessus de ces matières dont la taille serait difficilement évaluable (infiniment petite ou grande ?) si l'on ne savait que chaque image projetée a une base de 6 km ? La variété et le détail des paysages, leur profondeur, leurs cicatrices, laissent entrevoir une histoire insoupçonnée.


Le plus beau voyage de cette longue journée dont je ne peux énumérer toutes les stations sans devenir fastidieux, mais qui se poursuivra jusqu'au 22 septembre, et pour nous qui nous occupons des Soirées au Théâtre antique jusqu'à samedi.

Illustrations : 1. Erik Kessels, 24h de photographies (détail) 2. Mars (4 écrans) 3. Barkhanes dans une zone de cratère. Avec l’aimable autorisation des éditions Xavier Barral/NASA/JPL/University of Arizona

lundi 1 juillet 2013

Halte lumineuse chez les PapiersPeintres


Halte lumineuse chez les PapiersPeintres à Saint-Étienne. Françoise termine son film sur le couple d'affichistes Ella & Pitr dont la sortie du DVD est prévue le 17 décembre. L'éditeur Jarjille vient de publier un nouveau livre pour les enfants sages les invitant "à déborder un peu du cadre afin de ne pas rester là, plantés comme des images". Renverse ta soupe est décliné sous quatre couvertures sérigraphiées différentes.


Ils ont également réalisé les illustrations du programme du Centre dramatique national de Montluçon et de celui de la Comédie de Saint-Étienne. Pour Le Fracas l'an passé ils avaient collé de gigantesques affiches dans les rues de la ville qu'ils avaient ensuite prises en photo ; cette année ce sont de minuscules affiches qui illustreront le programme. Pour La Comédie ils se sont lancés dans des anamorphoses géantes à la manière de Georges Rousse.
Ils n'arrêtent pas. Leur appartement ressemble à une installation où le côté pratique rivalise avec la fantaisie graphique. Si leur quotidien familial avec leurs deux jeunes fils, Piel et Aki, alimente leurs créations, ils s'appuient sur la moindre faille des murs pour imaginer une œuvre appropriée, comme lorsqu'ils collent dans la rue.