En musique classique, le quintette à vent est un ensemble de musique de chambre composé d'une flûte, d'un hautbois, d'une clarinette, d'un cor et d'un basson ou d'un autre instrument de chaque famille : piccolo, cor anglais, clarinette basse... Son répertoire s'est particulièrement développé au XXe siècle avec ce que l'on a coutume d'appeler la musique contemporaine. Mais que signifie ce terme ? La réponse est on ne peut plus simple : qui est de notre temps. Or il existe tant de temps concomitants que selon les milieux sociaux le terme pourrait aussi bien s'appliquer aux pires variétoches que déverse la télévision qu'aux recherches artistiques les plus pointues. Sous ma frappe il s'agit évidemment de souligner la chronicité la moins formatée, soit une démarche qu'il serait plus juste de qualifier d'anachronique ! Le serpent se mord la queue. Le serpent est l'ancêtre du tuba, mais il n'a rien à faire dans ce quintette. Alors ?
Alors Cinque Terre, le premier album de l'Ensemble Art Sonic, est un pur ravissement. D'abord parce qu'il ne suit pas la mode, ni celle des cénacles de la musique contemporaine officielle, ni la petite boîte étroite dans laquelle les marchands voudraient enfermer les jazzmen. Leur musique inventive ne craint ni un certain néoclacissisme impressionniste, ni la musique répétitive des minimalistes américains, ni les recherches de timbres héritées de leur travail sur le souffle assisté par ordinateur. En concert le flûtiste Jocelyn Mienniel et le clarinettiste Sylvain Rifflet poursuivent leurs recherches sur la spatialisation avec leur orchestre acoustique pour lequel ils composent ou pour lequel ils adaptent des pièces de leurs amis, ici Xiasme, le tube d'Edward Perraud, et Herbes luisantes d'Antonin-Tri Hoang qui a d'ailleurs joué le rôle de conseiller musical pour le CD (label drugstore malone). La virtuosité ne cède jamais le pas devant la sensibilité que développent les interprètes, unis dans le son comme les cinq doigts de la main. Jeu de mains, jeu de vilains. Ceux-là ont mis les doigts sur toutes les clefs pour qu'aucune serrure ne résiste à leur fougue. Si j'ai souvent évoqué avec enthousiasme le travail de Mienniel et Rifflet dans cette colonne voilà qui donne très envie de découvrir les autres facettes du hauboïste Cédric Chatelain, du corniste Baptiste Germser et de la bassoniste Sophie Bernado. Leur prestation en public m'avait enchanté. Leur disque n'a pas quitté la platine de la soirée, au point que j'ai attendu minuit passé pour poser sur le tourne-disques la réédition de Défense de qu'un transporteur avait livrée dans l'après-midi.
Wah Wah Records vient en effet de represser en vinyle mon premier 33 tours (1975) agrémenté de mon premier film, La nuit du phoque (1974), et de six heures de musique de Birgé Gorgé Shiroc sur un DVD offert en bonus ! Il est tard, on en reparle bientôt, comme des chansons de Michèle Buirette avec Max Robin, Moïra Montier-Dauriac et Lucien Alfonso que je continue d'enregistrer demain...