Bernard Vitet aurait adoré rencontrer Nicolas Bras. Ils partagent le même point de vue sur les matériaux utilisables pour fabriquer des instruments de musique et ne rechignent pas à travailler la matière plastique ou à recycler toutes sortes d'objets. Là où Vitet inventait un caddie-vielle à roue qu'il fallait évidemment pousser pour l'actionner, Bras construit des koras avec des cageots ou un clavier de steel-drums avec des boîtes de conserve et des tiges filetées. Et ça sonne ! L'un et l'autre électrifient sans vergogne une contrebasse à tension variable, le célèbre frein Vitet, ou toutes sortes de lyres et de harpes. Mais les tuyaux en PVC leur offrent plus de possibilités qu'aucun autre accessoire plombier...


Nicolas Bras en sort des percussions, des trompes, des flûtes, etc. Et ses flûtes sont simples. Et ses flûtes sont multiples. Il leur colle des rallonges, des bourdons, ajoute des embouchures, des aiguillages... Les accords se superposent. Les mélodies enchantent. J'ai rapporté de son atelier une flûte grave que la longueur d'1,80m l'a obligé à nouer en un enchevêtrement de tuyau coudé ressemblant à une grosse balle de water-polo. Quant à la petite flûte harmonique, elle sonne presqu'aussi bien que la longue transparente en plexiglas que Bernard m'avait construite et que j'utilise depuis trente ans. Nicolas m'a promis pour janvier une clarinette alto à rallonge et bourdon dont l'anche est faite d'un sac en plastique ou d'un gant en latex. Je n'ai jamais entendu aucun instrument à vent avec cette sonorité. Je piétine d'impatience en soufflant gaiement dans mes deux nouveaux jouets. C'est Noël !