Armagan m'envoie la reproduction d'une affiche des Project Twins, James and Michael Fitzgerald, deux graphistes irlandais qui ont dessiné un savoureux abécédaire de mots inhabituels. Si leur Scripturient est "animé d'un violent désir d'écrire", je me reconnais mieux dans l'image que dans le néologisme.
Enfants, nous apprenions à écrire avec des plumes Sergent Major. Notre pupitre d'écolier en bois possédait un trou rond où placer l'encrier en verre. Nous le remplissions avec une petite bouteille que nous devions trimballer dans notre cartable. Il arrivait évidemment qu'il se renverse lorsque le bouchon était mal vissé, produisant des drames. Si j'ai simulé une main en sang sur les pochettes customisées du vinyle 18 surprises pour Noël je n'ai jamais écrit avec le mien. Aurais-je signé Faust si le Diable s'était présenté à ma porte ? En regard de ce que Dieu a produit sur cette Terre, ou du moins comme les hommes ont agi en son nom, je n'aurais probablement ressenti aucune hésitation. La curiosité et mon insatiabilité créative eurent été trop fortes. Et si j'écris justement autant n'est-ce pas parce que mon cœur saigne ? Drôle de manière de commencer l'année, mais comme j'approche des 2800 articles sur ce blog j'imagine qu'Armagan a vu juste !
Les affiches des Project Twins me rappellent la façon de penser d'un autre graphiste, Michal Batory, avec qui j'avais travaillé pour l'exposition Le Siècle Métro dont il était le commissaire. J'aime la poésie dialectique produite par ces rencontres graphiques où les éléments se fondent les uns dans les autres pour inventer des objets improbables qui font sens en sollicitant notre réflexion critique.

Bonne année à tous et à toutes !