...
Si j'évite voire exècre la voix off omniprésente sur les documentaires cinématographiques, les transformant en banal reportage, j'apprécie la qualité des comédiens qui se prêtent au jeu lorsqu'elle est indispensable. Le rôle du narrateur réclame un casting sévère en fonction de l'émotion ou du sens que l'on souhaite produire. Certaines voix doivent incarner Monsieur Tout-le-monde, d'autres rassurer, convaincre, inquiéter, amuser, etc., et certaines incarnent des personnages identifiés. D'avoir eu la chance de travailler avec des comédiens comme André Dussollier, Claude Piéplu, Michael Lonsdale, Daniel Laloux ou Dominique Fonfrède me rend exigeant lorsqu'il s'agit de distribuer des rôles. Toute création radiophonique réclame un casting rigoureux pour que les images mentales se construisent et fassent exister les corps. Il ne suffit pas de les choisir, il faut aussi savoir les diriger. Trop souvent les acteurs sont livrés à eux-mêmes et s'ennuient.
L'actrice Lake Bell a écrit et réalisé une intéressante comédie sur le monde du voice-over, la voix off qui vient se poser par dessus les bandes-annonces des films. Reste à régler le sort de la musique, ici encore hélas au régime habituel.


In a World... confronte un père machiste, avec une voix de basse comme j'aurais rêvé d'en posséder une, à sa fille qui souhaite quitter ses imitations vocales pour marcher sur les traces paternelles. Avec humour et tendresse Lake Bell réussit son pari et dresse un portrait de l'Amérique en filigranes, puisque les névroses familiales s'étalent sans complexes sur l'écran. Dans un monde dominé par les hommes, des femmes décident de prendre le pouvoir.
Qu'est-ce que le pouvoir si ce n'est être capable ? Les médias, les us et coutumes, les habitudes tendent à nous dissuader de changer le monde. Pourtant tout est possible. Il suffit d'arrêter d'écouter les sornettes et de s'y coller.