70 août 2014 - Jean-Jacques Birgé

Jean-Jacques Birgé

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vendredi 29 août 2014

Anima de Wajdi Mouawad


Parmi mes lectures de l'été il est bon d'être subjugué par une écriture aussi originale que le scénario développé au fil de courts chapitres. Pour son deuxième roman Wajdi Mouawad replonge l'homme dans l'universel, là où sa solitude peut se fondre à la nature sans oublier la civilisation qui l'a construit, une histoire politique de l'humanité qui s'est de tous temps appuyée sur le crime. Brutalité que l'on dit bestiale alors que l'auteur donne la parole aux animaux, avec chacun sa manière de penser. Le thriller se déroulant entre le Canada et les États Unis, les Indiens ont toujours su jouer de ce miroir anthropomorphe. Les chapitres des deux premières parties portent les noms latins des espèces témoins subjectifs de la saga de l'homme blessé : oiseaux, insectes, reptiles, mammifères dont le héros est un intéressant spécimen. Dans la troisième partie les lieux traversés remplacent les titres de cette histoire naturelle pour n'être plus contée que par un canis lupus lupus, monstrueux chien loup. La brutalité de l'action retiendra les plus émotifs, car la sauvagerie des humains reste inégalée. Et l'homo sapiens sapiens de se souvenir que le massacre des Indiens, leur déplacement et leur parcage ressemblent fort au sort réservé aux Palestiniens, la scène clef du roman renvoyant à Sabra et Chatila. Comme j'avais passé Anima à Françoise, aussi emballée que moi, elle se demanda quel livre on pouvait lire après celui-ci… (Leméac/Actes Sud)

jeudi 28 août 2014

Le denier du culte


Ce ne sont d'abord que des cloches. Dans ce village désert modèle Ikéa elles sonnent tout de même la messe. Du vide sortent les pieux. Nombreux pour un dimanche. Comme venus d'un autre temps. La science-fiction nous ferait avaler n'importe quelle fable du moment qu'un système sous-tend la narration. Les années 50 avaient ce parfum suranné. Curés en soutane et bonnes sœurs en collerette fleurissaient comme les blouses grises des écoliers. Les temps ont changé. Pas pour tout le monde. Certains s'accrochent. Croire en une force supérieure est une chose, la foi en est une autre et l'église trait ses brebis dans la normalité revendiquée comme saine et sainte. Le denier du culte en fait ses choux gras. Peignés, gominés, cravatés, l'ourlet sous le genou, les robots gravissent la colline et chantent leurs louanges au saigneur. La mort en est friande. Partout sur la planète les églises se déchirent depuis l'avènement de Dieu, le seul, l'unique. Que de crimes n'a-t-on commis en ton nom ? Le monothéisme ne tolère aucun cousin. Pour une image ou une simple réflexion les hommes s'étripent. Une autre manière aussi d'opprimer les femmes. Pires de tous, les pays où l'État et l'Église se confondent. La laïcité y est plus que suspecte. J'ai dû parfois tergiverser, noyer le poisson pour ne pas mentir, fuir. Le storytelling serait né dans une grotte pour s'étendre à toutes les couches bébé. Ça mûrit sous la croix, le voile, la kipa ou je ne sais quelle croyance sectaire qui ne passe au stade de religion qu'en fonction de sa taille et de son pouvoir. J'en ferais des cauchemars.

mercredi 27 août 2014

Chroniques de résistance (CD)


Elsa, ton grand-père aurait été fier de t'entendre participer à ces Chroniques de Résistance, il aurait été bouleversé par ta voix et ses larmes auraient coulé sur ses joues comme lorsqu'il écoutait la Callas chanter Verdi (P.S.: le film "Senso" de Luchino Visconti commence sur une scène à la Fenice, l'opéra de Venise, avec l'air “Di quella pira” du Trouvère qui se termine par un appel aux armes, “All’armi, all’armi!” À la fin de l'aria les révolutionaires lancent depuis le balcon des tracts aux couleurs de la future Italie contre l'occupation autrichienne dont les officiers sont assis à l'orchestre).
Cette Suite en 27 fragments dédiée aux résistants du passé, du présent et du futur que Tony Hymas a composé magistralement est un opéra qui rend hommage à tous les oubliés de l'Histoire, un oratorio où la puissance des cuivres et de la percussion redonne au jazz son urgence de combat revendiquant la nécessité de la résistance.
Adressées aux résistants de la seconde guerre mondiale, les lettres américaines récentes de Barney Bush, John Holloway, David Miller et de la slammeuse Desdamona, dont le flow porte les mots acérés de tous comme des flèches pour que nous puissions vivre demain, répondent aux poèmes et textes clamés par les acteurs Nathalie Richard et Frédéric Pierrot que l'on a connus chez Rivette, Godard, Loach ou Assayas. La distribution de ce brûlot épique au poing levé et à la verve romantique est brillante : Aimé Césaire, René Char, Robert Desnos, Raymond Dronne, Buenaventura Durruti, Jean-Jacques Fouché et Gilbert Beaubatie, Armand Gatti, Georges Guingouin, Evelyn Mesquida, Marie-Eugène-Aimé Molle, Henri Nanot, Firmín Pujol, Maurice Rajfus, Jean Tardieu, Arsène Tchakarian.
Les Chroniques de résistance sont constituées de six parties : "Situation" replace d'emblée le combat dans le mouvement de l'Histoire sans négliger les luttes actuelles ; "Espagnols" parce que tout a commencé en 1936 et que les anti-franquistes passèrent plus tard les Pyrénées dans l'autre sens pour se battre contre les Nazis ; "Limousin" où le producteur Jean Rochard a fait naître ce magnifique projet lors du Festival de Treignac, Kind of Belou, et où surtout le maquis fut particulièrement actif (la première journée de l'équipe, avant les répétitions, commença par la visite du village martyr d'Oradour-sur-Glane) ; "Femmes" inoubliables, chansons bouleversantes portées par la voix à la fois tendre et déterminée d'Elsa Birgé : Suzy Chevet (écrite par Serge Utgé-Royo comme Souvenir de Ponzán dit François Vidal), Je trahirai demain (poignant texte de Marianne Cohn), Valse macabre 'à Germaine Tillion' (que j'ai moi-même écrite, inspiré par la lecture du Verfügbar et des témoignages des rescapées de Ravensbrück filmés par David Unger) ; dans le CD Elsa (qui à onze ans en 1996 interprétait déjà ¡Vivan las utopias! dans la compilation culte Buenaventura Durutti) chante également Les flamboyants et Addi-Bâ dont les paroles sont de Sylvain Girault et La complainte du Partisan écrite par Emmanuel d'Astier de la Vigerie sur une musique d'Anna Marly ; "Étrangers" pour les résistants de la première heure, Allemands (communistes du KPD, communistes antibolchéviques du KPOD, anarcho-syndicalistes la FAUD, anciens spartakistes, protestants de la Ligue d'urgence des pasteurs de Martin Niemöller, catholiques anciens membres de Zentrum, petites organisations étudiantes comme la Rose Blanche, aristocrates du Cercle de Kreisau, actions individuelles comme celle de Johann Georg Elser, déserteurs de la Wehrmacht, etc.), combattants de la MOI, Main Œuvre Immigrée (Polonais, Arméniens, Hongrois, Italiens, Espagnols, Français), Juifs de toute l'Europe, tirailleurs sénégalais renvoyés en Afrique pour "blanchir" l'armée de libération jusqu'au massacre de Thiaroye par les blindés français, tirailleurs marocains, tunisiens, algériens et l'on connaît maintenant les massacres de Sétif du 8 mai 1945 qui inaugurent la guerre d'indépendance algérienne, etc. ; "Libération(s)" parce que rien n'est terminé et que partout dans le monde des peuples résistent à l'oppression, à l'occupation, à la colonisation !
La musique du pianiste anglais Tony Hymas est remarquablement efficace, lyrique et puissante, sans aucun temps mort. Elle a donné du fil à retordre aux cinq instrumentistes virtuoses. Heureusement le saxophoniste baryton François Corneloup l'a pratiquée au sein d'Ursus Minor, le batteur-mandoliniste minnesotien des Fantastic Merlins Peter Hennig une fois dans le trio de Hymas, tandis que les cuivres de Journal Intime (Sylvain Bardiau à la trompette, Matthias Mahler au trombone, Frédéric Gastard au saxophone basse) font corps. Le souffle de la résistance leur donne l'énergie indispensable à cette fresque incroyable, suite logique des Voix d'Itxassou de Tony Coe, de la trilogie indienne Oyaté de Hymas et du double album consacré à Durutti.
Le livret bilingue de 152 pages est un complément indispensable, bourré d'informations passionnantes en plus de tous les paroles en français et anglais, et illustré merveilleusement par Vincent Bailly, Daniel Cacouault, Sylvie Fontaine, Stéphane Levallois, Jeanne Puchol, Vaccaro et quantité de photographies d'époque.
Parallèlement à la sortie de l'album chez nato et distribué par L'Autre Distribution, Frank Cassenti a réalisé un documentaire pendant les répétitions à Treignac en intégrant des extraits de son premier film, L'affiche rouge. Quant au spectacle il commencera sa tournée à l'automne. Ne le manquez pas !

samedi 23 août 2014

Une éclaircie


Le soleil revient demain...

mercredi 20 août 2014

Mantra Nuages


Le spectacle commence dès le matin. Allongés dans le lit nous regardons les nuages se transformer vitesse V. Ils peignent des bestioles que nous reconnaissons parfois et parfois non. Un jour il faudra les inventer. Nous y pensons.


En montagne nous les regardons de haut. Des brumes envahissent la vallée, tout en bas, caressant le lit de la rivière. D'autres nuages montrent leur plus beau profil comme si nous y attachions de l'importance. Les plus gloutons phagocytent la voûte céleste jusqu'à l'extinction du soleil. Poussés par les vents ils se déchirent, division cellulaire donnant naissance à de nouvelles entités ancestrales. On y passerait sa vie.

lundi 18 août 2014

Entorse


Donc chaise longue...

samedi 9 août 2014

Pas de nouvelle, bonne nouvelle


Loin d'Internet...

vendredi 1 août 2014

Saint-Clément-de-Piscine


No comment.