Tandis que nous nous promenons dans le quartier du Panier à Marseille Simon pointe les caméras dissimulées sous le globe en verre fumé accrochées au coin des rues. Big Brother is Watching You. La CIA nous écoute. Coucou c'est nous ! Après le cambriolage chez Elsa la police scientifique prend l'empreinte de mes paumes parce que les voleurs en ont laissé "une belle" sur la vitre brisée. J'ignore qui me renifle, mais je ne me sens pas bien. Il n'y a rien de rassurant dans Les mille yeux du Dr Mabuse. Et The Peeping Tom rend malade son propre fils au point d'en faire un criminel. Les home movies révèlent parfois des monstres, Capturing The Friedmans. Pensons-nous vraiment éviter les angles morts ?


Pendant que nous avons le nez en l'air constatons que les étages les plus élevés ont une hauteur parfois deux fois moindre que les rez-de-chaussée. La différence de classes s'exerçait progressivement sur les quatre niveaux. Le dernier étage est souvent minuscule, offrant une terrasse réduisant d'autant la profondeur. Je me souviens qu'à Phnom Penh les rez-de-chaussée sont recherchés, confortables, voire luxueux, et plus on monte vers le ciel plus les conditions de vie se détériorent. Tout en haut des familles vivent sur un chantier ou dans une sorte de bidon-ville.


Comme partout l'ancien trouve de nouveaux amateurs. À proximité du Vieux Port le quartier populaire du Panier avec ses ruelles pittoresques et escarpées se boboïse. Les concept-stores et les brocanteurs remplacent les petits commerces de jadis. Heureusement les enfants continuent à faire les singes tandis que les touristes mitraillent. Ce sera bientôt Montmartre, un Disneyland poulbot transformant la vie de ce quartier populaire livré aux piétons. Nous n'échappons pas à la règle.


La roue tourne. Mais le Mistral empêche les âmes de s'élever. Il souffle. Comme Le K de Buzzati. Rien ne sert de faire des rondes, les soupirs marquent le tempo. Dans le ciel bleu la lune pleine qui rend fou est translucide comme un œil vitreux...