Le voyage était prévu de longue date pour assister au Festival. Pas de raz-de-marée cette année, ni de tsunami. La centaine de maisons récemment construites sur la dune en dessous du niveau de la mer n'ont pas été englouties par les vagues, mais leurs jours sont comptés. Depuis la tempête Xynthia les nouvelles constructions sont obligatoirement sur pilotis. La commune où 29 personnes ont péri en 2010 porte le nom de La-Faute-sur-Mer, cela ne s'invente pas. Comme l'Île Tudy redeviendra une île. Malgré la vanité des hommes, partout la nature peut reprendre ses droits.
La campagne est superbe, mais le sable glisse vers le large. Nous avons marché sur la grève jusqu'à Sainte-Marine, crêpe sur le port, retour en stop. Le barnum dressé sur le port de L'Île accueillait la première soirée du Festival Si la mer monte... Le cabaret est animé par l'humoriste Claudius Benaize (Anthony Sérazin) et le clown Agathe (Loïc Toularastel) dont les pitreries réussies abusent la salle qui parfois ne sait plus si c'est de l'andouille ou du cochon. Michèle Buirette a détourné quelques tubes à la manière des chansonniers. Pour l'anecdote, en cas de pastiche et sans accord particulier, les droits d'auteur reviennent intégralement aux auteurs originaux. Coquillages et crustacés. Comme le thème de cette septième édition du Festival est l'Arctique, Les ours sont entrés dans L'Île Tudy. Et la salle de reprendre en chœur l'hymne Si la mer monte... Linda Edsjö et Elsa Birgé chantent des airs danois, suédois et breton. Sur la cale 300 photographies de la banquise sont accrochées à la corde à linge.


La surprise vient de la fanfare de poche Tout Ut qui salue Elsa et François Corneloup (dont le quintet de bal Le Peuple Étincelle joue le lendemain) en adaptant ¡Vivan Las Utopias! pour leurs trois instruments en ut. Je n'en crois pas mes yeux (dont le droit rivé à la caméra de Françoise) ni mes oreilles. Les deux saxophonistes, Jean Aussanaire et Camille Sécheppet, et le tubiste Daniel Malavergne ignorent que j'ai écrit cette chanson avec Bernard Vitet pour Elsa lorsqu'elle avait onze ans. Je suis retourné. Je pense aussi à Bernard disparu il y a bientôt deux ans. Avec le temps, va, tout s'en va...