En chantant Rimbaud, Baudelaire, Genet, Artaud, Kerouac, Césaire, le Québécois Gaston Miron ou l'Américain Tom Waits, le compositeur Babx ne fait pas semblant d'imiter les plus grands. Il plonge aux sources du romantisme moderne, avalant ces grands crus en ne recrachant que l'ivresse qu'ils procurent. Il frappe les touches de son piano comme on se tape la tête contre les murs pour soulager la difficulté d'être ou caresse celles de son Chamberlin, clavier orchestral ancêtre du Mellotron, pour remplir l'espace qui se dérobe immanquablement sous les pieds des poètes et des amoureux. Babx témoigne. Violoncelle, guitare, percussion renforcent le vertige. Si l'album Cristal automatique #1 rappelle Claude Nougaro, Léo Ferré, Philippe Léotard ou Noir Désir, c'est qu'ils nous manquent tous cruellement. La musique tranche avec la variété formatée que l'industrie délivre aujourd'hui, distributrice de Kleenex dont l'insipidité n'irrite pas que les oreilles. Du Bal des pendus aux Armes miraculeuses en passant par La mort des amants, Le condamné à mort, L'ombilic des limbes et La marche à l'amour, les mots inusables deviennent de sombres mélopées qui virevoltent sur l'oreiller étoilé. L'album porte le chiffre 1 : on en redemande. Qu'il nous surprenne !

→ Babx, Cristal automatique #1, livret magnifiquement illustré par Laurent Allaire (Alix), CD digipack BisonBison, dist. L'autre distribution, sortie officielle le 25 juin 2015 (350 exemplaires signés et numérotés déjà publiés le 22 avril dernier lors d'un concert à La Maison de la Poésie)