Dans la liste des concours de l'été ceux de circonstances ont ma préférence, même s'il s'agit ici du hasard qui n'arrive jamais de nulle part. Alors que Nicolas Chedmail, grand spécialiste du cor naturel, venait de me prêter un cor d'harmonie à palettes, Francis Gorgé m'offrait hier le mellophone à pistons qu'il avait acquis du temps du Drame. Au premier j'avais livré quelques tuyaux qui pourraient servir à son spat' sonore, avec le second j'ai joué pendant plus de vingt ans à commencer par notre premier concert prolongé par une profonde amitié et la plus grande complicité. Quant au spat', c'est un instrument extraordinaire qui aurait plu à notre camarade Bernard Vitet, pieuvre aux tentacules de cuivres actionnée par six musiciens dont une trentaine de pavillons projettent les auditeurs dans un espace en 3D, voire en 4D quand on se laisse aller...
S'il m'arrive de temps en temps de souffler dans ma trompette de poche ou mon trombone, voilà bien trente-cinq ans que je n'ai pas joué du cor, cela s'entend ! Le cor en si bémol se manipule de la main gauche tandis que les doigts de la main droite activent les trois pistons de ce mellophone en fa (ou en mi bémol avec une petite rallonge) dont le pavillon est dirigé vers l'arrière, contrairement à ceux utilisés en fanfare. Même si j'ai plus de facilité avec cet instrument qui ressemble à un gros bugle enroulé, je ne peux pas m'empêcher de lui adjoindre un bec de saxophone à la place d'une embouchure traditionnelle. Les sons graves et diphoniques deviennent incroyables. J'ignore encore ce qui en sortira véritablement, mais en attendant je m'amuse bien, à m'en faire tourner la tête.