La fenêtre de mon kinésithérapeute donne sur un petit coin où les hommes incontinents font régulièrement leurs besoins. Un riverain a eu l'amusante idée d'y déposer une cuvette de WC. C'était risqué ! Mais quelques minutes plus tard un énorme chauffe-eau est venu lui tenir compagnie. J'imagine qu'avant la fin de la matinée on aura le droit à toute la salle de bain, et probablement le reste de l'appartement d'ici demain matin. En fait d'humour le plombier incivique s'est déchargé d'appeler les encombrants. Les ordures appellent les ordures. Dès qu'un individu jette un objet dans la rue d'autres indélicats viennent gonfler la décharge sauvage. Très vite l'endroit est régulièrement envahi par les détritus sans que l'on sache quoi faire pour enrayer cette fâcheuse habitude. Nos voisins d'en face ont trouvé une astucieuse parade en créant un parterre de fleurs autour de l'arbre où les poubelles s'accumulaient depuis des années. Sauf que maintenant c'est devant chez nous ! Tant que personne ne jette rien, l'endroit reste propre, mais aussitôt le premier pli l'empilement se construit à une vitesse étonnante.
Il en va de même pour toutes les affaires de la cité : il suffit que le pouvoir donne le mauvais exemple pour que toute la population s'y engouffre. Il est terrible de constater que cette épidémie fonctionne beaucoup mieux avec les mauvaises actions qu'avec les bonnes. On se lâche. "Si un gros dégueulasse (j'emploie ce terme parce que les filles sont bien obligées de se retenir) a pissé, pourquoi m'en priverais-je ?" Tous ne suivent heureusement pas le mouvement, mais quelques uns suffisent à polluer l'air ambiant. N'est-ce pas un trait typique des indigènes de notre pays, l'indiscipline faisant partie des coutumes françaises ? Cela n'a pas que des inconvénients, mais c'est fou le nombre de questions que l'on peut se poser à partir d'une cuvette de chiottes !