À force de suivre les réseaux sociaux et leurs déclinaisons blogueuses ou magazines, fruits de l'immédiateté et de l'éphémère, on en oublierait presque les sites des artistes qui s'exposent sur le Net, biographies illustrées pointées par des liens hypertexte que peu de lecteurs semblent utiliser. On découvre ainsi quantité d'artistes qui n'ont pas toujours pignon sur rue, surtout lorsqu'il s'agit de femmes artistes. Si elles sont, par exemple, largement majoritaires et brillantes pendant leurs études d'art, le pourcentage s'inverse scandaleusement à l'entrée dans la vie active. Certaines s'accrochent heureusement et livrent une œuvre dense et passionnante comme Anita Gallego qui vient de mettre en ligne son nouveau site web.
La photographie est souvent à l'origine de son travail, qu'elle peigne, dessine ou construise des installations. De la mémoire elle extrait des images réalistes passées au crible de l'émotion picturale. Les modèles du passé deviennent ainsi des acteurs du présent. Elle attrape aussi au lasso des formes du quotidien comme ses arts ménagers (ustensiles, tabliers, fruits du marché, etc.) ou ses traces de café donnant naissance à des paysages, personnages ou animaux que l'on reconnaît comme lorsque l'on est allongé sur l'herbe et que l'on devine ce que sont les nuages, manière humoristique de rappeler à quoi la société relègue les femmes ! Elle aime aussi recycler des objets et photographies que leurs ombres poursuivent comme les traces du souvenir chaque jour recomposé.