Le cambrioleur a escaladé la grille du voisin qui donne sur la rue avant de franchir le mur mitoyen. Dans la cour, à l'abri des regards, il a fracturé la fenêtre en PVC en l'attaquant par le bas. Le complice qui faisait probablement le guet l'aura prévenu d'un bruit à l'étage du dessus, abrégeant la visite de l'appartement où seuls les tiroirs avaient été tous retournés. Pas d'argent liquide, pas de bijoux, le butin est maigre. Ils se contentent du petit électro-ménager, en général ordinateurs portables, tablettes, appareils-photos, téléphones... Ils passent souvent à côté d'objets dont ils ne connaissent pas la valeur. Tout doit aller très vite. Quelques minutes. Cela ressemble en général à des larcins de petites frappes. Les témoins, qui bizarrement n'interviennent jamais, racontent toujours que ce sont des jeunes avec des cagoules. Cette fois les voleurs ont emporté un chéquier qui traînait dans le fond d'un sac. Mais qu'en faire sans papiers d'identité ?
Quelques jours plus tard des chèques entre 2000 et 5000 euros sont présentés à la banque qui recrédite heureusement aussitôt les sommes débitées, d'autant qu'il n'y a pas grand chose sur le compte. L'opposition avait été effectuée dès le cambriolage constaté, mais comment se fait-il que la banque paie alors qu'il n'y a pas d'argent sur le compte ? Elle ne surveille non plus jamais les signatures en bas des chèques. Mais comment peut-on accepter un chèque d'un tel montant sans présentation d'une ou deux pièces d'identité ? L'inspecteur du commissariat de la gare du Nord, ayant attrapé un individu louche porteur d'une collection de cartes bleues, nous explique l'arnaque. Les voleurs proposent à des personnes fragiles de louer leur carte bancaire en échange d'un pourcentage sur l'opération. Ils créditent le compte de ces paumés avec les chèques volés et retirent ensuite l'argent ! J'imagine que certains se contentent de vendre le chéquier à des spécialistes de cette escroquerie. La suite de l'opération m'échappe. Les complices dont le nom est inscrit sur le chèque sont facilement repérables, mais comment interpeller les auteurs de l'arnaque si ce n'est en interrogeant les couillons qui ont loué leur carte ? Quels moyens de pression ont la police d'un côté pour les faire parler, les bandits de l'autre pour qu'ils se taisent ? Les banques étant cette fois les principales victimes de ce crime organisé, la police se démène plus que pour les divers objets dérobés aux particuliers ! Le casse est nettement plus juteux que des appareils revendus une bouchée de pain aux Puces ou je ne sais où.