Comme je n'arrive pas à m'allonger complètement sur la banquette supérieure, je fléchis légèrement les jambes en reposant mes pieds sur les barres en cèdre rouge qui peuvent à d'autres moments rendre la position assise plus confortable. Deux dossiers amovibles sont ainsi livrés avec le sauna. La tête bien posée dans l'alignement de la colonne vertébrale, je vois à travers la fenêtre isotherme le haut des frondaisons du laurier et le mur de bambous qui montent à dix mètres.
J'avais fait pousser cette haie pour bronzer nu à l'abri des regards de la barre d'immeuble située à trois cents mètres, ce qui est absurde à plus d'un point. D'abord parce que ces vingt étages sont très loin de chez nous, ensuite parce que les lofts construits depuis les cachent, enfin parce que plein sud les bambous constituent un parasol parfait qui nous prive du soleil. Ce sont les aléas ridicules de la migration bucolique d'un citadin confronté à la nature. Depuis, j'ai beaucoup appris, mais il m'arrive encore de commettre des erreurs risibles dès que je me mets à bricoler. J'incarne ainsi souvent Bouvard et Pécuchet à moi tout seul !
La position allongée sur le dos, liée à la respiration, est celle que me fait travailler mon kiné Mézières. Je souffle en creusant le ventre et en faisant descendre les côtes vers le bas sans monter les épaules et en essayant même de rapprocher mon cou de la couchette. J'ai trouvé une autre astuce pour y arriver en fléchissant les jambes : je m'allonge dans l'angle de la banquette du bas en plaçant mes jambes à l'équerre sur celle du haut, ce qui me donne plus de place en largeur pour poser les mains.
J'ai tendance à suer le matin plutôt que le soir, mais après la séance de vingt minutes il est indispensable de boire de l'eau et se reposer. Sinon j'ai profité du beau temps de samedi pour nettoyer les grands miroirs placés un peu partout dans le jardin pour renvoyer la lumière.