Quelques films relativement récents ont retenu mon attention ces dernières semaines.
La presse a beaucoup parlé de Ma loute, comédie française de Bruno Dumont, à qui la veine comique sied superbement, encore plus réussie que Le Ptit Quinquin.
Autre comédie sociale, Que Horas Ela Volta? (Une seconde mère), de la brésilienne Anna Muylaert, remarquablement réalisée et interprétée par Regina Casé. Le titre français laisse présager un nanar pesant alors que c'est frais, pimpant, drôle et particulièrement bien analysé dans les rapports de classes. Je n'ai pas encore vu Mãe Só Há Uma (D'une famille à l'autre) sorti depuis.


Beaucoup plus noire et cinglante, la comédie danoise Men and Chicken d'Anders-Thomas Jensen ne vous laissera pas indemne. C'est aussi délirant que son précédent, Adams Æbler (Les pommes d'Adam), réalisé il y a plus de dix ans et qui était déjà brillant. Sous couvert de fantastique destroy, Jensen soulève la question des manipulations génétiques avec un humour ravageur.


Pour en terminer avec les comédies, Er ist wieder da (Il est de retour) de l'Allemand David Wnendt est tout à fait passionnant. Adolf Hitler se réveille dans un square berlinois de nos jours. Les réactions mitigées de la population interrogent bigrement. Avec un humour que nous pourrions juger parfois un peu lourd de ce côté du Rhin, Wnendt réussit à nous troubler en mêlant fiction et documentaire sans que l'on en saisisse la frontière. Il crée même une structure en abîme, acrobatie cinématographique intelligente où l'imaginaire vient percuter le réel avec une force incroyable. La fin laisse un goût amer...


Le drame hongrois Saul fia (Le fils de Saul) de László Nemes est d'une toute autre nature. Des critiques ont stupidement condamné l'esthétisme de ce récit sur un camp de concentration, mais les évocations suffisent largement sans qu'on ait besoin d'en voir plus, bien au contraire. Je me suis forcé à le regarder pour mieux comprendre ce qui était arrivé à mon grand-père, passé par Drancy et Auschwitz, gazé à Buchenwald. Le film est très fort et mérite de côtoyer Nuit et brouillard, La mémoire meurtrie, voire Shoah sur lequel j'ai déjà émis pas mal de critiques.


Les crimes du colonialisme sont plus insidieux en ce qu'ils ne sont pas toujours conscients, certains pensant parfois apporter la civilisation aux indigènes. Le superbe noir et blanc du film dramatique El Abrazo del Serpiente (L'étreinte du serpent), réalisé en coproduction colombienne, argentine et vénézuélienne par le Colombien Ciro Guerra donne à cette aventure, racontée du point de vue des autochtones, un aspect historique et onirique exceptionnel.


Pour terminer ce rapide passage en revues, j'ai choisi quatre thrillers. Je craignais une redite avec celui du Mexicain Gabriel Ripstein, fils d'Arturo Ripstein, or 600 Miles, film à petit budget avec Tim Roth, offre une approche originale du passage de la frontière avec les États-Unis où les motivations de chacun sont surprenantes, même dans leurs évidences.


Idem avec Room, thriller canado-irlandais de l'Irlandais Lenny Abrahamson, où le thème d'une femme kidnappée et enfermée par un malade me faisait craindre le pire. Là encore, le scénario est beaucoup plus original, nous sortant littéralement de la séquestration pour envisager un autre film. Les rapports de la mère et de son fils y sont particulièrement touchants.


Maryland, film franco-belge d'Alice Winocour, préserve suffisamment l'énigme pour que nous soyons accrochés par le duo de Matthias Schoenaerts et Diane Kruger. Contrairement à beaucoup de films français qui se veulent d'abord explicatifs, contrairement aux films américains (tiens, il n'y en a aucun cette fois dans ma sélection !) qui savent entretenir le suspense, Maryland (c'est le nom de la villa) joue sur la fragilité des personnages qui ne répondent pas aux stéréotypes du genre.


J'ajoute le provoquant et astucieux court-métrage Pornography d'Eric Ledune, passé sur Arte, qui pose bien la question de ce qu'est la pornographie et l'obscénité.


C'est drôle, coquin et surtout particulièrement malin en ce qui concerne la liberté d'expression et l'écart monstrueux qui sépare le sexe de la violence, ce qui est permis ou pas. La bande-annonce ne laisse hélas pas présager de l'évolution du film sur ses 22 minutes ! J'en ai probablement oubliés comme le dernier long métrage de la Danoise Susanne Bier, En chance til (Une seconde chance) ou Rester vertical d'Alain Guiraudie...