Petit survol rapide de quelques séries regardées depuis la rentrée de septembre. En collant les affiches les unes à côté des autres, je m'aperçois de la constance des couleurs, chair sinistre et métal bleuté. L'époque n'a pas l'air très folichon ! Que nous réserve l'avenir proche ?
Les vacances m'avaient laissé avaler les trois premières saisons de la série d'espionnage Les Américains (voir article) et l'on peut espérer de nouveaux rebondissements à la prochaine.


Après Game of Thrones, qui terminera son cycle l'été prochain, HBO espère que Westworld saura conquérir les spectateurs, mais rien n'est moins sûr. Inspiré d'un film de science-fiction écrit et réalisé par Michael Crichton en 1973 avec Yul Brynner, ses trois premiers épisodes sont laborieux et répétitifs. La distribution (Anthony Hopkins, Ed Harris, Sidse Babett Knudsen...) et les effets spéciaux ne suffisent pas à dynamiser cette histoire d'androïdes (dans un parc d'attractions à la thématique western, de riches visiteurs peuvent tuer et violer à leur guise, tant que les créatures ne se révoltent pas).


Par contre, les deux premiers épisodes de The Young Pope, 10 heures entièrement réalisées par Paolo Sorrentino, sont pleins de promesses. Canal+ la diffuse cette fois quelques mois avant HBO. Là aussi une belle distribution (Jude Law joue le rôle de Pie XIII, un pape tourmenté qui n'est pas le pantin que les cardinaux pensaient avoir élu, Diane Keaton est la bonne-sœur qui a élevé l'enfant abandonné par ses parents, Cécile de France est la responsable du marketing du Vatican... En fait tous les personnages, particulièrement felliniens, sont formidables), mais un humour ravageur et un ton impertinent qui rappellent Buñuel, avec un soin pour le son et l'image comme dans tous les précédents films du cinéaste.
Les mini-séries comme celle-ci sont moins chronophages, se rapprochant plutôt d'un très long métrage, une seule saison en plusieurs parties préservant les rebondissements du feuilleton. Les journaux du XIXe siècle avaient inauguré le roman-feuilleton, au XXe la télévision s'en était emparée, renouant avec le suspense qu'ils dispensent à la fin de chaque épisode.


C'est évidemment le cas avec The Night Manager, mini-série d'espionnage en 6 épisodes d'après John Le Carré réalisée par Susanne Bier et produite par la BBC. Les cinéastes commencent à comprendre l'intérêt de la télévision au moment où elle ne se regarde plus en tant que telle, mais sur les écrans des ordinateurs, voire projetés sur les grands écrans des home vidéos. Plus classique que certains films de la cinéaste danoise, on y retrouve tout de même son intérêt pour les ONG et des personnages féminins avec de l'étoffe.


Pour le réalisme social on préférera The Night Of, mini-série de 8 épisodes avec John Turturro et Riz Ahmed, encore produite par HBO. Cette étude minutieuse, plus proche de The Wire que d'un thriller, sur le système de justice américain met en scène un croisement habile entre l'innocence et la culpabilité, la prison préventive enfonçant l'innocent dans la criminalité.