De temps en temps un ami, ou une amie, dont l'âge est très différent de celui de son conjoint ou de sa conjointe, se trouve confronté/e à des interrogations métaphysiques. Ce n'est pas tant le présent qui les inquiète, mais l'avenir, quand l'un des deux risquera d'être diminué. Ce genre de préoccupation est plus courant chez les hommes à la recherche d'une partenaire plus jeune, mais l'inverse n'est pas aussi rare que l'on pourrait le croire. À se regarder dans les yeux de l'autre on se sent évidemment plus fringuant. Le hiatus est d'autant plus flagrant à l'âge limite des femmes pour procréer, mais les quinquagénaires ou sexagénaires n'ont pas forcément envie de reproduire une situation paternelle dont ils connaissent les aléas ! Libre à chacune et chacun de faire ses choix en connaissance de cause...
Mais est-il bien raisonnable de se préoccuper de l'avenir relativement lointain à une époque où les liaisons sont plus éphémères que par le passé ? La question se pose d'ailleurs le plus souvent à des couples qui ont déjà connu la famille recomposée. De plus, les mystères de la vie rendent fragiles les spéculations sur la longévité des uns et des autres. Il sera bien temps de se préoccuper de la différence d'âge quand le moment sera venu. Il vaut mieux profiter de l'amour lorsqu'il se présente, quitte à apprendre à l'entretenir pour que chaque jour vous sourit. Et n'oubliez pas de continuer à honorer votre compagnon ou votre compagne des mille petites attentions qui l'avaient séduit/e à votre rencontre, sinon quelqu'un d'autre risque de s'en charger ! N'essayez pas non plus de le ou la changer, même si ce qui vous avait séduit/e vous énerve avec le temps. Le secret de la longévité des couples est d'apprendre à accepter l'autre, plutôt que d'espérer le ou la faire changer. Dans le premier cas c'est vous qui faites le boulot, dans le second vous exigerez vainement que l'autre le fasse !
Voilà pour aujourd'hui, c'étaient les conseils de Tonton Jean-Jacques. Quant à l'âge du capitaine, Gustave Flaubert en donnait une version en écrivant à sa sœur Caroline : « Puisque tu fais de la géométrie et de la trigonométrie, je vais te donner un problème : Un navire est en mer, il est parti de Boston chargé de coton, il jauge 200 tonneaux, il fait voile vers Le Havre, le grand mât est cassé, il y a un mousse sur le gaillard d'avant, les passagers sont au nombre de douze, le vent souffle Nord-Est-Est, l'horloge marque trois heures un quart d'après-midi, on est au mois de mai… On demande l'âge du capitaine ? » Il est bien avancé. Bien avancé d'avoir expérimenté quantité de cas de figures que l'amour sait dessiner !