Depuis la disparition de Bernard Vitet, j'écoute les trompettistes avec une attention redoublée. David Enhco, qui joue d'ailleurs sur la petite merveille mingusienne de Noël Balen chroniquée récemment, fait partie de la génération des jeunes trentenaires que j'ai nommés les affranchis. S'il sait susurrer la tendresse, j'ai surtout été intéressé par une dialectique originale qui fait boiter certaines compositions du quartet comme si un musicien prenait discrètement la tangente au milieu du morceau. Ces contrepieds peuvent s'échapper de la tonalité, du timbre ou du tempo, sans affecter le plaisir de l'écoute. Le facétieux Roberto Negro au piano n'y est pas étranger. Les pièces du contrebassiste Florent Nisse et du batteur Gautier Garrigue sont plus classiques, mais les improvisations collectives rappellent que le free jazz n'est pas un genre, mais une soif de liberté qui peut prendre des chemins de traverses qui mènent toujours à l'homme. Ici ses Horizons sont calmes et reposants, comme des paysages de vacances.


→ David Enhco, Horizons, NOME, dist. L'autre distribution, sortie le 28 avril 2017