Si vous n'êtes pas allergique aux bondieuseries krishniques, la transe d'Alice Coltrane Turiyasangitananda vous portera peut-être aux nues. Sorte de gospel avec tablas et sitar, glissés de synthétiseur et épais accords d'orgue à tuyaux, la musique que la veuve de John Coltrane publia uniquement sur cassettes pour l'ashram qu'elle fonda en 1983 sur les collines de Santa Monica, 45 hectares près de Malibu au sud de la Californie, s'appuie essentiellement sur des chants incantatoires à grand renfort de Om Rama Shanti Hare... Elle chante avec un chœur de 24 disciples, joue des claviers, et de la harpe qui fit sa renommée dans sa période jazz. Après la mort de son mari, Alice Coltrane avait voyagé en Inde et rencontré en 1970 le guru Swami Satchidananda avant de créer le Vedantic Center en 1975 et de prendre le nom de Turiyasangitananda. Si vous préférez, faites comme ses disciples en l'appelant Swamini ! Son engagement total envers Dieu lui avait été dicté après avoir beaucoup maigri et sujette à de terribles crises d'insomnie et d'hallucinations. Le dimanche elle chantait seule des bhajans ou en groupe des kirtans dont Luaka Bop, le label de David Byrne, en publiera l'anthologie, à commencer par ce premier volume à l'occasion du dixième anniversaire de sa disparition.


Alice Coltrane avait auparavant collaboré avec Kenny Clarke, Kenny Burrell, Ornette Coleman, Pharoah Sanders, Charlie Haden, Roy Haynes, Jack DeJohnette, Carlos Santana et remplacé Mc Coy Tyner dans le dernier quartet de son mari. Sur ses 14 albums en tant que leader, sa musique fut toujours marquée par une quête spirituelle qui trouve ici son expression la plus explicite, cette fusion entre le gospel et le chant védique sonnant très actuelle grâce à l'électronique et à la re-masterisation de Baker Bigsby.

World Spirituality Classics 1: The Ecstatic Music of Alice Coltrane Turiyasangitananda, CD/LP/K7/Digital Luaka Bop (2 morceaux de plus sur le double vinyle), dist. Differ-ant, sortie le 5 mai