Nous sommes arrivés au terme de notre web-série Prévert Exquis réalisées par Isabelle Fougère, Sonia Cruchon, Mikaël Cixous et moi-même à l'occasion du quarantième anniversaire de la mort de Jacques Prévert. Les douze épisodes sont regroupés sur le site de TV5Monde, douze ultra-courts collages pleins de fantaisie imaginés dans la plus grande liberté. Y aura-t-il une seconde saison ? Allez savoir...


Jacques Prévert dit Barbara (quelle connerie la guerre) accompagné par la guitare incroyablement moderne de Henri Crolla. Je laisse filer les bombardements sur l'entretien avec la petite fille du poète, Eugénie Bachelot-Prévert, puis s'écoule une rivière lorsque Prévert, le compositeur Joseph Kosma et le décorateur Alexandre Trauner, tous deux juifs hongrois, se réfugient dans le sud de la France. Eugénie raconte que les deux grands amis, Prévert et Trauner, sont enterrés côte à côte dans le petit cimetière d'Omonville-la-Petite en Normandie. Mikaël Cixous a réalisé une magnifique animation qui s'efface avec le temps.


Pour Des animaux terrestres (La terre qui est quelque fois si jolie) j'ai composé une petite partition sonore en mélangeant la voix de Jacques Prévert avec les sons de la guerre et des oiseaux exotiques in situ. Par contre lorsque Eugénie se moque de Michel Houellebecq qui trouve les poèmes de son grand-père cul-cul-la-praline, je reprends au clavier le même programme de synthétiseur que j'utilisai sur le deuxième mouvement d'Établissement d'un ciel d'alternance enregistré justement avec Houellebecq !


La voix de Nicolas Le Du suffit à Pour toi mon amour (Se faire Maître) pour lequel Isabelle Fougère a encore trouvé un sous-titre exemplaire tiré d'une autre œuvre de Prévert. J'ai simplement ajouté le papier peint d'un pré vert rempli de petits zoziaux pour à la fois donner le côté fleur bleue à l'image et provoquer une distance avec la dureté critique que le texte distille. Sonia Cruchon a une fois de plus eu une idée formidable pour "illustrer" le poème de Prévert en jouant sur une analogie en évitant l'anecdotique, et en s'échappant de la version chantée par Juliette Gréco. Eugénie raconte également un certain envers du décor, assez terrible à mes yeux...


J'ai travaillé Les amants (Le cœur à l'ouvrage) comme la partition sonore d'un film où les bruitages en décalage par rapport à l'image jouent sur la complémentarité plutôt que le surlignage de l'action. Et puis non, pas tant que cela. Les grands boulevards, une ambulance, un coup de foudre, l'électrocardiogramme qui se transforme en chant d'oiseau... Une pièce originale pour piano accompagne tendrement ce dernier entretien, exactement ce que j'évite d'habitude au cinéma !