En vrac. J'ai regardé les trois Despicable Me (Moi, Moche et Méchant), mais ce sont Les Minions qui remportent définitivement la palme, dans le préquel comme dans les autres films où ils jouent les faire-valoir. Soulignons que les petites bêtes sont françaises, d'où peut-être notre forte sympathie pour leur humour régressif ! Un autre film d'animation, le dernier produit par Dreamworks, Captain Underpants (Les Aventures de Capitaine Superslip), possède ce qu'il faut de pétomanie hirsute pour plaire aux enfants que nous sommes restés ; du moins, j'espère pour vous que vous en êtes encore.
Toujours dans le registre "léger", la comédie policière Baby Driver est un pastiche de Drive en beaucoup plus drôle et enlevé. Edgar Wright avait déjà signé l'excellent Shaun of the Dead, parodie de films de zombies située dans une cité de la banlieue londonienne. Cela me donne vraiment envie de découvrir les trois autres réalisations qu'il a faites entre temps, soit Hot Fuzz, Scott Pilgrim vs. the World (Scott Pilgrim) et The World's End (Le Dernier Pub avant la fin du monde). Shaun of The Dead, Hot Fuzz (un thriller complètement maboul) et The World's End (hommage à la science-fiction) constituent sa Blood and Ice Cream Trilogy, clin d'œil très private joke, à l'humour typiquement anglais. Quant à l'étonnant Scott Pilgrim, ses références pop sont la BD et les jeux vidéo, pixellisation et onomatopées graphiques à l'appui... On y reviendra. C'est toujours bizarre de découvrir un auteur méconnu de ce côté du Channel !
Toujours dans cet esprit drôle et décalé, Get Out est une réussite. Sous l'étiquette "film d'horreur" à cause de quelques scènes assez gore et un suspense parfois tendu, le film de Jordan Peele est une fantaisie diabolique sur le racisme aux États Unis. Cette comédie noire l'analyse parfaitement, montrant ce qu'il a de différent de celui que nous connaissons par exemple en France. Le DVD propose diverses fins, l'abondance récente de crimes commis à l'égard d'Afro-Américains ne permettant pas d'en rajouter, semble-t-il. Celle retenue rassurera les spectateurs trop émotifs !
Pour terminer cette petite revue sympathique, citons quatre films français intelligents, drôles et sensibles. Patients de Grand Corps Malade et Mehdi Idir ne véhicule pas le pathos attendu de cette autobiographie cinématographique, mais révèle un humour ravageur des plus sains. Willy 1er, réalisé par Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma, Marielle Gautier et Hugo P. Thomas, dont trois étudiants diplômés de la première promotiion de l'École de la Cité, l'école de cinéma lancée par Luc Besson, est une histoire à la fois tendre et humoristique sur un handicapé dont le frère jumeau vient de se suicider. Comme quoi Besson n'accouche pas que de grosses daubes pseudo américaines ! Maman a tort de Marc Fitoussi est une comédie dramatique, critique sociale spirituelle sur le monde du travail qui se rapproche de Violence des échanges en milieu tempéré sur un registre plus léger. Une fille de 14 ans y fait un stage dans l'agence d'assurances de sa mère... Enfin le moyen métrage Haramiste met en scène Inas Chanti et Souad Arsane, deux jeunes beures des cités qui cosignent le scénario et que l'on retrouvera dans le prochain long métrage d'Antoine Desrosières, tout aussi drôle et impertinent. Comme dans Swagger, les clichés explosent, mais ici ce sont les préoccupations sexuelles des jeunes et leurs contradictions qui sont remarquablement réfléchis. Alors avec tout cela, amusez-vous bien sans devenir idiots !