Grosse déception à l'avant-première du nouveau film d'Albert Dupontel pour les 40 ans du Cin'Hoche à Bagnolet. À part le rôle énigmatique de Nahuel Pérez Biscayart caché derrière les masques étonnants de Cécile Kretschmar, tous les autres obéissent à un schéma manichéen que le réalisateur avait su éviter dans ses précédents longs métrages. Les méchants interprétés par Laurent Lafitte et Niels Arestrup sont platement méchants, Dupontel joue un gentil demeuré, la petite fille qui traduit les borborygmes de la Bête incarne une Belle, caution de la tendresse, et les autres personnages ne sont pas plus fouillés, caricatures de leurs emplois. Pire que tout, l'abus de la musique grandiloquente et pléonastique, formatée à l'eau de rose, renvoie Au revoir Là-haut à une mièvrerie façon Amélie Poulain. Contrairement à Enfermés dehors ou 9 mois ferme, cette adaptation du Prix Goncourt 2013 de Pierre Lemaitre est bourrée de bons sentiments qui plairont au plus grand nombre, on le souhaite à Dupontel qui joue gros dans cette onéreuse production, mais il est tombé là dans une démagogie loin de sa marque de fabrique, usant de ressorts larmoyants qu'il avait toujours raillés.


Grisé par des mouvements de caméra virtuoses sans justification et des effets spéciaux épatants, le réalisateur a succombé aux sirènes spectaculaires en n'offrant que de rares instants de l'impertinence qui nous plaisait tant auparavant. La critique de la guerre elle-même s'émousse lorsque l'officier qui interroge l'escroc vers la fin le prend en sympathie, non par solidarité politique, mais pour avoir vengé son fils. En mal de reconnaissance, Dupontel a-t-il voulu convaincre du sérieux de ses films derrière leur fantaisie comique ? Nous avons tant aimé son travail jusqu'ici que l'on peut juste espérer que Au revoir là-haut, titre du roman éponyme, est en fait un adieu à une formidable erreur produite la folie des grandeurs.