Il me semble évident que Théo Girard ressentit le même choc que moi en découvrant Sons of Kemet. Il avait déjà beaucoup écouté Polar Bear et Acoustic Ladyland où œuvrait également le batteur londonien Seb Rochford, assez pour l'engager dans son excitant projet intitulé 30YearsFrom. Trente ans, c'est le temps qu'il aura fallu depuis son arrivée sur Terre jusqu'à ce premier album sous son nom. Et d'ici trente ans allez savoir où le jazz nous emportera ! La danse puissante de la batterie confère donc à son trio un groove incroyable. Évitant les comparaisons avec le génial saxophoniste Shabaka Hutchings, le mélodiste à qui il a confié le rôle soliste est le trompettiste Antoine Berjeaut qui n'a jamais été autant à son avantage. Pour varier l'interprétation des thèmes d'une composition à l'autre, celui-ci doit jouer des mécaniques, articulations vertigineuses, au risque d'hériter d'un pâté de lèvres tant les notes occupent les premières lignes. Quant à Théo Girard, c'est Pincemi et Pincemoi sans que personne ne tombe à l'eau. On reste dans les cordes. Le navire fend les flots avec une précision remarquable. Les embruns nous éclaboussent de leur cinglante fraîcheur. On aura bien fait d'embarquer...


→ Théo Girard Trio, 30YearsFrom, cd Discobole Records, Digipack et édition sérigraphiée limitée à 100 exemplaires, dist. L'autre distribution, à paraître le 8 décembre 2017
→ Concert au Festival Banlieues Bleues, La Dynamo, Pantin, le 1er décembre 2018