Nouveau chapitre de La Question publiée à l'origine dans le n°3 (juillet 2000) du Journal des Allumés du Jazz. Je demandais à Noël Akchoté, Pascal Bussy, Henri Cueco, Violeta Ferrer, Gala Fur, Frédéric Goaty, Thierry Jousse, Olivier Koechlin, Jacques Mahieux, Yazid Manou, François Marthouret, François Méchali, Yves Miara, Xavier Prévost, Sylvain Siclier, Benoit Thiebergien ce qu'évoquait pour eux un allumé du jazz.

Noël Akchoté, musicien
Et bien, pour rendre un peu de féminin à cet énoncé : «Où s’est perdue l’allumette ?» Autre question : Est-ce que ça se consume, l’allumé, que de l’être «du» jazz (par, en, d’en, aussi bien) ? Pour s’avancer un peu, je regarde dans mon Larousse à Allumoir où j’y trouve ceci : «ensemble constitué par un détonateur et un dispositif d’amorçage et destiné à provoquer la déflagration d’une charge explosive». Ça s’entend ou ne s’entend pas, c’est selon. Et puisque c’est à moi que l’on pose la question, ici, j’ai envie de dire que c’est surtout «So Long» (on ne discute plus tellement du «selon», anyway).
Voici pour finir : «- Vous n’avez donc pas été terroriste ? - non - Et vous n’êtes pas devenu dévot ? - non plus.» (In Passion fixe, Philippe Sollers, Gallimard).

Pascal Bussy, responsable Jazz Warner France
Qualificatif forcément pluriel : il peut tout aussi bien définir un banquier RPR collectionneur de vieilles cires des années trente, un musicien remplaçant dans un big band de série B, les programmateurs de FIP à la veille d’un chômage technique savamment organisé, la tribu des bons organisateurs de concerts (subventionnés ou pas), un esthète anarchiste qui passerait sa vie entre la Knitting Factory et les Instants Chavirés, son compère journaliste en train d’écrire la saga de la black music du gospel au hip-hop, ou ces vendeurs de Fnac ou d’ailleurs qui savent vous faire découvrir avec la même passion le dernier Matthew Shipp ou telle réédition de Tommy Flanagan.
Marque de fabrique adaptée à l’industrie du disque, le terme d’"allumé du jazz" est tout aussi abstrait, car nulle confrérie (hum hum !) ne peut prétendre en avoir le monopole. Tel pianiste qui s’escrime à enregistrer un quinzième disque à compte d’auteur, tel chef de produit d’une major qui va s’escrimer à batailler pour vendre le dernier Marc Ribot ou un coffret de Duke Ellington, tel directeur de petit label qui sort en solitaire ses cinq disques-objets par an, tel compilateur qui a pour devise de faire connaître le jazz au grand public : tous sont des "allumés", à égalité devant le grand Dieu de la musique.
Puisqu’il me reste cinq lignes, voici mon "top ten" de mes allumés à moi. Tous ex-aequo : Jac Berrocal poète d’une marginalité sans cesse transcendée, Pierre-Jean Crittin rédacteur en chef de Vibrations, l’une des rares revues qui n’arrête pas de marier le jazz et les autres musiques, Philippe Carles chroniqueur éclairé de la geste libertaire, Monsieur Dupont amateur de musique qui ose prendre des risques en achetant 400 Francs de CDs chaque mois (les disques, c’est tellement cher !), Charlie Watts cogneur des Rolling Stones fasciné par le swing, Jacques, Alain, Vlad, Olivier, Dany (ils se reconnaîtront) grands maîtres des plus beaux rayons jazz de France, enfin Claude Nobs fondateur du Festival de Montreux, ami des stars et grand fan du catalogue Atlantic. Tous des "allumés du jazz", et bien plus que ça en fait : des "allumés de la musique", que dis-je, des "allumés de la vie" !

Henri Cueco, peintre
L’allumé déguste le jazz, comme un alcool, serait-il à brûler, rectifié ou synthétique. L’allumé parle de performances jazziques comme s’il s’agissait de courses cyclistes. Mais l’allumé qui se soigne se détourne des saxophones écholaliques. Il se souvient alors du jazz des origines empreint des souffrances de l’exil et de l’esclavage, chargé des mythes fondateurs d’Afrique. Il sait que sa modernité peut naître de l’archaïsme. L’allumé peut devenir un allumeur.
P.S. J’avais d’abord compris la question : «Qu’évoque pour vous un allumé du gaz ?» comme s’il s’agissait d’une enquête du gaz de France et je n’envisageais pas d’y répondre, ce qui explique ma première réaction lorsque vous m’avez téléphoné la question.

Violeta Ferrer, comédienne
(en écoutant Camaron de la Isla) Celui qui dépasse la compréhension pour devenir amoureux.

Gala Fur, écrivain
Je suis une allumée du jazz parce qu'une vraie épicurienne aime le présent, existentiel et vivant, tout ce qui fait vibrer et donne des émotions. Le jazz m'a donné très tôt tout ça "live", puisque j'ai eu la chance de voir en concert des personnes comme Roland Kirk, et m'a permis de me sentir toujours libre malgré les contraintes extérieures. Je me suis laissée emporter et distraire du réel fade ou pesant par ses émanations entraînantes, j'ai enrichi ma solitude grâce à des morceaux magiques qui s'écoutent mieux seule qu'à plusieurs, Ornette par exemple. Je suis riche aujourd'hui de les savoir là, pour les écouter tout à l'heure, bientôt, ce soir, riche de savoir que je peux les retrouver comme s'il s'agissait d'une famille. La famille jazz."

Frédéric Goaty, rédacteur en chef adjoint de Jazz Magazine
Quelqu’un qui n’éteint pas l’allume hier - je veux dire : quelqu’un qui continue d’aller de l’avant sans perdre la mémoire. Et pas forcément : d’innover (qui a vraiment innové dans l’histoire de la musique?), de chercher (de trouver), de «swinguer» ou de jouer «free», toutes ces choses qu’on voudrait imposer aux musiciens comme des passages obligés - musiciens qui (s’agissant des meilleurs évidemment...) ne sont justement pas sages (les vrais créateurs ne sont jamais «sages») et qui ne se sentent jamais «obligés». Aller de l’avant, donc, tout simplement, ne pas s’arrêter, écouter un peu ceux qui écoutent (qui aiment) avant de trop s’écouter soi-même (tout à fait d’accord, cher Didier P. : «mais où sont les producteurs? », on se le demande, on en redemande, on les implore, où sont-ils?!), bouger, marcher, (sans trop démarcher, si possible, quoique, je m’en doute, difficile d’éviter ça....), vivre, filer, voler plus haut que les autres. Rêver. Pour de vrai. Et puis enfin, les «Allumés du Jazz», on vous connaît, on vous aime beaucoup, mais cet intitulé, quand on y pense.... Remember : «La belle indépendance», labels, indépendance, c’était plus joli, non ?

Thierry Jousse, critique de cinéma, critique musical, réalisateur
Un allumé du jazz c’est un peu comme un cinglé du music-hall ou mieux encore un philatéliste. C’est-à-dire un collectionneur maniaque qui vit retranché dans un monde idéalisé où ne s’échangent que des objets sans valeur aux yeux du reste de la planète. Il y a à la fois une certaine grandeur névrotique et un ridicule tantôt aigre, tantôt sympathique dans cette attitude. Vivre comme un allumé du jazz suppose soit une nostalgie inguérissable, soit un positivisme imbécile quant à cette musique dans son existence contemporaine. C’est une posture fantomatique, funèbre, frelatée. Le jazz ne nourrit plus son allumé, sauf au passé. Il vaut mieux le savoir sous peine de vivre figé, fatigué, falsifié. Ou mourir de ne pas mourir… Comme le jazz lui-même…

Olivier Koechlin, musicien
Un allumé du jazz devrait choisir ses feuilles, mélanger avec soin les variétés, rouler lentement, coller avec précision, tasser légèrement, puis se glisser dans sa peau, et enfin faire passer...

Jacques Mahieux, musicien
À question floue, réponse nette :
Un allumé du jazz, c’est pour moi un vétérinaire de campagne qui fonde une association dévolue à la propagation de cette musique dans un bled perdu de la Thiérache profonde (900 habitants, 3000 vaches), qui fait venir 150 personnes au premier concert en payant le cachet des musiciens sur ses fonds propres (les débuts d’une association, c’est un peu comme la recherche d’un premier emploi, on vous demande d’avoir fait vos preuves d’abord...) , qui se farcit des himalayas de dossiers divers z’et variés destinés tant à l’éventuelle obtention d’hypothétiques subsides qu’à la mise en conformité vis-à-vis des douze mille organismes qui confondent parfois protection sociale et dissuasion d’initiative, qui, entre deux mammites et trois vêlages, prend rendez-vous avec tout ce que la région Nord-Pas-de Calais peut compter d’alliés potentiels, qui crée de ses rustiques mimines un site internet* consacré à la dite association, qui n’en revient toujours pas de pouvoir entendre «live» et côtoyer quelques uns des musiciens qui ensoleillent ses longues soirées d’hiver non perturbées par des appels d’herbagers en détresse, et dont le plaisir irradiant qu’il prend à chaque concert suffirait à me rassurer quant à la validité de mon choix de carrière...
Cet allumé-là existe, je l’ai rencontré, il s’appelle Pierre Normand et réside à Prisches (59550). entre autres mérites, il a eu ceux de m’avoir rendu plus indulgent vis-à-vis des organisateurs para-institutionnels, et de m’avoir rassuré quant au pouvoir d’ignition de cette musique, lorsqu’elle ne vend pas son âme aux éteignoirs multinationaux...
*http..//www.multimania.com/Bleuetvert

Yazid Manou, attaché de presse, enfant vaudou
À ne pas confondre avec illuminé (quoique l'expression pouvant aisément s'appliquer à certains...) ; être allumé selon mon Larousse (édition d'avril 1994) c'est être congestionné par la colère ! J'avoue que j'étais très loin de penser à toute idée de colère dans cette expression mais dans un sens général, je me rapporterais plutôt au terme originel : le feu, donc à la passion dévastatrice. Prenez au hasard le cas célèbre d'un défunt guitariste gaucher et noir, quasi inconnu au moment des faits, qui démontra devant 30000 freaks jusqu'où un parfait allumé de la guitare pouvait aller. On déconseille d'ailleurs aux enfants de faire la même chose à la maison (ou ailleurs). Bref, je digresse, excusez-moi ! Donc le feu disais-je, oui. En latin, allumer se disait illuminare (d'où illuminé... Tiens, tiens) et être allumé, ardere (d'où ardent, vous voyez, tout concorde). De là à traiter les pompiers d'allumés, il est un pas que je n'oserais franchir. Quelle était la question ? Ah oui, l'allumé du jazz est donc un dangereux personnage qu'il faut éloigner des zones inflammables (New Morning, Sunset, Blue Note, Ronnie Scott et consorts sans parler des pochettes en carton etc). C'est tout simplement un fou pour qui la camisole correspond au sax d'un Parker, au piano d'un Monk (autre allumé), aux visions d'un Sun Ra (encore un)... Bref, les exemples choisis n'ont pas été pris au hasard, bien au contraire.

François Marthouret, comédien
Cela donne envie d’improviser bien sûr déjà sur ce mot «allumé», ce qu’il a de rayonnant et inventant sa lumière justement du jazz. Est-ce le jazz qui enflamme l’allumé ou l’allumé qui met le feu au jazz ? Comme dans toute histoire d’amour et dans cet «intercourse», il y a sans doute libre échange.
En acceptant les fous, les singes savants, les drogués du jazz, en intégrant toutes sortes de touristes, tendres, snobs ou à boutons, j’imagine la vie, l’enfance, la générosité, la révolte, le risque, la folie, la jubilation, l’obsession artisanale, le vertige de soi etc. etc. qui habitent l’allumé du jazz, un peu comme l’histoire du papillon qui veut connaître le secret de la flamme, de sa vérité, en se jetant dedans, plus la grâce...

François Méchali, musicien
À cette question , deux types de réponses s’imposent. En tout premier lieu (et avant de vous définir professionnellement) un allumé du jazz est un amateur de jazz. Mélomane averti, il doit connaître cette musique, l’aimer, l’apprécier et bien en connaître ses composantes historiques. Même si cette musique a évolué, elle est empreinte de ses racines même si elle a puisé, grâce à son développement, dans d’autres cultures et s’est donc ouverte à d’autres formes. En second lieu vous êtes, à mon sens, des militants. Il est impossible, quelque soit notre rôle d’acteur, de ne pas avoir un sens politique dans notre démarche. Cela n’implique pas obligatoirement une marginalité (et je ne la souhaite pas) même si dans certains cas cela se confirme dans la réalité. En tant que musicien mon investissement professionnel correspond à des choix esthétiques. C’est à mon sens, un acte politique. Vous avez, vous aussi, en tant que labels indépendants, forcément la même démarche. Votre association représente un panel de la production qui se fait dans l’hexagone. Elle est heureusement très large et permet de représenter un certain nombres de courants différents. Vous êtes regroupés et votre action est bénéfique. Cependant pourquoi ne pas regrouper vos forces dans un problème majeur : la distribution. Puisque dans votre vie interne de label vous contrôlez toutes les étapes, la dernière (et pas la moindre!) vous échappe! Vous défendez bien cette musique et l’on sait que bien diffusée elle reçoit un accueil chaleureux. Ces musiques ont besoin d’une attention toute particulière et le dernier maillon de la chaîne doit aussi être contrôlé. Pourquoi s’investir autant pour en perdre le bénéfice au bout ?

Yves Miara, musicien
Prônant depuis toujours le simple et élémentaire classement alphabétique pour ranger les diverses œuvres discographiques disponibles sur le Marché (et en dehors de ce dernier, quoique beaucoup moins disponibles), je n'ai jamais vraiment pu me résoudre à prendre en compte les différentes étiquettes et genres musicaux. Peut-être que ces derniers ne répondent simplement qu'à une volonté marchande de cibler des publics (allumé du jazz, fou de tekno, fan de Céline Dion ou encore mordu de death-metal...). Cette mode actuelle de "métissage" de genres participe peut-être même de cette volonté de fusionner les publics et d'accroître ainsi le Marché. Sans doute est-ce aussi plus simple de limiter ses champs d'exploration à des genres bien définis, clos et sans surprises... Ou alors je me méprend: Certains pensent que le jazz est plus qu'un genre musical limité par des codes incontournables; que le jazz, par son recours fréquent à l'improvisation et son caractère revendicatif, représente plus un état d'esprit qu'un véritable genre. Mais n'est-ce pas le cas de beaucoup d'autres musiques où des individus passionnés et ludiques innovent, expriment et suscitent de nouvelles choses, de nouvelles sensations, de nouvelles façons d'appréhender et de réagir au monde qui nous entoure...Et pourquoi toujours cette nécessité de générer des familles, des écoles, voire des églises ? Ce qu'évoque pour moi allumé du jazz, fou de tekno, fan de Céline Dion ou mordu de death-metal...
Enfin, J'ouvre ici une parenthèse syntaxique, probablement inintéressante et anecdotique, mais qui toutefois me plonge avec délectation dans cette perplexité sans cesse renouvelée qui me saisit face au monde moderne. Deux majuscules (le A de "Allumé" et le J de "jazz") s'étaient glissées dans la première formulation de la question et un rectificatif est parvenu plus tard en remettant deux minuscules (le a de "allumé" et le j de "jazz"). Majuscule et minuscule sont des codes linguistiques formels (mais non dénués de sens puisque nécessitant un rectificatif). Et alors je m'interroge: n'y aurait-il pas d' "allumées du jazz". Et dans ce cas pourquoi ne pas ajouter le "e" manquant qui ouvrirait le jazz (et la musique) à la gent féminine bien minoritaire jusqu'à présent ?

Xavier Prévost, journaliste
Un allumé du jazz évoque pour moi une figure familière, mi-concrète, mi-rêvée : celui qui cultive une idée de constance dans le provisoire ; celui qui éprouve un désir têtu pour l’éphémère; celui qui guette l’émoi furtif, en se défiant de l’émotion définitive, pétrifiée ou embaumée. Bref un être vivant, en équilibre instable sur le fil du devenir, et qui préfère l’effervescence de la tension au douillet confort de la résolution.

Sylvain Siclier, journaliste au Monde, critique à Jazzman et l’Affiche
Dans son sens familier et communément admis le terme d' "allumé" est synonyme de fou, d'illuminé. Un allumé du jazz serait donc un fou de jazz, un passionné donc. Mais pourquoi se limiter au jazz ? Il me semble que pour les quadragénaires de ma génération (grosso modo qui ont découvert la musique dans les années 70), il était naturel de s'intéresser a de nombreux genres musicaux. Les artistes nous y encourageaient en établissant des ponts qui me semblaient assez naturels. En découvrant la musique par le biais essentiellement anglo-américain (déjà !) des Rolling Stones, de Frank Zappa, de Gong ou de Soft Machine on allait écouter sans a priori Muddy Waters, Eric Dolphy ou Charles Ives, la musique indienne ou John Coltrane.
Quitte à ne pas toujours s'y retrouver. De temps à autres un musicien français semblait rendre possible ces croisements (Léo Ferré, Serge Gainsbourg). Ce qui permettait de rester allumé à toutes les propositions tenait en grande partie au fait que chaque disque, chaque concert, chaque livre faisait figure d'événement. L'offre ne semblait pas aussi importante quantitativement et ma jeunesse me laissait penser qu'elle était systématiquement de haute qualité.
Aujourd'hui cette offre est réputée pléthorique. Pour qu'un post adolescent devienne un allumé de la musique il lui faut un soutien financier important, surtout d'autres propositions lui sont faites (jeux vidéos, vêtements, téléphone portable, Internet ?). La société de consommation oblige donc, probablement plus qu'avant, à choisir, d'autant que tout est théoriquement accessible en temps presque réel. Les mélanges surprennent probablement moins, ils sont entrés dans toutes les musiques (de divertissement, de réflexion). Dans tout cela où est mon propre enthousiasme ? Je ne sais pas. Variable, plus dispersé, plus sollicité aussi. Il faut y prendre garde. On devient vite un nostalgique blasé.
Accessoirement un allumé du jazz est aussi l'un des membres de l'association du même nom. Là aussi il y a un afflux de propositions. C'est autant sa force que sa faiblesse.

Benoit Thiebergien, directeur de festival
Apparu dans les années 70, l'allumé du jazz est un personnage atypique de la scène musicale, un peu illuminé, disons-le, qui irradie de son énergie brute les méandres subtils de l'improvisation. Provocateur par vocation, il met le feu aux poudres qui fardent les conventions du musicalement correct: l'antiphrase dans le phrasé, la démesure dans la mesure, le frisson dans le son... À tel point qu'il arrive parfois à l'allumé de fondre les plombs dans un court-circuit neuronal et de se consumer dans un processus de désintégration musicale. C'est le risque ! À force de se brûler les ailes aux portes de l'institution, il lui arrive de devenir acariâtre, chauffant les esprits par une intransigeance parfois déplacée, symptôme fréquent d'une générosité refoulée. On a cru l'allumé en voie d'extinction. Pourtant, on en distingue de nouveau, quelques spécimens dans la fumée de clubs et festivals pour initiés et amateurs éclairés... Pas de fumée sans feu, pas de renouvellement musical sans lui. Pas de retour aux sources de l'énergie pure sans étincelles de folie. À condition que le jazz accepte encore de se faire allumer... T'as pas du feu ?