Si l'on emploie souvent le terme minimaliste pour ce qu'il était d'usage d'appeler musique répétitive, You've never listened to the wind du AUM Grand Ensemble dirigé par Julien Pontvianne mérite plus que tout autre le terme, même si l'éventail des timbres pianissimo est d'une richesse inattendue. Le saxophoniste-clarinettiste revendique l'influence de Messiaen, Feldman, Ligeti, Grisey ou LaMonte Young, mais je ne peux m'empêcher de penser à l'impact de 4'33 de Cage.
Comme le suggère le titre, après cela, vous n'entendrez plus jamais le vent comme avant. Je me demande même si ce disque n'a pas des vertus thérapeutiques. Le rythme du cœur se ralentit, des pensées douces vous envahissent lentement, chaque son produit par l'un des quatorze interprètes se savoure comme un joyau unique et l'ensemble fait corps, un orchestre où l'apport de chacun, chacune, est un tout, comme une fractale de l'œuvre complète.
Bâti au tour du texte de Fernando Pessoa Gardeur du troupeau, Julien Pontvianne a composé un nouvel hymne à la nature après Silere et Abhra où flottait déjà l'ombre de Thoreau. Les vents gonflent la voile, le gamelan renforce la pulsation des claviers, les contrebasses soutiennent les fondations, les sons électroniques font frissonner les feuilles. Tous les musiciens semblent vibrer en sympathie. C'est tout simplement magnifique.

→ AUM Grand Ensemble, You've never listened to the wind, CD Onze Heures Onze, dist. Absilone, 13€, sortie physique et numérique le 23 février 2018